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Coup de coeur !
Ça faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas convaincue avec une telle unanimité.

En mêlant la petite histoire à la grande, méconnue, de la destinée des Chagos et de ses habitants, les ilois, Caroline Laurent nous embarque dans une histoire terrible, magnifique et émouvante.

Terrible par ce qui s'est joué entre Maurice et le Royaume-Uni lors de l'indépendance de la première et des conséquences bien réelles pour les Chagos, injustes et inhumaines.

Magnifique grâce à sa plume, ses descriptions des personnages et des paysages, des petits riens et des grands moments de la vie.

Émouvante à travers l'histoire d'amour entre Marie la Chagosienne libre allant pieds nus et Gabriel le créole de bonne famille, l'amour de Joséphin pour ses parents qui le pousse à embrasser la cause et à la porter à bout de bras et l'amour qui transparaît dans la postface de Caroline Laurent pour qui raconter était une évidence et une exigence une fois qu'elle a su.

Merci pour ce grand et beau roman basé sur des faits historiques totalement méconnus.
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Dès la première page, j'ai été transportée sur les ilots paradisiaques de l'Archipel des Chagos. Fermez les yeux et imaginez une plage immaculée bordée de cocotiers, un beau lagon aux eaux turquoise et transparentes.
Là, résident, quelques familles, descendant des esclaves déportés de Madagascar, vivant paisiblement et dignement, en accord avec la nature, de la pêche et de la culture du coprah issu de la noix de coco.
*
Préservé de la civilisation moderne, ce bel endroit aux allures de carte postale va être le théâtre d'un drame.
Nous sommes en 1967, la vie des Chagossiens est rythmée par la vie à la plantation et l'arrivée de bateaux de ravitaillement apportant des denrées de première nécessité et parfois quelques visiteurs. Ils ne s'inquiètent pas des envies d'autonomie de Maurice, et ne se préoccupent pas non plus des manoeuvres politiques, de la corruption et sont loin de se douter que leur destin est en train de jouer et virer au cauchemar.
*
Le 7 août 1967, l'île Maurice devient indépendante par referendum, après 157 ans de colonialisme britannique. Mais l'indépendance est conditionnée au détachement de l'archipel des Chagos. Ces petites îles restent donc propriété du Royaume-Unis qui vont louer le territoire des Chagos, vierge de tout habitant, pour une période de cinquante ans renouvelable aux Etats-Unis qui veulent y implanter une base militaire !
*
En 1971, par une magnifique journée, les Chagossiens, sans aucune explication, sous la menace armée de soldats anglais, vont être sauvagement arrachés à leurs terres, leur maison, leur identité, leur culture, leurs chers disparus.

Caroline Laurent retrace cet épisode méconnu de la décolonisation à travers l'histoire tragique et émouvante d'une famille chagossienne dominée par la personnalité de Marie, une jeune femme rebelle et attachante. Chaque tête de chapitre s'ouvre sur une date et des moments heureux ou plus sombres de sa vie. C'est un roman féministe qui laisse la place à des destins de femmes fortes.
*
Comme Marie, j'ai ressenti tout au long du roman la peur, l'incompréhension, l'injustice, la colère. Comment ne pas être révoltée lorsque les îlois, hommes, femmes, enfants, seront jetés dans les cales d'un navire, comme au XIXème siècle lorsque les esclaves noirs étaient envoyés en Amérique dans des bateaux négriers, et qu'ils seront abandonnés à Port-Louis sans aucun soutien ?
*
« Rivage de la colère » est un cri de douleur et de rage face au déracinement d'un peuple.
Je ne connaissais pas l'histoire des Chagossiens et c'est donc révoltée que j'ai suivi leur combat pour retrouver leurs îles. de nombreuses années de procédures judiciaires et d'actions pour que leurs revendications soient reconnues comme légitimes.
*
Nourrie par sa propre histoire, l'autrice signe un beau roman bien documenté qui parle d'amour, de souffrance, de doute, d'espoir, d'exil, de perte identitaire, de courage, de lutte, de droit, de justice. Une histoire poignante à découvrir.
*

