Malgré leurs efforts pour emprunter à Rome son héritage politique et administratif, les Francs n'avaient pas acquis le sens de l'Etat.
on peut se demander à quelles formes et à quelles forces il appartiendra de prendre la relève de la féodalité qui, forte encore économiquement et socialement, décline politiquement. [...] . C’est à Gênes, à Florence, à Milan, à Sienne, à Venise, à Barcelone, à Bruges, à Gand, à Ypres, à Brême, à Hambourg, à Lübeck que semble appartenir l'avenir. Et pourtant l'Europe moderne ne se fera pas autour des villes mais des États. [...] . La plus urbanisée peut-être de toutes, Sienne où la banque a déjà ses plus glorieux moments derrière elle, exprime bien dans l'art ce besoin qu’a la ville de la campagne. Les fresques du Palais municipal où Ambrogio Lorenzetti, entre 1337 et 1339, représente à la gloire des citadins le Bon et le Mauvais Gouvernement, ne séparent pas la ville, pourtant close de murs, hérissée de tours et de monuments, de sa campagne, de son indispensable contado. Venise ne conti- nuera que par sa Terra ferma. Il est peut-être malaisé de le déceler vers 1300. Mais le temps des îlots, des points, des petites cellules est en train de passer en même temps que la féodalité classique. Un autre type d'organisation de l’espace commence a s’imposer : celui des Etats territoriaux.
Si pour moi le cœur du Moyen Age est toujours situé dans les trois siècles et demi qui vont de l'An Mil à la peste noire, j'aurais davantage tendance aujourd'hui à replacer ce Moyen Age court dans un long Moyen Age qui s'étendrait du IIIe siècle environ jusqu'au milieu à peu près du XIXe siècle, un millénaire et demi dont le système essentiel est celui de féodalisme