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Critique de Seraphita


Victor Luca et sa famille vivent dans le petit village de Slobozia, au fin fond de la Roumanie. Victor est fasciné par un lac que les villageois appellent « La fosse aux lions », en référence au prophète Daniel. le jour où Victor tue sauvagement son père maltraitant dans le lac, commence un long parcours meurtrier. Il se terre durant de longues années chez sa mère et sa soeur, les villageois le croyant mort. Itinéraire d'une rédemption vers une libération sur cette Terre des affranchis

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Cezam 2010 et ce fut un véritable coup de coeur. A plusieurs reprises, l'ouvrage se révèle très instructif. Dès le départ, on apprend que « Slobozia », le nom du village où se déroule l'histoire, signifie : « libérer, délivrer, affranchir ». « Terre des affranchis » raconte effectivement l'histoire d'une rédemption, d'une libération du poids des fautes, des péchés. On apprend également sur l'histoire de la Roumanie, de la dictature de Ceausescu jusqu'à la démocratie, sur l'histoire de Slobozia, avec son lieu légendaire et redouté : « la fosse aux lions », qui cristallise les miracles pour Victor. Lieu qui vient en aide dans les moments difficiles, lieu qui est le témoin des pires atrocités.

Ce livre cultive le mystère : le lecteur s'interroge jusqu'au bout sur la destinée de Victor : va-t-il être démasqué par le policier infatigable, Simion Pop, qui officie pendant plus de 20 années. On ne peut rester insensible au personnage de Victor malgré son côté effrayant et repoussant : il est mû de pulsions incontrôlables, mais en même temps essaie à tout prix de se racheter : c'est ainsi que pendant de nombreuses années, il va recopier sur des cahiers des textes religieux pour un prêtre dissident. La foi est très présente dans ce livre : elle est bien incarnée par l'image de l'ermite Daniel, dont on apprend qu'il se réfugie à Slobozia pour expier des fautes lourdes. Il constitue un peu l'alter ego de Victor. Dans le village, les croyances et les superstitions sont tenaces : on croit ainsi beaucoup aux moroï, les « morts vivants ». Les fêtes religieuses ponctuent la vie quotidienne et l'église est bien fréquentée.

Un mot sur l'auteur : « Liliana Lazar est née en 1972 en Moldavie roumaine. Elle a passé l'essentiel de son enfance dans la grande forêt qui borde la village de Slobozia, où son père était garde forestier. Elle arrive en France en 1996. Elle vit à Gap, aux pieds des Alpes. Liliana Lazar écrit en français » (informations sur la quatrième de couverture). Il s'agit ici de son premier roman.

Il est difficile de classer ce livre dans un genre : tour à tour, il arbore le visage d'un roman, d'un policier, d'un roman fantastique, parfois presque d'un conte…

Peut-on racheter ses fautes, le temps peut-il permettre d'effacer les péchés et d'être pardonné, à ses yeux et à ceux des autres ? Telle est l'interrogation centrale de « Terre des affranchis ». Un beau livre, mais aussi un livre difficile, qui explore l'univers des pulsions meurtrières et de la religion, au coeur des forêts moldaves.
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