"Tout n'est pas à vendre. On n'achète passa la dignité. On n'achète pas un pays. On n'achète pas l'âme ou la foi. Certains choses sont sacrées et doivent le rester."
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British Indian Ocean Territory (BIOT) : les philatélistes connaissent bien cette appellation qui leur évoque une lointaine contrée, à peine peuplée, comme nos célèbres TAAF, Terres australes et antarctiques françaises, également très prodigues pour les collectionneurs de timbres. En réalité, derrière cet acronyme de BIOT se cache ce que certains n'hésitent pas à qualifier de "Crime contre l'Humanité". Lors de l'Indépendance de Maurice, le gouvernement britannique a en effet acheté l'archipel des Chagos au nouvel État, louant ensuite son île la plus importante, Diego Garcia, aux américains qui y construisirent une base militaire, toujours opérationnelle. Les habitants furent expulsés vers Maurice, sans autre forme de procès, avec interdiction de jamais revenir sur leur terre natale. Cette histoire méconnue et tragique, Caroline Laurent nous la raconte à travers une histoire d'amour flamboyante, d'une intensité assez peu commune dans la littérature contemporaine, si ce n'est dans le formidable Equador de Miguel Sousa Tavares, autre récit "colonial". La force du roman réside dans son intrigue en 3 dimensions : sentimentale, sociale et politique, superbement imbriquées. le livre est peut-être parfois excessivement démonstratif, mais le sujet le mérite, et il reste continuellement palpitant, nourri de nombreuses péripéties, avec des personnages campés dans un style visuel très efficace. le portrait de Marie-Pierre Ladouceur, amante enflammée, mère courage et passionaria inébranlable est de ceux qui marquent et restent longtemps dans la mémoire.
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Quoi de mieux qu'écrire un roman pour évoquer un drame méconnu, un drame humain mais également environnemental, mais pour cela il faut le faire en mêlant habilement romanesque et faits et ce que fait parfaitement Caroline Laurent avec ses personnages et les événements. Marie Ladouceur, Gabriel, leur histoire d'amour contrarié par les événements mais aussi les histoires de ces familles déracinées de leur terre natale. On oublie trop souvent ce qui se cache derrière la colonisation, avec le pouvoir de possession d'une partie du monde, ce que l'on pourrait appeler les puissants, sur des minorités, sans autre pouvoir que celui d'être sur le terre, de l'aimer, d'y avoir ses racines, celles du coeur mais également celles dans lesquelles ils puiseront la force de leur colère.

Plusieurs époques pour retracer les faits, plusieurs narrations. 1967 : Diego Garcia aux Chagos, une île rattachée à l'île Maurice dans l'Océan indien. Là vit Marie avec sa soeur Josette, sa tante Angela et sa fille Suzanne. Ils vivent pauvrement mais vivent heureux mais leur île est convoitée pour y établir, grâce à l'empire britannique, une base militaire américaine,  mais cela ils ne le savent pas et on estime que cela ne les concerne pas.  Alors que le chemin de Marie croise celui de Gabriel, mauricien, qui vient d'arriver à Diego Garcia pour occuper le poste de secrétaire de l'administrateur de l'île, en coulisse les tractations ont lieu et les expulsions vont débuter. Mensonges, promesses, rien ne leur épargné allant jusqu'à la force pour ceux qui résistent.

Conjointement à ce récit, Séraphin, le fils de Marie, dans les années 2000, prend la parole pour évoquer son long chemin pour dénoncer les abus de l'époque mais aussi pour revenir sur son propre combat plus de 40 ans plus tard auprès de la Cour internationale de justice et l'ONU, la restitution des terres à ses habitants mais aussi pour rendre hommage et justice à tout à un peuple dépossédé en menant un combat qu'il perpétue comme un héritage.

Ce roman a été inspiré à Caroline Laurent par sa mère, ayant vécu sur l'île Maurice et lui racontant des histoires dans lesquelles le nom de Chagos était prononcé. Qui connaît cet endroit, cette petite île et le drame que ses habitants a connu il n'y a pas si longtemps. Les faits remontent à 1967, donc pas si loin, mais qui a entendu parler des faits. La "diplomatie" et les intérêts des différents pays concernés : Maurice, Angleterre et Etats-Unis ont tu ou trouvé les arguments pour défendre leurs positions. Et puis qui cela peut-il intéresser la dépossession d'un petit bout de terre à l'autre bout du monde alors qu'elle est à elle seule le reflet de notre monde, où la puissance prévaut sur l'humain.

