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Critique de gerardmuller


Entretiens sur la pluralité des mondes / Bernard le Bovier ( ou le Bouyer) de Fontenelle (1657-1757) Académie française(1691)
Né à Rouen, Fontenelle, neveu des frères Corneille, est mort dans sa centième année quoiqu'il fût de santé délicate toute sa vie durant. Esprit brillant, hardi et moderne, il fut un penseur éclectique abordant aussi bien les sujets philosophiques que scientifiques. Poète à ses heures, il écrivit aussi des opéras et des tragédies.
Dans le petit ouvrage ici concerné, il se veut vulgarisateur tout autant que critique, restant fidèle à l'esprit des Encyclopédistes. Mettant l'astronomie à la portée du grand public cultivé qui était encore habitué au système de Ptolémée qui plaçait la Terre au centre de l'Univers, il expose le système de Copernic en s'entretenant avec une marquise, Madame de la Mésangère au cours d'une conversation aimable et même galante. Alors que l'auteur en élégante compagnie dans les jardins de la propriété s'apprête à admirer la voûte céleste, il note :
« Ce spectacle me fit rêver, et peut - estre sans la marquise eussay - je resvé assez long - temps : mais la presence d'une si aimable dame, ne me permit pas de m'abandonner à la lune et aux étoiles.»
Et se tournant vers la marquise il déclare : « Mais en récompense , une blonde comme vous , me feroit encore mieux rêver que la plus belle nuit du monde. » Fontenelle le séducteur !
En six soirées animées, Fontenelle nous confie sa foi en la science, haïssant toute superstition et critiquant l'homme qui se croit seul et maître de la nature au centre de l'Univers.
« Je me suis mis dans la teste que chaque étoile pourroit bien estre un monde. Je ne jurerois pourtant pas que cela fust vray, mais je le tiens pour vray, parce qu'il me fait plaisir à croire. C'est une idée qui me réjouit, et qui s'est placée dans mon esprit d'une maniere riante. »
Dans un style précieux d'époque il expose avec enjouement les idées les plus complexes sur la Terre, la Lune, les planètes et les étoiles. Déjà, il prévoyait que le progrès scientifique susciterait un accroissement considérable des possibilités matérielles de l'homme. Toutefois, il reste souvent dubitatif et sans illusion à propos de cette bizarre créature qu'on appelle le genre humain : « Nostre folie à nous autres , est de croire aussi que toute la nature sans exception est destinée à nos usages. » Fontenelle le sage !
S'adressant à la marquise au sujet de la philosophie : « Toute la philosophie, luy dis - je, n'est fondée que sur deux choses, sur ce qu'on a l'esprit curieux, et les yeuz mauvais : mais on veut sçavoir plus qu'on ne voit, c'est - là la difficulté. Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu'ils voyent , et à tâcher de deviner ce qu'ils ne voyent point. » Fontenelle le philosophe !
Autre remarque pertinente : « L'astronomie est fille de l'oisiveté, la geometrie est fille de l'interest, et s'il estoit question de la poësie, nous trouverions apparemment qu'elle est fille de l'amour. »
Évoquant Copernic : « Saisi d'une noble fureur d'astronome , il prend la terre , et l'envoye bien loin du centre de l'univers , où elle s'estoit placée , et dans ce centre , il y met le soleil ; les planetes ne tournent plus autour de la terre et tout tourne presentement autour du soleil… Je luy sçay bon gré d'avoir rabatu la vanité des hommes , qui s'estoient mis à la plus belle place de l'univers , et j'ay du plaisir à voir presentement la terre dans la foule des planetes . »
Autres extraits : « La mesure de bonheur qui nous a esté donnée , est assez petite ; il n'en faut rien perdre , et il est bon d'avoir pour les choses les plus communes , et les moins considerables , un goust qui les mette à profit . »
« Toute cette masse immense de matiere qui compose l'univers , est dans un mouvement perpetuel , dont aucune de ses parties n'est entierement exempte. Les anciens estoient plaisans de s'imaginer que les corps celestes estoient de nature à ne changer jamais. »
« Pourquoy la matiere propre à faire un soleil ne pourra - t - elle pas , aprés avoir esté dispersée en plusieurs endroits differens , se ramasser à la longue en un certain lieu , et y jetter les fondemens d'un nouveau monde ? »
Fontenelle : un scientifique visionnaire.












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