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Critique de gerardmuller


Poisson d'or
J. M. G. Le Clezio (né en 1940)
Prix Nobel 2008
Elle avait six ou sept ans, elle ne sait plus au juste, mais elle sait qu'à cette époque elle a été volée à sa famille, un cauchemar lointain et terrible qui revient souvent hanter ses nuits. Saisie tout à coup par des mains d'homme et jetée au fond d'un sac où elle étouffait, elle revit le jour chez Lalla Asma, une vielle juive espagnole du Mellah (quartier juif au Maroc) qui l'avait achetée. Elle ne se souvient plus non plus de son vrai nom, celui que sa mère lui a donné à sa naissance, ni du nom de son père, ni du lieu où elle est née. Lalla Asma l'appelle Laïla, la nuit en hébreu. Elle sait qu'elle vient du Sud car elle a la peau sombre.
Lalla Asma considère Laïla comme sa fille et lui fait l'école.
Lalla Asma a un fils, Abel qui est marié à Zohra, une belle fille qui déteste Laïla tandis que Abel se livre en cachette à des attouchements sur la jeune Laïla.
Huit années on passé, et à la mort de Lalla Asma tombée malade, Laïla âgée de quinze ans n'a d'autre choix que de s'échapper pour ne pas tomber aux mains de Zohra et d'Abel. Elle se réfugie chez Jamila, l'accoucheuse du village, à la tête d'une maison de six « princesses » entourées d'un tourbillon d'hommes riches arrivant dans de belles voitures américaines et emmenant les filles en vadrouille…
Laïla connaît des jours de bonheur et de liberté jusqu'au jour où elle commence à voler par jeu, suivant en cela le mauvais chemin de Selima. Peu à peu elle perd le sens de la mesure et n'accepte aucune autorité. Durant cette époque de sa vie, elle forme son caractère et devient inapte à toute forme de discipline, encline à ne suivre que ses désirs. Elle connaît les postes de police et les juges.
Finalement elle trouve un emploi chez les Delahaye et revoit Zohra qui décide de la fiancer contre son gré. Il lui faut à nouveau fuir et rejoint le port de Melilla, puis l'Espagne et la France où elle va se cacher à Paris dans un abri où vivent des sans papiers, sous la terre comme des cafards, pour ne sortir que la nuit. le jour elle lit, la nuit elle rode. Elle trouve des emplois précaires et va de galère en galère, évite les loubards et les flics. Elle se fait des relations et obtient un passeport. Elle rêve de partir au loin, mais elle est persuadée qu'il n'y a pas un seul endroit au monde pour elle, et que partout où elle ira, on lui dira qu'elle n'est pas chez elle et qu'il faut qu'elle aille voir ailleurs.
Nice, Paris, Boston, Chicago : elle bourlingue de squats en hôpitaux, chante, joue du piano, fait de bonnes et de mauvaises rencontres, et sombre dans une instabilité chronique. Jusqu'au jour où elle entrevoit où peut se trouver le havre de paix…
On ne vante plus le beau style de le Clezio qui réussit le tour de force de se mettre dans la peau de Laïla qui est la narratrice.
Un très beau roman : l'histoire d'une fillette noire volée, battue, rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et qui va courir le monde en quête de son identité, d'amour et de famille. le credo de Laïla : ne jamais subir pour éviter les pièges !
Un roman initiatique pour une inlassable quête d'identité.



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