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Critique de bran_601


Jalan Kendeth, "Jal" pour les intimes, est l'un des nombreux petits-fils de la tristement célèbre Reine Rouge, l'une des personnes de pouvoir les plus influentes et les plus dangereuses de tout l'Empire Brisés.
Jal est un prince de sang royal mais en dixième position seulement pour la succession au trône, c'est donc avant tout un jeune noble arrogant, insouciant et égoïste se délectant de sa condition de protégé de la reine afin de jouir de tout ce que la vie peut lui offrir en matière d'alcool, jeu d'argent, rencontres aventureuses ... et bien sûr avec moult dettes et autres querelles de toutes sortes en prime.
Pour autant c'est malgré tout un homme qui a la particularité de se tirer assez facilement de tous les ennuis qu'il se crée alors qu'il a le don pour se mettre dans des situations compliquées... jusqu'au jour où il croise le chemin d'un certain esclave viking qui fera incontestablement tourner sa chance.

Alors que la reine rouge convoque une assemblée exceptionnelle de personnes proches du trône, elle y fait intervenir plusieurs esclaves de divers régions du continent afin de témoigner sur d'événements inquiétants se déroulant aux frontières septentrionales de l'empire et annonciateurs d'une guerre à venir imminente.
Un esclave Viking du nom de Snorri Ver Snagason fait ainsi le témoignage de graves troubles survenus dans le nord avec multiples pillages et massacres en règle de population locale, perpétrés notamment par d'autres Vikings à la solde d'un certain Roi Mort.
Il dit aussi la présence d'êtres revenus d'au-delà de la mort, de véritables morts-vivants que l'on nomme "noyés" ou "goules", des êtres sans âme au service de ce seigneur ténébreux dont le projet semble de ramener à la vie toute une armée d'ancien grand guerrier de l'ancien temps ayant péris dans le froid et la neige de la contrée que l'on nomme la morsure de glace.

Par un sacré concours de circonstances et un brin d'ironie, ces deux personnages si différents l'un de l'autre ne pourront fait autrement que de devoir composer l'un avec l'autre alors qu'un évenement va précipiter l'union de leurs destinés.
pour ainsi dire la Reine rouge a une soeur qui veille sur elle, on l'appelle la soeur silencieuse par ce qu'elle agit toujours dans l'ombre sans jamais manifester sa présence, c'est une sorcière redoutable et terrifiante que seule quelques rares personnes semblent être en mesure de percevoir la présence dans l'ombre de la reine.

Alors qu'un attentat a lieu au grand opéra de la capitale où se trouve réuni à l'occasion d'une grande représentation tout le gratin local, un terrible sort de protection conçut par la soeur silencieuse s'enclenche et pourchasse le commanditaire de l'attaque,seulement voilà...sur sa route le sort est interrompu en rentrant en contact avec nos deux héros présents au mauvais endroit au mauvais moment.
Prisonniers d'un sort qui les condamne à rester côte à côte, véritables pions d'une entité qui les poussent à accomplir ce qu'ils ont interrompus, nos deux lascars fuient la capitale avec pour l'un le désir de rentrer dans le nord pour sauver femme et enfants, et l'autre pour survivre à des problématiques devenues inextricables (comdamnés à mort pour des engagements financiers non tenus).
Dans tous les cas et même si çà consiste à devoir marcher dans les pas d'un géant viking avide de vengeance et dont la seule destination possible est le nord, Jal compte bien en chemin trouver les ressources lui permettant de soustraire à ce sort afin de retrouver la quiétude d'une vie d'insouciance.

"Je suis un menteur, un tricheur et un lâche, mais jamais, au grand jamais, je ne laisserais un ami en fâcheuse posture.
Sauf, bien sûr, si cela exige de ma part honnêteté, franc-jeu ou bravoure"


L'essentiel du récit est écrit à la première personne selon le point de vue tout en nuances de ce jeune aristocrate qui ne se cache pas à nous faire savourer toutes ses vicissitudes.
Jal, la vingtaine tout juste engagée, est vraiment l'antihéros par excellence, le héros malgré lui, celui qui fait les choses par nécessité, par contrainte même et alors vraiment quand il ne peut pas faire autrement.
Il jouit cependant d'une certaine notoriété, d'un certain statut héroïque qui dépasse même les frontières de Rougemarche alors qu'il est considéré comme LE héros local après qu'il lui ait été attribué tout le mérite d'une grande victoire lors d'une bataille contre le peuple de Scorron. Bien que bon cavalier et respectable bretteur, Jal n'a rien du guerrier impétueux et invincible et comme il aime se l'avouer sa meilleure botte secrète c'est sa capacité à courir plus vite que ses adversaires.

"Les épées vous laissent penser, à tort, qu'il est possible de défendre. Avec une hache, tout ce que vous pouvez faire, c'est attaquer. C'est ainsi que mon père m'a nommé.
Snorri. Cela signifie "attaque".

Les hommes pensent pouvoir se défendre contre moi...mais lorsque je toque, ils ouvrent."

