Le communisme est pris dans une contradiction coûteuse électoralement mais fructueuse en terme de mémoire ; il est condamné comme projet politique, mais salué pour son action intérieure, la pureté de ses intentions et ses ambitions prométhéenne mâtinée de son souci de maintenir certains traits anciens de la société. La présence de son passé magnifié alimente deux nostalgies françaises récurrentes et encore plus vivaces à l'heure de la globalisation ; la nostalgie d'une communauté et d'un monde que nous avons irrémédiablement perdus et la nostalgie du changement radical de l'humanité. (p.213).
En France, la Révolution a engagé simultanément la lutte sur deux fronts, celui de la liberté de conscience et celui de l'élargissement des libertés politiques, ce qui a provoqué sur le long terme de fortes interférences entre les deux combats et contribuer à donner de la religion une dimension politique et de la politique une dimension religieuse. (p.202-203).
Machine à créer du rêve, le communisme est aussi une machine à fabriquer des mythes et du croire. (p.200).
Enfermé de nos jours presque uniquement dans le registre du social, le communisme est émasculé de sa vigueur politique et idéologique ; telle est sans doute, la condition de sa survie dans les mémoires. (p.174).
Venu de l'Est, le syndrome totalitaire communiste a constitué en France une perversion de la démocratie. (p.128).
Pour le PCF, comme pour tous les autres PC - y compris ceux qui se réfèrent à la démocratie populaire - la défense de la démocratie ne sert qu'à mieux combattre le fascisme et donc à défendre l'URSS. Autrement dit, la démocratie n'a pas de valeur en soi, elle ne dispose pas de sa propre autonomie et ne constitue pas le fondement de l"ordre politique. (p.106).
Le mythe soviétique, surtout à l'époque de Staline, répond à de vieilles attentes millénaristes d'égalité et de justice, de félicité et d'abondance, qui sont profondément ancrées dans notre société et dans notre imaginaire. (p.61)
Sur la longue durée, le PCF, en dépit des petits écarts des années 1970 et des désaccords de certains de ses adhérents, se caractérise par son attachement fondamental à l'Union soviétique. (p.45).
Le PCF est devenu un lieu de mémoire plutôt enchantée qui suscite une grande bienveillance. Le passé communiste borne encore l'horizon de notre présent. (p.11).
Le mouvement altermondialiste croit tout inventer. Pourtant, sans être un simple clone du communisme, il s'inscrit en partie dans sa filiation. (p.VIII).