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Critique de LaChimere


Après le retentissant succès de Jonah, Taï-Marc le Thanh se détend avec une série plus légère, une trilogie. Cette fois-ci, le fantastique s'invite avec davantage de franchise, quand dans Jonah il servait surtout d'élément à dimension absurde et poétique. La trame de base n'a rien de particulièrement original : un adolescent au talent particulier qui se retrouve entraîné dans une aventure surnaturelle et qui, à cette occasion, apprendra à mûrir et à se dépasser. Cet aspect très générique n'empêche pas d'apprécier la lecture, mais les amateurs d'innovation en fantastique jeunesse risquent de s'ennuyer. Par exemple, l'idée de la pierre magique m'apparaît surtout comme un prétexte pour créer l'univers ; un bon prétexte, mais un prétexte néanmoins. Au début, je peinais à entrer dans l'histoire. Il fallait comprendre l'essence véritable des 7 de Babylone : il s'agit surtout d'un roman d'amusement sans prise de tête. C'est-à-dire : que tu aies moins de treize ans et que les aventures de Jasper fassent battre ton coeur à toute vitesse à chaque fois qu'il enjambe le bord d'un toit, ou que tu en aies vingt et que tu cherches uniquement du divertissement pur pour retrouver ton âme d'enfant, tu trouveras un intérêt à lire Les 7 de Babylone. Si de base je le lisais en pensant y retrouver la finesse et l'avant-gardisme de Jonah, j'ai fini par revoir mes objectifs pour ne pas finir déçue !
Les 7 de Babylone ont pour ambition manifeste de faire accéder leurs lecteurs aux grandes figures de la mémoire collective, quelle que soit leur discipline. Et c'est un franc succès, avec une quinzaine de personnages d'Histoire présentés dans ce seul tome 1. La légèreté est au rendez-vous : j'ai trouvé que ça manquait parfois d'approfondissement, dans le sens où si les personnalités sont développées et acquièrent rapidement des caractères spécifiques, les références laissent à désirer. Après, cet argument vaut ce qu'il vaut, parce que comme il s'agit d'un roman clairement jeunesse, il y a peut-être une volonté de ne pas complexifier à outrance pour ne pas décourager le public visé – à savoir les préados, voire les 8-10 ans. En dépit de ce développement qui reste en surface, la « vulgarisation » des figures historiques est efficace. le décalage entre leur culture et notre monde contemporain amène des situations rigolotes sans devenir pesant ; surtout que si certains n'ont que quelques siècles de retard, pour d'autres ça se compte en millénaires !
Seule véritable déception, les pseudonymes employés pour désigner lesdites figures, entre eux et dans la narration. Chacun des Sept de Babylone en a adopté un, plus ou moins ressemblant à son prénom d'origine, mais je les ai trouvés très peu travaillés. Mozart devient Wolf, Victor Hugo Toth (pas une fois n'est fait le lien avec la divinité égyptienne, si ça vient bel et bien de là), Jake et Will pour Jacob et Wilhelm Grimm… A croire que tout a été anglicisé, que les noms exotiques ont été raccourcis en courts sobriquets de deux ou trois syllabes maximum. Ce que je trouve extrêmement dommage, car certes ça vulgarise pour les jeunes lecteurs, mais les personnages déjà un peu malmenés perdent le peu de profondeur historique qui leur restait. Alors que cette série pourrait être, justement, une occasion d'approfondir la culture générale des lecteurs en proposant de découvrir des aspects inédits mais véridiques de leur histoire, on dirait que tout le contraire a été décidé. Nous verrons Victor écrire et Wolfgang jouer du piano, mais ça ne va guère plus loin… Ce sont de tous nouveaux protagonistes qui sont créés sur la base de leurs homologues historiques, avec des spécificités triées au compte-goutte dans l'unique intérêt du roman ; des personnages entiers, mais amputés de ce qui devait faire leur originalité. Serait-ce pour que les plus jeunes n'aient pas l'impression de lire un roman trop scolaire, qui tenterait de leur imposer un savoir soi-disant en s'amusant ? Qui sait. A voir si cela s'améliore dans les tomes à venir, puisque le premier pose quelques bases susceptibles de développer l'aspect historique – pour ceux qui l'ont lu, je pense surtout aux séquelles maléfiques de la pierre évoquées par Victor Hugo.
Mais ce que je retiendrai surtout de ce premier tome, c'est son intensité. Ses scènes d'action rocambolesques, ses combats en plein Paris qui tordent le nez de la gravité et de la crédibilité, mais qui en a cure ? C'est l'éclate la plus totale, la liberté de ses protagonistes. En cela, le roman marque tous ses points et fera passer un excellent moment à tous les amateurs d'aventures.
Lien : https://lemondefantasyque.wo..
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