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Critique de Ambages


« 124° est. Ex libris veritas. Au milieu des nuages qui filaient tout là-bas au-dessus des grandes tours de la Bibliothèque se dessinait nettement le sourire de ma mère. »

Pour moi, cette petite citation résume le livre.

La direction pour trouver son chemin. Une enfant cherche sa mère.

Le décor d'une ville sans âme, froid et sec. Une ville partagée entre intra et extra muros typiquement parisien, où les moins chanceux n'ont d'autre choix que de s'éloigner du coeur, de se rendre là où la culture et la connaissance s'éloignent autant que le prix du mètre carré diminue. Mais je divague, ça c'est aujourd'hui... alors que ce roman est dans un futur post-apocalyptique. La notion de 'muros' est si présente dans le récit, j'avoue avoir repensé à la nouvelle d'Andreïev , le mur, lue récemment. Les murs ne créent pas des zones de sécurité. Il s'en construit aujourd'hui dans beaucoup de continents mais que restera-t-il dans quelques années, de part et d'autre. Des fous ? Exsangues, tristes et diminués constitués de dos qui se tourneront à la vue d'un ancien voisin.

Restent intacts intra muros, des immeubles aseptisés dans lesquels votre pisse est analysée chaque matin pour vérifier votre santé, où chaque individu femelle -pardon pour l'expression mais difficile de mettre de l'humanité dans cette société où l'humain est broyé à chaque instant de son existence- est autorisé à se faire jouir deux fois par semaine, ni plus ni moins (pour ce qui est de la gente masculine, je n'ai pas trouvé de fréquence).

Au centre de la cité, ce poumon : la Bibliothèque, avec un B majuscule, l'endroit où Lila fera de nouvelles découvertes sur son passé et rencontrera, un autre de ses héros qui lui ouvre de nouvelles petites portes.

Et des livres qui racontent quand on a le droit de les toucher, quand ils ne sont pas encore édulcorés en vue d'annihiler toute volonté de liberté.
Et pourtant cette enfant, Lila, regarde toujours les nuages, quand bien même ils sont gris et menaçants, elle regarde toujours plus haut, toujours plus loin et file comme le vent vers ce sourire gardé en mémoire, vers ce rêve de bien-être, le seul qu'elle ait jamais connu.

Je l'ai suivi de son enfance jusqu'à sa grande majorité et je suis désolée pour elle. Désolée car cette enfant reste toujours dans l'attente. J'ai lu attentivement son journal et je n'ai pas vu l'accomplissement parfait que j'attendais. Parée d'atouts indéniables, il me semble qu'elle n'a pas réussi le stade ultime de son autonomie. Exister pour elle-même.
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