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Critique de Tandarica


La narratrice, qui, c'est important, n'a pas d'enfant, s'adresse, comme dans une longue lettre ouverte, à sa mère décédée et qui n'avait de cesse, l'année de sa mort de répéter cette phrase qui constitue le titre « Je ne répondrai plus jamais de rien », « cette ritournelle de sept mots qui avait quelque chose de comique et de pathétique à la fois » (p. 56). Elle lui parle, l'interpelle, la toise, lui pose des questions, et lui répond. Un long monologue très vivant qui revient sur à peu près tout. On apprend ainsi sur le père de soixante-dix ans, habitant dans le quinzième arrondissement de Paris, ancien avocat militant pour le droit d'asile « [qu]'il mourut peu après toi, foudroyé par une nouvelle attaque en pleine rue ». (p. 62). On apprend aussi que la narratrice a un compagnon qui se prénomme Adrien et une demi-soeur qui ignore son existence.

À noter également « la liste de quelques films mythiques sur les rapports entre une mère et sa fille » (p. 37)

Une très ancienne « évaporation » de la mère préoccupe encore, après des décennies, la narratrice : « Ces huit mois durant lesquels tu te serais comme dissoute dans l'air étaient le mystère qui me tarauda dans mon enfance puis dans mon adolescence. » (p. 29). Elle souhaite en « percer le mystère ».

L'Homme-Jasmin « le texte d'Unica Z[ürn] est sous-titré Impressions d'une maladie mentale » (p. 73). La mère en avait gardé dans ces affaires quelques pages déchirées. Ainsi la narratrice va partir sur les traces de cette autrice :

« Ou t'étais-tu raconté des histoires en te glissant dans la peau d'un personnage d'Unica qui, elle-même, n'avait fait qu'écrire sur les ravages de sa schizophrénie ? »
(p. 74)

« Tu avais oublié cet épisode, tu l'avais effacé de ta mémoire. Seuls Adrien et moi avions eu l'indélicatesse de te le rappeler l'année de ta mort, lorsque nous marchions dans les rues d'Elseneur balayées par une bourrasque ». (pp. 78-79)

Les phrases de Linda Lê sont ici plus courtes que dans ses autres romans et souvent interrogatives. La narratrice joue aux enquêtrices avec un langage qui évite avec élégance la répétition maladroite, mais qui réclame cependant la redondance de la litanie.

Le thème de l'exil (géographique, mais aussi mental) est omniprésent dans l'oeuvre de Linda Lê, et ce dernier roman le confirme encore.

Des pages mémorables sur l'amour : amour mère-fille, amour conjugal, de la vie ou de la patrie, celui du père ou l'ardeur du désir charnel, amour de la solitude aussi, et même l'amour du désamour.
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