Snorri, jeune trentenaire d'Unterheim est une véritable force de la nature, un ancien illustre guerrier pour son peuple mais plus récemment un jeune père de famille reconvertit à une vie paisible et rangée avant que son destin soit contrarié par le sac de son village et le massacre de ses proches. Pour lui les événements survenus à vermillon, Capital de Rougemarche, lui ont permis de sortir de la servitude et lui ont redonné l'espoir de retrouver les siens avant qu'il ne leur arrive le pire...et si l'espoir devait s'éteindre loin là-bas dans les étendues gelées, au-delà même de toute civilisation, alors il lui resterait encore la vengeance et le sang et peut-être même une mort honorable la hache à la main.

Le Prince des fous de Mark Lawrence prend assez rapidement la tournure d'un roman de type "road movie fantaisie" où deux personnes dissemblables sont d'abord dans un premier temps obligés de composer ensemble, puis confrontés à l'adversité, des liens finissent naturellement par se créer et esquissent le squelette d'une amitié naissante.
L'auteur manie à la perfection un style narratif envolé, où les interactions entre les différents personnages nous gratifient d'échanges savoureux empreints d'une belle authenticité, l'auteur n'en fait jamais trop, il en ressort un plaisir de lecture accru.

L' humour est quasi omniprésent et apporte une fraîcheur au récit appréciable mais là encore Mark Lawrence manie la chose de manière subtile avec un comique de situation toujours bien amené qui m'a fait lâcher plusieurs bons fou rires comme ce passage ou Jal pense être aguiché par Dame Katherine Ancrath et lui met la main au panier alors que Snorri tente de le mettre en garde... c'est juste énorme comment l'auteur amène çà jusqu'à la chute hilarante.
À ce niveau on est semble-t-il, assez loin du ton de la première trilogie de l'auteur qui était bien plus sombre et désabusé que celle-ci.

Pour autant le récit réserve bien des surprises et notamment ces instants de quiétude autour d'un feu de camp où Snorri prend les commandes de la narration pour livrer selon un point de vue à la troisième personne son histoire qui révèle avec une grande solennité des passages d'une grande intensité dramatique et émotionnelle. Il faut bien le reconnaître ces passages sont véritablement les plus réussi du roman car ils apportent la profondeur au récit et à l'instar de Jal, nous obligent à nous approprier l'enjeu de la quête avec un intérêt plus prononcé et un désir de vengeance contagieux.
D'ailleurs plus le roman se déroule, plus l'amitié se renforce entre les hommes et Jal prend la mesure de la gravité de la situation, sans devenir complètement altruiste notre sympathique compagnon d'infortune semble avancer dans son chemin initiatique personnel pour nous montrer de temps à autres d'autres facettes plus intéressantes.

Pour ce premier roman de cette nouvelle trilogie "Là Reine Rouge", le vrai héros au sens héroïque et incontestablement Snorri Ver Snagason, un personnage véritablement attachant malgré son côté force de la nature inaltérable, il y a dans ce guerrier qui n'abandonne jamais un petit coté Druss de David Gemmell dans le roman "Druss la légende", d'ailleurs Jal n'est pas sans rappeler par certains aspects Sieben du même roman ou Jezal dan Luthar de la première loi de Joe Abercrombie.
À ce titre le roman regorge de références avec l'apparition de personnages et la redécouverte de lieux de la précédente trilogie, pour les fans c'est un incontestablement un plus pour le background et le world building de ce nouvel univers de fantasy qui prend pour le coup un peu plus de relief à chaque nouveau roman.
Sur la route nos héros croiseront aux détours de chemins des vestiges de l'ancienne civilisation qui nous rappelle si on l'avait oublié que ce monde Fantasy est le nôtre plusieurs milliers d'années après un cataclysme planétaire qui aura finalement ramené l'humanité à un âge comparable au haut moyen-Age.

Le roman n'est pas sans défaut tout d'abord il y a ce côté redit d'une histoire qu'on a le sentiment d'avoir lu maintes fois par le passé, et bien sûr ces héros qui, bien que plaisants, n'ont rien non plus de très originaux.
Parfois il arrive que l'auteur manque de clarté et qu' il m'ait arrivé quelques fois de devoir relire certains passages afin de bien saisir les événements qui viennent de se dérouler, voire même de penser avoir sauté quelques pages au passage....
Rien de fâcheux mais bon je pense sincèrement que certains passages auraient mérité une réécriture notamment ceux qui introduisent Baraqel et Aslaug, les esprits moralisateurs qui accompagnent nos héros psychiquement consécutivement à l'épisode du sort du début du roman.

Le Prince des fous est un roman extrêmement plaisant à lire avec un scénario qui va en s'étoffant au fur et à mesure du récit et dévoile dans un final monstrueux une intrigue passionnante à suivre dans les deux derniers volumes, il n'en demeure pas moins que sa principale qualité est la fraîcheur que Mark Lawrence sait faire transparaître au travers de ses personnages hautement sympathiques.
À noter que l'auteur a un style d'écriture prompte à faire de ses romans de véritables pages turners à l'instar d'un David Gemmell avec qui il a beaucoup de points communs.
Une excellente lecture en attendant la suite avec impatience.
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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