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Critique de madameduberry


.Le tunnel aux pigeons, sous- titré modestement et malicieusement: Histoires de ma vie. Histoires, anecdotes, souvenirs de rencontres, toutes en lien avec la grande affaire de cette vie: l'écriture.
David Cornwell, alias John le Carré connut très tôt le succès, avec L'espion qui venait du froid, et ensuite "la fin de l'innocence" soit le feu des projecteurs, les questions sans fin sur le vrai, le faux de ce théâtre d'ombres de l'espionnage, que lui appelle plutôt le théâtre du réel, puisqu'en espionnage comme en contre espionnage, il s'agit surtout de raconter une histoire à un personnage qui finira par jouer sans le savoir un rôle écrit pour lui c'est à dire contre lui... Théàtre et réalité sont une bande de Moebius sur laquelle les acteurs cheminent, bande qui on le sait ne comporte qu'une seule et même face... le travail de l'écrivain s'apparente à ce théâtre du réél, si bien que John le Carré rencontrera un jour en chair et en os un personnage qu'il avait créé, avant de le connaître. Il ne s'illusionne pas sur la portée de son oeuvre quant à un démasquage de ce qui serait la vérité.Souvent accusé d'avoir trahi des secrets d'espionnage, il s'en montre amusé, lui qui ne fut que brièvement employé par le M15, puis le M16, et il rappelle à quel point de véritables traîtres furent peu inquiétés voire couverts d'honneurs. le personnage de loin le plus énigmatique de son oeuvre n'y apparaît jamais. C'est son père, auquel il consacre, aux deux tiers de cet ouvrage, un chapitre sensiblement plus long que les autres. J'ai aimé aussi sa description de sa rencontre avec Bernard Pivot.
J'ai retrouvé dans ce livre, l'élégance, l'humour, et quelque chose d'une souffrance intime de l'enfance, élevée au rang de littérature, cette manière et ce style de l'écrivain de très grand talent qu'est John le Carré, enraciné dans le questionnement de l'enfant que fut David Cornwell. On ne peut qu'admirer le travail incessant d'écrivain par lequel il a interrogé le rapport de la réalité et de l'imaginaire, comme si sa vie même avait été un long debriefing.
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