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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Ennui, mépris, dégoût.
Ce sont les sentiments que Constance (Connie) Chatterley en vient à éprouver pour son mari, Clifford, et pour leur domaine de Wragby, dans la campagne anglaise.
Tout avait pourtant bien commencé, à l'aube de ce nouveau siècle. Constance et Clifford se rencontrent, se sentent unis par une grande complicité intellectuelle. Ils se fiancent puis se marient. Puis s'en vient la Grande Guerre, qui prive Clifford de l'usage de ses jambes et de sa virilité. Mais qu'importe, pour lui « le côté sexuel ne signifiait pas grand-chose », et, quant à Connie, elle « n'était pas peu fière de cette intimité qui était au-delà du sexe, au-delà de la « satisfaction » de l'homme. (...) l'intimité était plus profonde, plus personnelle que cela. Et le sexe n'était rien d'autre qu'un accident, qu'un accessoire en tout cas ». Et le jeune couple de préférer se retirer au manoir familial de Wragby, loin de l'incessante agitation de la ville. Dans leur sombre demeure, Clifford et Connie tiennent salon avec quelques intellectuels divers et variés, et Clifford se pique même de devenir romancier. Connie se dévoue corps et âme (surtout âme) pour soutenir son époux invalide dans ce projet, qui semble lui redonner goût à la vie. « Le temps passait. Quoi qu'il arrivât, rien n'arrivait, car elle était superbement détachée de tout. Elle et Clifford vivaient dans leurs idées et dans ses livres ». Mais après s'être voilé la face pendant quelques années, Connie doit s'avouer qu'elle trouve ces bavardages philosophico-politiques vains, vides, désincarnés à force d'être cantonnés au monde de l'esprit. Elle en devient presque un fantôme, dépérissant d'ennui, d'inaction et de manque de vie dans sa triste chaumière : « la vie intellectuelle de Clifford et la sienne devenaient peu à peu un pur néant. Leur mariage, leur vie intégrée fondée sur l'habitude et cette intimité dont il avait parlé, devenaient certains jours absolument vides, du néant. Des mots, beaucoup de mots, et c'était tout. La seule réalité, c'était le néant, et par-dessus, l'hypocrisie des mots ».
Heureusement, le printemps revient, et il prend subitement à Connie l'envie de se promener dans le bois autour du domaine pour observer les petites fleurs et les petits oiseaux. En fait d'oiseau, elle rencontre Mellors, le garde-chasse grand, musclé, taciturne, viril. Ce qui devait arriver arriva, et Connie découvre le plaisir sexuel au féminin et la vraie passion. Elle met aussi les doigts dans l'engrenage compliqué de l'adultère, des différences sociales, de son envie de vivre en dilemme avec un reste de loyauté envers son triste sire de mari.

Bon. Vous aurez observé que je n'ai mis que deux étoiles à ce roman. « Quoi-comment-qu'est-ce ? Elle ose ne pas aimer ce chef-d'oeuvre ? » Ben... oui. Ennui, « déplaisance », indifférence, je n'ai pas éprouvé grand intérêt pour cette histoire. Ce roman est sans nul doute richement pensé, écrit et construit, moderne (et, je suppose, choquant) pour son époque, pose de grandes questions (opposition Nature/Progrès, lutte des classes, qu'est-ce que l'amour, la vie,...), décrit avec une infinie subtilité psychologique les pensées et comportements des personnages, et pourtant... Rien à faire, j'aurais vraiment voulu l'aimer, j'vous jure, mais non. J'ai trouvé tout cela trop intellectualisé, trop psychanalysé, ou au contraire, parfois trop vulgaire (en tout cas ce genre d' « érotisme » ne me convainc pas). Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages, sacrément ambigus (la palme à Mrs Bolton), manipulateurs, malsains et/ou névrosés. Tout cela l'emporte sur l'histoire d'amour, qui à mon sens n'en est pas une, ou pas encore. Je n'y ai lu que l'histoire banale d'un désir physique et d'une passion, qui se transformeront peut-être en amour, un jour. Mais c'est une autre question, et une autre histoire.
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