Avec ses personnages et en particulier avec celui de Marie Ladouceur, emblème de l'attachement à sa terre mais aussi à la colère qui surgit devant l'injustice et le mensonge, Caroline Laurent réussit à captiver le lecteur avec la prouesse de rendre l'ensemble clair et émouvant par les implications qui ont résulté de l'arrachement et des promesses non tenues. Elle réussit à mêler les destins de chacun aux événements pour soulever tous les méandres des faits et les dénoncer, mais avec une fluidité et une accessibilité rarement aussi bien atteintes.

Ce roman bâti essentiellement autour de tous les mensonges qu'ils soient politiques mais aussi familiaux est à la fois un cri de colère et une révolte contre les silences autour d'un drame dont les principales victimes ont fait de leur vie un combat pour retrouver pour eux ou pour leurs descendants la terre qui leur avait été volée.

"Je réclame au nom des miens, vivants, morts, exilés, déracinés, amputés, vieillards, enfants, la fin du colonialisme britannique en Afrique.
Et ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche... (p128)"

C'est un roman fort : fort en émotions, fort en colère et porté par une écriture qui dose contexte général des événements mais également l'histoire d'une famille, ballotée et abusée, d'un couple qui devra trouver son propre territoire pour se construire après maintes fausses routes. L'auteure choisit de faire de son personnage principal, Marie Ladouceur, l'emblème d'une lutte, une femme forte, attachée à ses racines, à sa famille, volontaire, fière et déterminée.

Ecrire pour raconter mais aussi écrire pour dénoncer, c'est à cela également que sert la littérature et ce roman de Caroline Laurent, dont j'avais lu Et soudain la liberté, qu'elle avait écrit conjointement avec Evelyne Pisier, en est une illustration parfaite car qui a eu connaissance des abus du colonialisme sans omettre le silence du monde et de l'intérêt financier de certains sur cette île devenue un enjeu soi-disant stratégique dans la lutte future contre le terrorisme, argument massue par les temps qui courent. Mais ne nous voilons pas la face, il est surtout question d'argent, de pouvoir, de petits arrangements entre pays faisant fî des vies humaines, devenant monnaie sans importance et n'argumentons pas en pensant qu'il s'agit de temps anciens mais de faits de moins d'un siècle.

Cela se lit comme un roman mais également comme une page d'histoire et qui vous laisse, une fois fini (et je l'ai lu d'une traite), de l'émotion en imaginant les longs combats menés et le destin de ses habitants floués, dans un silence assourdissant du monde, mais aussi de la colère contre les pouvoirs des puissants, les stratégies utilisées et le silence entretenu.

J'ai beaucoup aimé.
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J'ai moi-même offert ce livre à une très chère amie, qui me l'a prêté après l'avoir lu, cela met quand même un petit peu de pression ! Il s'agit d'un roman historique et d'un roman d'amour, qui raconte la très grande injustice méconnue vécue par les habitants de l'archipel des îles Chagos, pas très loin de l'ile Maurice dans l'océan indien. Dans les années 1960, alors qu'un vote populaire donna à l'île Maurice son indépendance de l'Angleterre, cette dernière complota avec les nouvelles autorités mauriciennes pour exclure l'archipel des Chagos du vote d'indépendance. L'Angleterre transigea avec les États-Unis pour installer à Chagos une base militaire. Sauf que... ces îles idylliques étaient habitées... Dont notamment par Marie-Pierre Ladouceur, l'héroïne de notre roman, qui se verra avec les siens, brutalement expulsée de la terre qu'elle a habitée depuis sa naissance et exilée à l'île Maurice dans un immonde bidonville, sans aucun soutien ni compensation. Elle et son fils n'auront de cesse de lutter pour retourner dans leur île et d'être dédommagés pour cette brutale expropriation. le roman raconte aussi, et c'est un baume, l'amour que connut Marie-Pierre avec Gabriel, un jeune fonctionnaire Mauricien qui sera malgré lui, un rouage de cette déportation indigne. Un très beau roman que je vous recommande, malgré un sujet douloureux !
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Les îles Chagos: quand l'histoire rencontre L Histoire!

