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Critique de Wyoming


Désert ou déserts? JMG a choisi le singulier pour le titre de son livre car c'est bien le désert marocain le premier héros de ce livre éblouissant de lumière, de sable, de soleil mais aussi de détresses diverses.

Alors, en lisant les dernières lignes ("tournés vers le désert...ils s'en allaient... ils disparaissaient") j'ai revu sur les "lèvres saignantes" des hommes bleus, tous ces autres déserts que l'on peut parcourir en suivant cette plume si riche de le Clézio.

D'abord, le vrai désert avec cette caravane avançant péniblement vers une terre hypothétique, vers le nord, avec un jeune héros, Nour, donnant son épaule au guerrier aveugle en l'accompagnant vers une destinée inéluctable. Il est discret, Nour, silencieux, mais agissant, calmant les douleurs et les angoisses des mourants, et Le Clézio montre bien davantage ses actes en faveur des autres que son propre cheminement.

Nour introduit le parallèle immédiat avec Lalla, la véritable héroïne du désert et de tous les autres déserts qu'elle va sillonner. Lalla, c'est la femme-enfant qui devient femme-mère avec là encore un récit magnifique de son accouchement solitaire. Lalla, c'est la volonté, l'abnégation, l'accueil du différent au coeur du désert de l'indifférence dans la cité phocéenne. Elle aussi, comme Nour, accompagne un mourant, silencieusement, par sa seule présence.

Et puis, subitement, on pourrait croire que tout va basculer par quelques photographies qui la propulsent vers une fugitive célébrité qu'elle ne recherchait pas. Mais, elle reste lucide, tout en conservant la volonté d'accomplir sa destinée, laissant à mesure tout ce qui ne peut être que des étapes, avnt celle, ultime, qui la ramène vers le désert, le vrai, celui qu'elle aime et dont elle ressent le besoin viscéral pour être vivante et donner la vie.

Elle est magnifique, Lalla, et Le Clézio prend le temps de la dépeindre et de la peindre, sa peau cuivrée et sa chevelure poétiquement exprimées par l'écrivain qui sait comment transmettre à ses lecteurs toutes les émotions qu'elle ressent.

D'autres déserts apparaissent, plus ou moins fugacement, ceux de la solitude, du profit, de l'exploitation, des hommes et femmes qui marchent, indifférents, dans Marseille ou Paris. Le Clézio les emmêle pour revenir toujours vers ce Sahara marocain, vers ces "gens des nuages", vers la lumière, le sable, le vent, la mer.

C'est un livre long, tellement riche, qu'il est bon d'en relire de nombreux passages, d'en retirer les messages délivrés, suivant nos perceptions, les miennes sont plus que favorables pour un auteur que je prends toujours plaisir à lire, à suivre, sur la mer, sur le sable, à Rodrigues, Raga, partout, à contempler avec lui les étoiles, les aubes, blanches ou rouges, les crépuscules et toute cette lumière qui éclaire son oeuvre en lui donnant une dimension lyrique complètement aboutie.
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