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Critique de Alfaric


On nous dit que c'est un page-turner sombre et implacable… et c'est assez vrai finalement mais il y a vraiment à redire !

Les débuts sont vraiment très laborieux et j'ai longtemps pensé, à tort, que c'était mauvais. Les style est brut et direct à l'image de Jorg l'antihéros ado qui met la suspension d'incrédulité à rude épreuve : le chef de bande de 14 ans qui mesure 1m80, qui parle couramment 6 langues, qui connaît les us et coutumes du monde entier comme les mythes et légendes de l'Ancien Temps alors qu'il vit en vagabond depuis l'âge de 9 ans … Comment voulez-vous y croire ?
La narration à 1ère personne permet saisir l'ampleur de la violente amoralité du personnage pour ne pas dire de sa psychopathie, mais le rythme est particulièrement haché par un détestable découpage en chapitres de 5/6 pages, d'où le côté famélique des descriptions qui auraient pu ajouter une forte plus value à l'atmosphère délétère du roman. Ce n'est pas un hasard si cela gagne en qualité quand les chapitres eux gagent en nombre de pages.
De plus on a de nouveau droit au coup des citations de début de chapitres qui émergent plus qu'immergent le lecteur et à une tripotée de flashback censé nous expliquer comment Jorg en est arrivé là. Cela n'aurait pas été plus simple de distiller ces explications dans le puzzle des citations ou au contraire de les ressembler dans 2 ou 3 chapitres plus touffus pour mieux profiter de sa quête de vengeance ??? (ou pas de bonne solution in fine ?)

Passons au(x) personnage(s) :
Jorg est un sociopathe. Il n'a d'affection pour rien et personne. Bref, tout n'est qu'instrument pour parvenir à ses fins. Jorg est un sale con. Petits caprices et grandes ambitions. Bref, du haut de ses 14 ans Monsieur a beaucoup de prétention.
Mais on finit par s'habituer au style, au rythme, à l'ambiance, et au personnage principal car le côté dextérien du personnage est plutôt bien rendu : Jorg calcule tout et tout le temps, jouant au Grand Jeu dont il estime être le seul digne d'en sortir vainqueur, et nous livre ses réflexions, ses ambitions, ses anticipations, et parfois ses émotions contradictoires. le personnage prend ainsi de la consistance au fur et à mesure des pages et finit par être intéressant.
Pour le reste c'est anecdotique : on retrouve des crevards aristocratiques, des magos mégalos et une tripotée de soudards dont on ne retient même pas les noms (ça c'est généralement un mauvais signe). Rares sont ceux qui sortent du lot : Nubain, Makin, le Grand Gorgoth, le petit Gog.

Passons maintenant à l'univers :
Au début on se dit que cet univers secondaire aurait mieux fait d'être primaire :
- Rhin, Seine, Loire ; Connaught, Normandie, Orléanais ; Reims, Limoges; Lyon, Hollandais, Teutons, Nippons
- des références aux auteurs grecs et latins (Euclide, Socrate, Platon, Plutarque…)
- des références à la religion chrétienne avec, Jesu Christ, la Vierge-Marie et la papauté romaine…
On se demande pendant longtemps si l'auteur n'aurait pas mieux fait de carrément écrire un roman historique. Car on est proche d'une version raccourcie et grimm & gritty de "L'Enfant de la Toussaint" de J.-F. Nahmias

Passons maintenant à l'intrigue :
L'auteur, les marionnettistes et leurs marionnettes compliquent inutilement les choses… pour permettre à l'intrigue d'aller de l'avant et à Jorg de continuer à sévir en dépit parfois du bon sens le plus élémentaire. Et on peut avoir l'impression que le twist sur l'univers amené par petites touches est un peu saboté par des apports fantasy légèrement foutraques (les passages nécromantiques sont limites WTF)

Dans les mêmes veines c'est en dessous de "Hordes", "Hawkmoon", "Le Sang des Ambrose" et "Le Baiser du rasoir". Si l'auteur voulait faire conter une quête de vengeance dans une ambiance Guerre de Cents ans, c'est raté. S'il voulait fait de la fantasy à canaille dans une ambiance post-apocalyptique, c'est aussi raté. Mais s'il voulait faire de la Dark Fantasy pour Young Adult, alors là je dis bravo et j'applaudis des 2 mains !
Univers, ambiance, personnages : Jorg avait tout pour être un de ces princes des écorcheurs de la Guerre de Cent Ans dont Froissart nous narrait les horribles méfaits dans ses chroniques. Mais c'est laborieux sur le fond et sur la forme même si l'ensemble se bonifie agréablement au fil des pages. Sûr que l'adolescent psychopathe dont on suit les aventures amorales ne va ne pas plaire à tout le monde. Pour un 1er roman, l'auteur propose des partis pris originaux mais leurs exécutions laissent à désirer. Gageons qu'avec plus de maturité de la part de l'auteur cela va gagner en qualité sur le fond comme sur la forme.
Allons-nous vers un anti-Fitz à la sauce "Hawkmoon" ?
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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