J'ai été attiré tout d'abord par la couverture. En effet, je trouvais que cette jeune femme ressemblait à Frida Kahlo. Puis j'ai pris connaissance du pitch et celui-ci m'a fort intéressé. Je me suis donc lancée dans ce roman historique avec l'appétit de la découverte. Et je n'ai pas été déçue ! Quelle découverte !

Jusqu'à présent j'ignorais totalement l'existence de l'archipel des Chagos au large de l'ile Maurice dans l'océan indien. J'ai pris connaissance avec intérêt et consternation du destin qui a été réservé à ses habitants. de ce traitement indigne dont ils ont fait l'objet. Cette injustice m'a ulcérée et m'a révoltée. Comment peut-on gommer et rayer de la carte tout un peuple et le priver de son droit de sol au nom d'une stratégie politique et militaire !

Par le biais de la « petite » histoire on aborde la « grande ». Ce roman historique, sous couvert de fiction, à travers l'épopée de Marie-Pierre LADOUCEUR, nous fait découvrir la destinée des habitants des iles Chagos. Les « Îlois ». Ceux-ci vivaient dans leur petit paradis, certes chichement, mais heureux. Quand déboule l'indépendance de Maurice, c'est la vie des Chagossiens qui est mis dans la balance. Ils devront quitter leur ile à jamais. Pas de choix, Big Brother a dit.

Les britanniques (alors colonisateur de l'île Maurice) a tout bonnement « acheté » l'archipel et disposé de la vie des autochtones. Sous couvert de classer le site, « site RAMSAR » (réserve naturelle ! quelle ironie !) alors que celui-ci sera « prêté » aux américains à des fins militaires…

A travers le destin de Marie, nous suivrons son bonheur d'abord, de rencontrer ce Mauricien à la classe folle. Un enfant naîtra : Joséphin. La vie coulera, heureuse, jusqu'à ce qu'ils soient chassés et dépossédés de leur terre, de leur identité, de leur droit de sol. Ils seront « débarqués » à Maurice, sans structure d'accueil, ne leur laissant que le choix de rejoindre un bidonville. Sans papier et la plupart sans travail, ceux-ci sombrent dans la misère. L'argent n'existait pas aux Chagos. le troc oui. Mais avec la ténacité de Gabriel, le mari de Marie, les Chagossiens se révolteront, Marie sera leur porte-étendard, ils déposeront plainte contre la Couronne Royale. Ils n'abandonneront jamais, c'est leur fierté et leur vie brandie en symbole. C'est un combat symbolique, il n'en est que plus important.

Il est question de la trahison de l'île Maurice, de celle de Rangoolam, celui par qui l'indépendance est arrivée. Quel que soit la couleur politique en lice à Maurice, aucune d'entre elle ne remettra en cause la question de la vente des Chagos. Mais Josephin a repris le relais du combat de sa mère, de tous les chagossiens et le porte à l'ONU.

J'ai été scandalisée par ces exactions. Écoeurée mais finalement pas trop étonnée. Des vies, s'achètent, des territoires se prêtent… tout est « normal ». le reste ? des dommages collatéraux ; a aucun moment il n'est tenu compte du fait qu'il s'agit d'êtres humains… C'est « pot de terre contre pot de fer » ; L'Humanité contre la raison d'état. A ce jour et malgré la résolution de l'ONU, l'Angleterre n'a non seulement pas restitué les Iles à Maurice, mais a renouvelé le prêt de ces iles aux USA pour 20 ans…

Alors, la plume est belle, puissante, parlante ; elle nous fait ressentir le mesclun de sentiments des uns et des autres. On ne s'attache pas à un personnage, mais à tous les protagonistes ; chacun ayant un bout d'histoire, une parcelle de vécu apportant chacun une pierre à l'édifice de l'Histoire. La plus flamboyante est certes Maria ; j'ai vibrée, pleurée, ri et été humiliée avec elle. J'ai bouillonné de rage avec elle. C'est moi qui suis montée sur le bateau de l'exil, c'est moi qui aie atterri dans les bas-fonds de la capitale mauricienne. Plus je tournai les pages (à la vitesse grand V) plus j'étais dégoutée de l'attitude des uns et des autres, des gouvernants, des états, des puissants et des raisons d'état.

Ce livre est une très belle réussite, non seulement au point de vue de l'écriture au vocabulaire recherché et très cinématographique, mais aussi pour le fait d'avoir porter ce bout d'Histoire à la connaissance du plus grand nombre. Merci Mme Laurent !

