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EAN : 9782234088924
144 pages
Stock (02/01/2020)
3.23/5   32 notes
Résumé :
Une femme s’adresse à sa mère. Sa mère qui vient de mourir, sa mère qui répétait, les derniers mois de sa vie, comme un refrain de liberté : Je ne répondrai plus jamais de rien. Quelles raisons, quels mystères justifiaient cette phrase obstinée ?

Linda Lê explore les rapports qui lient une mère et sa fille, abandonnées par un « mari » qui a refusé d’être un « père ». Cet homme n’a jamais renoncé à son amante, additionnant le mensonge à l’esquive ou la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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La narratrice, qui, c'est important, n'a pas d'enfant, s'adresse, comme dans une longue lettre ouverte, à sa mère décédée et qui n'avait de cesse, l'année de sa mort de répéter cette phrase qui constitue le titre « Je ne répondrai plus jamais de rien », « cette ritournelle de sept mots qui avait quelque chose de comique et de pathétique à la fois » (p. 56). Elle lui parle, l'interpelle, la toise, lui pose des questions, et lui répond. Un long monologue très vivant qui revient sur à peu près tout. On apprend ainsi sur le père de soixante-dix ans, habitant dans le quinzième arrondissement de Paris, ancien avocat militant pour le droit d'asile « [qu]'il mourut peu après toi, foudroyé par une nouvelle attaque en pleine rue ». (p. 62). On apprend aussi que la narratrice a un compagnon qui se prénomme Adrien et une demi-soeur qui ignore son existence.

À noter également « la liste de quelques films mythiques sur les rapports entre une mère et sa fille » (p. 37)

Une très ancienne « évaporation » de la mère préoccupe encore, après des décennies, la narratrice : « Ces huit mois durant lesquels tu te serais comme dissoute dans l'air étaient le mystère qui me tarauda dans mon enfance puis dans mon adolescence. » (p. 29). Elle souhaite en « percer le mystère ».

L'Homme-Jasmin « le texte d'Unica Z[ürn] est sous-titré Impressions d'une maladie mentale » (p. 73). La mère en avait gardé dans ces affaires quelques pages déchirées. Ainsi la narratrice va partir sur les traces de cette autrice :

« Ou t'étais-tu raconté des histoires en te glissant dans la peau d'un personnage d'Unica qui, elle-même, n'avait fait qu'écrire sur les ravages de sa schizophrénie ? »
(p. 74)

« Tu avais oublié cet épisode, tu l'avais effacé de ta mémoire. Seuls Adrien et moi avions eu l'indélicatesse de te le rappeler l'année de ta mort, lorsque nous marchions dans les rues d'Elseneur balayées par une bourrasque ». (pp. 78-79)

Les phrases de Linda Lê sont ici plus courtes que dans ses autres romans et souvent interrogatives. La narratrice joue aux enquêtrices avec un langage qui évite avec élégance la répétition maladroite, mais qui réclame cependant la redondance de la litanie.

Le thème de l'exil (géographique, mais aussi mental) est omniprésent dans l'oeuvre de Linda Lê, et ce dernier roman le confirme encore.

Des pages mémorables sur l'amour : amour mère-fille, amour conjugal, de la vie ou de la patrie, celui du père ou l'ardeur du désir charnel, amour de la solitude aussi, et même l'amour du désamour.
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Les relations entre les parents et les auteurs ne cessent d'alimenter les différentes chroniques, parfois pour le pire et souvent pour le meilleur. Cette rentrée d'hiver littéraire 2020 n'échappe pas à la règle avec plusieurs ouvrages dauteurs qui ne cessent d'écrire sur leurs parents, souvent en transcendant ce genre assez éculé.

Après Rachid Benzine et Régis Jauffret , la grande romancière Linda Lê prend également la plume en ce début d'année pour adresser une longue missive, presque un monologue obsédant qui tire vers le soliloque, à sa mère qui vient de décéder.

Avec « Je ne répondrai plus jamais de rien » Linda Lê est d'ailleurs plus proche de Jauffret que de Benzine en tant de réinventer une nouvelle vie et de broder les trous de la vie de cette mère qui ne lui a pas tout dit.

Surtout, cette mère qui a souffert d'un "mari" - le père de la narratrice mais que cette dernière refuse de nommer ainsi- qui a préféré fuir et les laisser tous les deux.

A la recherche de sa vérité, Linda Lê lance un cri du coeur pour refuser ce que cette mère meurtrie et résignée a accepté cette situation et cette absence si prégnante d'un père qui n'aura pas rempli sa mission première.

L'auteure a des sentiments ambivalents pour sa mère dans cet éloge funèbre qui pourrait virer au réglement de compte mais qui , grâce à la plume délicate et inventive de Linda Lê possède une grâce et une indéniable poésie lancinante.

