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Critique de YANCOU


La fatalité ? destin, nature, providence, inconcevable loi ? Lamartine déjà se demandait comment nommer cette fatale puissance, tandis que Tiphaine le Gall, elle, se rebelle contre cet état des choses dans une longue, si longue lettre où la narratrice, débordée par l'écriture, confie au lecteur qu'elle va "toujours vers ce qui la brûle". Derrière ce titre énigmatique, le Principe de réalité ouzbek (La Manufacture des livres, 2023), Tiphaine le Gall décrit la déliquescence du couple, elle évoque ce plongeon dans l'inconnu pour y trouver du nouveau – l'inconnu étant ici un poste de professeur de français et de philosophie à Tachkent, en Ouzbékistan ; poste finalement refusé, par simple courriel -, elle narre le désir, la déception et l'envie de ne pas en rester là, elle expose aussi la puissance du langage, ce que Maïakovski nommait la force des mots : « la force des mots tocsins ». D'une grande érudition, ce texte, aussi dense soit-il, ne verse jamais dans la démonstration, il roule comme un mer agitée, il engloutit la lectrice, bouleverse le lecteur, on s'immerge et on en ressort lavé de nos certitudes car, comme la narratrice le souligne encore : « les rapports humains sont de perpétuels malentendus ». Passé un peu inaperçu à sa sortie (j'espère me tromper), ce livre est pourtant un chant d'amour, un hymne à la vie, la vraie, celle qui ne se soumet pas, qui cherche son bonheur et son expérience dans la liberté. C'est aussi un bel exercice de style (puisqu'il s'agit d'une lettre), parfaitement maitrisé, hypnotique par moment, exigeant, certes, mais dont on ne sort pas indemne. le dernier mot revient à l'autrice et / ou la narratrice : « Connaissez vous ces moments intimes où l'on éprouve le grave sens du mot « désormais » ? Ces moments où les compteurs se remettent à zéro. On a alors la conscience aigue d'un basculement, d'un angle choisi dans le chemin de la vie. »
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