Merci aux Éditions Les Escales, à l'auteur et à Netgalley pour leur confiance!
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7 août 1967. le peuple avait posé son doigt sur la carte du monde - et ce monde avait cessé de tourner un instant.

Caroline Laurent braque les projecteurs sur un événement marquant et peu connu de l'Histoire coloniale : les dommages collatéraux dramatiques qui ont suivi la déclaration d'Indépendance de l'île Maurice. La sortie de l'emprise du pouvoir britannique a été outrageusement négociée et a entraîné la réquisition manu militari de l'archipel des Chagos, son évacuation immédiate de toutes vies humaines et animales. Les habitants ont été vendus, contraints de quitter leur île et jetés ensuite dans la misère d'un bidonville. « Quand on a été forcés de partir, on a perdu tout ça. On a perdu nos biens matériels et immatériels ; on a perdu nos emplois, notre tranquillité d'esprit, notre bonheur, notre dignité et on a perdu notre culture et notre identité. » Les paysages de Paradis laisseront la place à un paysage de désolation, bétonné et froid, où les chiens de militaires ont le droit à une véritable sépulture alors que les tombes des Chagossiens sont, elles, laissées à l'abandon.

À l'instar de son récit co-écrit avec Évelyne Pisier, l'autrice mêle la petite histoire dans la Grande Histoire, d'une plume sensible qui égratigne les coeurs, bouleverse les âmes et laisse une empreinte indélébile.
Des personnages attachants, et une Marie aux grands pieds que je ne suis pas prête d'oublier.

Roman des combats.
Roman des doutes.
Roman de la souffrance.
Roman du courage.
Roman de l'amour.
Roman de l'espoir.
Roman profondément humain.

Queen Elisabeth a du sang sur les mains, comme beaucoup trop d'autres décisionnaires pilleurs de richesses, dirigeants de nations aux passés coloniaux meurtrier et tortionnaire et qui ont bâti les nations sur le sang. [...] le XXème siècle avait choisi son camp et ce serait celui du mensonge, de l'effroi et de la haine.

À lire pour le devoir de mémoire. Une mémoire pleine de ces déchirants événements, dont on ne semble tirer, à l'échelle mondiale, aucune de leçon bénéficiant à l'humanité.
Gardons espoir pour faire que la lumière revienne.
Je dirai aux juges d'où je viens.
Je leur parlerai d'un pays qui laissait vivre ses enfants, qui ne les affamait pas, qui respectait leur mémoire. Mon pays volé.
Je leur ferai entendre la fêlure dans la voix de ma mère.
Je leur dirai pourquoi ma vie n'est pas de vivre, mais seulement de me battre. Pas une vie gâchée, non. Une vie donnée. Dédiée.
Je lutte depuis le premier jour. C'est inscrit en moi.
Un petit bémol dans cette lecture, une petite gêne apparue dans le troisième tiers du roman, qui m'a donné l'impression par moment de lire une romance qui piétine, à la "je t'aime, moi non plus" mais je vous rassure tout de suite, cela n'enlève rien à la grandeur et à la qualité de ce récit.