Passé et présent se rejoignent en un seul élan pour tenter de résoudre post mortem les malentendus et les incompréhensions du vivant. Un texte court et acéré qui laissera peu de répit au lecteur ravi de voir la parole se délier et le langage prendre une forme aussi radieuse, malgré la colère et l'amertume, parfois..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le dernier roman de Linda Lê "Je ne répondrai plus de rien" est une lettre (celle de la narratrice) adressée à sa mère, décédée dernièrement.
Lors de la dernière année de sa vie, cette mère racontera cette ritournelle que sa fille ne comprendra pas tout de suite : je ne répondrai plus jamais de rien.
Cette lettre est un cri de colère contre le mari de sa mère qui a été réfugiée en France.
Cet homme, que sa mère va rencontré dans un centre de réfugiés va devenir son mari. le jour de leur rencontre, il va être subjugué par cette femme qui va s'occupé d'un réfugié en pleine crise d'épilepsie.
Lui est avocat et il donne de son temps libre afin d'aider les réfugiés à trouver un toit et leur donner une nouvelle vie. Il est le chevalier que cette femme n'attendait point.
Il va donc se marier. Il va lui construire une maison. Il aura au cours de son mariage avec elle une fille. Elle en deviendra sauvage envers lui.
Mais ce mari qu'elle aime tant n'accepte pas de vivre avec elle. Bien au contraire, il vivra avec une autre femme avec qui il aura aussi une fille.
Cette lettre écrite par la fille de cette réfugiée va énumérer à la fois, sa colère contre un mari et un père absent ; contre le manque de réaction de sa mère contre son mari. Cette missive va aussi permettre à la narratrice de comprendre ces absences de sa mère pendant des mois sans donner aucune nouvelle. Des parties sombres de sa mère qui vont se découvrir au fil des mots.
Dans ce roman d'un certaine puissance, Linda Lê va utiliser des codes universels tels que le trio amoureux, la quête d'une histoire familiale et du mystère qui lie les réfugiés.
L'auteur a écrit son roman telle une lettre, sans aucune pause et sans chapitre. Ce qui permet au lecteur de lire d'une traite, comme si nous avions écrit cette missive nous même.
Pour ma part, je ne suis pas totalement admirateur de ce style de roman. En effet, pour que je puisse trouver ce texte percutant et ressentir toute sa force, il aurait fallu que je le lise d'une traite. Mais j'en avais pas la possibilité. Dommage.
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« Je ne pouvais pas me retenir de penser, devant la réaction de ton mari, que ta mort correspondait bien à cette phrase répétée sans cesse les derniers mois, Je ne répondrai plus jamais de rien. »

Avec ce nouveau roman à une mère, partie pour le néant ou un ailleurs, Linda Lé reprend comme beaucoup d'auteurs en cette rentrée littéraire, un thème bien connu : l'écriture à un être cher, disparu en laissant des questions, des non dits.

Ce texte semble avoir été écrit d'une seule traite : pas de temps de respiration, un cri long, déchirant parfois, de colère souvent, d'incompréhension, mais aussi d'amour.

Pas de chapitres, peu de paragraphes, une mère apostrophée sur chaque page, un père qu'elle ne peut nommer si ce n'est « ce traite de Jason » ou « ton mari ».

Cette lette de colère est d'abord l'expression d'un besoin. Pourquoi et où cette mère aimante, douce, triste, qui a élevée seule sa fille, a-t-elle disparu durant 8 mois?
Huit mois durant lesquels cette mère s'est volatilisée, "comme si elle s'était diluée dans l'air".
Huit mois durant lesquels elle a rencontré Unica qui elle aussi entendait des voix, des voix hurlantes, lui criant « taie toi! Tu n'as pas à traîner sur cette terre qui est faite pour les gens sains, optimistes, alors que toi tu es un cloporte ».

Tout cela a été consigné dans un petit carnet rouge. Mais ce n'est pas assez, l'auteure veut en savoir plus. Alors elle va aller voir ce père qu'elle a détesté pour lui annoncer la mort de sa mère.

Les redites sont nombreuses, le format retenu oppressant et parfois lourd mais cette lettre d'amour aborde avec délicatesse et retenue la maladie mentale, l'internement, la psychose.

