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Critique de Diabolau


Un arbre, près des temples d'Angkor au Cambodge, est témoin de 80 ans d'Histoire, et de 80 ans d'histoires. Ça commence dans les années 20 par le pillage de statue par un écrivain blanc et sa femme (je ne comprendrai qu'à la fin, à la vue de la bibliographie, qu'il s'agit d'André et Clara Malraux, car j'ignorais cette anecdote), et ça se termine en 2002 par le voyage solitaire qu'Annie, jeune retraitée, entreprend presque malgré elle, parce que ses collègues le lui ont offert pour sa retraite. L'épilogue nous permettra de comprendre qu'il y a une belle part d'autofiction dans la fin de ce voyage temporel.
J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans ce court roman, mais je me suis finalement laissé embarquer, avec un acmé situé au moment des terribles évènements en rapport avec les khmers rouges, qui doivent détenir la palme de la "révolution" la plus imbécile de la Terre (se faire tuer parce qu'on porte des lunettes, sans déconner ?)
L'idée est bonne, la construction originale (même si pas toujours facile à suivre), on a le droit à de bonnes feuilles de jolie littérature. Dominique Lebel est une autrice singulière. Elle n'hésite pas à "briser le quatrième mur" – pour reprendre des termes de théâtre –, c'est-à-dire celui qui se trouve entre l'auteur et le lecteur, en laissant entendre à la fin tout ce qu'il y a de "réel" dans cette histoire. Un exercice d'équilibriste, s'il en est, qui peut intéresser, mais aussi courir le risque de briser la magie. de même d'ailleurs avec son habitude d'anéantir dans l'oeuf toute possibilité de suspense (ou de quelque chose s'en approchant) en révélant presque systématiquement ce qui va se passer, y compris parfois le destin fatal des personnages, plusieurs pages avant que ça n'ait vraiment lieu. de même enfin avec cette façon distanciée et sans pathos qu'elle a de narrer les évènements y compris les plus tragiques. Dans une novella que j'ai lue d'elle récemment, ce procédé était efficace car il induisait une bonne dose d'humour noir et un côté tragi-comique, mais ici, ça a surtout contribué à me priver d'émotions, et c'est au final cela qui m'aura le plus manqué. J'aurais voulu m'émouvoir du destin de Paul, de Lucie et des deux amoureux secrets, mais je n'y suis pas parvenu.
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