Merci aux éditions Les Escales que j'ai découvertes avec un roman de Dominique Fortier, et grâce à qui je passe de très bons moments de lectures.
Merci à Caroline Laurent pour cet émouvant témoignage, cet éclairage sur un pan de l'Histoire du colonialisme méconnu, et le clin d'oeil à son précédent roman.
Enfin, merci à Babelio, vous êtes au top !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Avant de lire ce roman, je ne connaissais pas l'existence des îles de Chagos. Archipel. Cet archipel était administré par les Britanniques et revendiqué par les Mauriciens. Lorsque l'île Maurice obtient son indépendance en 1967, l'archipel est laissé (vendu) aux Britanniques qui ont feront une base militaire exploitée par les Américains. le contexte historique est posé...l'auteur à travers ce roman a voulu faire connaître au grand public le sort qui a été celui de milliers de Chagossiens.
Marie, chagossienne de source a toujours vécue sur l'île de Diego Garcia. Agée d'une vingtaine d'années au début de l'histoire, elle est déjà mère d'une petite fille, Suzanne, là-bas les hommes n'ont pas une fibre paternelle développée, elle élève seule sa fille. Elle tombe amoureuse de Gabriel, jeune administrateur mauricien qui vient d'obtenir son premier poste. Sous la direction de Mollinart, directeur de l'exploitation e coprah, principale richesse de l'île. Gabriel et Marie ont ensemble un petit Joséphin. Dans cette île luxuriante et splendide cela pourrait être le bonheur parfait... Mais l'Histoire et la politique viennent s'en mêler. Lorsque Gabriel apprend que l'île va être évacué suite à l'indépendance de l'île Maurice, il ne peut rien dire, lié par son contrat. Marie et ses enfants, sa famille, les habitants de Diégo Garcia, tous sont évacués sans savoir au départ qu'ils ne reverront jamais leur île. Débarqués sans le sou sur l'île Maurice, Marie et ses enfants se retrouvent dans la plus grande pauvreté, dans un bidonville où ils tentent de survivre. Gabriel de son côté, tente de les retrouver...
Roman de l'exil, de la déchirure, de l'exploitation de par l'homme, notamment les puissances colonisatrice, Rivage de la colère retrace le parcours d'une mère courage qui a transmis à son fils son amour de cet archipel ainsi que la force de se battre pour que cet exil forcé, cette condamnation forcée à la misère de tous les chagossiens soit connu et reconnu. J'ai été bouleversé par ce roman magnifique qui est un juste hommage aux victimes de ce drame historique!
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J'ai été envoutée par ce roman.
Marie vit à Diego Garcia, archipel de l'Ile Maurice.
Elle est jeune, libre, heureuse, a une petite fille de 4 ans et sa communauté est unie et solidaire.
L'amour arrive sous le trait de Gabriel, un beau mauricien.
Et là, ils vont être entrainés dans un drame historique peu connu, qui les dépasse et que je ne dévoilerais pas.
Il y a de l'amour, de la pauvreté, des trahisons, de la solidarité, des malheurs, beaucoup de malheur mais aussi de la fraternité, des combats à mener.
Le style et le rythme sont à la hauteur de ce récit tellement poignant.
Les personnages sont plus qu'attachants ; on vit avec eux.
Ce roman, malgré sa dureté, est merveilleux presque solaire.
Un énorme coup de coeur.
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Un livre bouleversant et magnifiquement écrit qui nous conte un fait historique négligé par L' Histoire alors qu'il fut (et est encore) tragique pour les habitants de l'archipel des Chagos.

Novembre 1965, trois ans avant l'indépendance de la colonie britannique de Maurice, l'archipel des Chagos en est détaché pour constituer le Territoire britannique de l'océan Indien, un territoire britannique d'outre-mer. Le gouvernement américain ayant exigé au cours des négociations un contrôle exclusif , le gouvernement britannique entreprend d'expulser peu à peu les Chagossiens, habitants autochtones de l'archipel : interdiction de retour après un voyage, restriction de l'approvisionnement en nourriture et en médicaments, empoisonnement et gazage de tous les chiens. En 1973, les derniers habitants sont déportés par cargo vers les Seychelles et l'île Maurice avec interdiction de revenir sur leur île.

Après des décennies de lutte et de recours en justice des Chagossiens à l'encontre du gouvernement britannique, l'assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution en mai 2019, commandant à la Grande-Bretagne de restituer l'archipel des Chagos à la République mauricienne dans les six mois, ce qui permettrait aux Chagossiens de retrouver leurs terres.

Mais bien qu'un délai de six mois soit donné à Londres pour procéder à cette rétrocession (ce délai a pris fin le 22 novembre 2019) le Royaume-Uni ne s'est toujours pas conformé à cette résolution, ni à l'avis consultatif formulé en février par la Cour internationale de justice demandant à Londres de mettre fin dans les plus brefs délais à son administration des îles Chagos.

L'auteur intercale une magnifique histoire d'amour ayant eu lieu en 1967, celle de Marie et de Gabriel, elle Chagossienne pauvre, lui Mauricien issu de la bourgeoisie en rébellion avec son père, avec la lutte en 2018 de Joséphin, leur fils, qui cherche à obtenir justice et à pouvoir revenir sur l'île de son enfance. Un livre magnifique.
Je remercie Babelio et les Editions des Escales pour m'avoir envoyé ce livre en avant-première!
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