Elle est cathartique et aidera l'auteure à aller sur la voie de la résilience avec elle-même et d'une certaine façon avec cette mère disparue.
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La narratrice s'adresse à sa mère défunte. Tutoiement de rigueur et plongée dans la psyché de la disparue dont un dernier voyage au Danemark avec sa fille et le compagnon de cette dernière avait révélé une drôle de réaction quand, par hasard, on avait évoqué un asile psychiatrique proche d'Elseneur ( ville danoise et accessoirement lieu qui sert de décor à Hamlet).
"Je ne répondrai plus jamais de rien" ne plonge pas dans le drame shakespearien mais dans un récit introspectif revenant sur les relations mère/fille tendues et surtout celle avec "ton mari" , formule employée par la narratrice pour évoquer son père qui donne le ton quant à leurs rapports.
Il sera question de départs ( du Cambodge pour la mère puis de son mari menant une double vie) mais surtout d'une période de huit mois, sorte de parenthèse blanche, où sa mère disparaît ( un peu comme Agatha Christie, le romanesque en moins) et qui devient un projet d'enquête pour la narratrice. Nous approcherons avec cette période une zone plus psychiatrique, qui permettra au passage de rendre un petit hommage discret à une artiste peu connue, Unica Zürn ( auteure, amie de Henri Michaux qui laissera beaucoup de dessins aux traits fins).
Le texte dense ( pas de chapitres, pas de dialogues ) dissèque les rapports passés, essaie d'analyser l'humilité de cette mère dont la certitude de n'être rien lui confine pour l'extérieur de la douceur. Hélas, tout cela n'échappe pas à beaucoup de redites, voire un certain ressassement. On peut apprécier le finesse du propos mais le thème usé de "moi et ma mère" peine à sortir du lot...sans doute y-a-t-il encore des amateurs...
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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critiques presse (1)
LeMonde
03 janvier 2020
Avec pour viatique « L’Homme-Jasmin », le livre culte d’Unica Zürn, une fille descend sur les traces de sa mère au plus profond des souffrances de l’exil. Une puissante incantation qui ravive l’héritage de la tragédie vietnamienne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Les recherches ne me prirent pas longtemps. Plusieurs sites de librairies proposaient, d’Unica Z., L’Homme-Jasmin (à mon grand dépit, moi qui aurais tant voulu, en entrant dans le cercle des lecteurs d’Unica, faire partie d’un club très fermé). J’ignorais que je venais aussi de rejoindre une autre communauté, celle des collectionneurs d’œuvres consacrées aux grandes épreuves de l’esprit : le texte d’Unica Z. est sous-titré Impressions d’une maladie mentale.
(p. 73).
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Tu ne tenais pas de discours grandiloquents sur la fraternité, mais tu portais toujours une attention aux obscurs, aux vulnérables, pas uniquement parce que toi-même tu te rangeais parmi ceux-là, mais parce que les puissants pleins de certitude, ceux qui veulent à tout prix attirer la lumière sur eux, te faisaient craindre que ce monde ne devienne vraiment irrespirable.
(p. 100)
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Moi non plus, je n’ai pas la foi, mais l’amour ne m’a jamais tenu lieu de réconfort mystique, Adrien n’a jamais été, à mes yeux, un démiurge capable de ressusciter une femme morte au monde, morte à l’amour. Il est mon complice, ce qui est bien plus précieux. Tu m’as souvent dit que tu m’enviais mes relations avec lui. Il est vrai que ton mari et toi, vous n’avez jamais su ce que complicité veut dire, tu t’es toujours comportée comme si tu étais tellement en dette vis-à-vis de lui que tu te prosternerais presque à ses pieds.
(p. 118-119)
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Le jour où tu avais pour la première fois aperçu ton mari, c’était dans ce centre où les étrangers attendaient de savoir si une place leur serait faite sur cette terre qu’ils voudraient tant considérer comme leur nouvelle patrie, dans ce centre où tu te faisais l’interprète de tes compatriotes, leur traduisant ce qu’ils ne comprenaient pas, les aidant à mettre en forme un récit résumant toutes les épreuves qu’ils avaient traversées, un récit peut-être propre à émouvoir les demi-dieux, détenteurs d’un impérial pouvoir, celui de changer le cours de leur destin en leur accordant l’asile, à eux qui n’étaient que des vermisseaux, ou en rejetant leur demande, les demi-dieux donc qui daignaient entrouvrir une porte pour accueillir l’intrus ou bien n’hésitaient pas à le renvoyer vers ce néant dont il n’était sorti que pour troubler le sommeil des pays dits civilisés, partagés entre la crainte d’une invasion et des élans désordonnés de fraternité.
(p. 14)
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Tu semblais si rompue la plupart du temps, je ne pouvais soupçonner que tu approchais de la fin, que tu allais mourir dans ton sommeil, aussi discrètement que tu avais vécu, sans faire de bruit, sans importuner personne avec des caprices de malade reprochant à ceux qui vont lui survivre de ne pas vouloir partager ses angoisses face au néant, tyrannisant son entourage, sous prétexte que son état requiert toutes les attentions.
(p. 35)
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