AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Delphine-Olympe


Peut-être vous êtes-vous déjà arrêté devant l'une des affiches publicitaires sur lesquelles Léa Seydoux promeut les produits Louis Vuitton. En tout cas, moi oui. Jérémie Lefebvre aussi. La différence entre lui et moi, c'est que je me suis contentée de ruminer le sentiment de colère que cette image suscitait confusément en moi avant de passer mon chemin, quand lui l'a creusé, l'a trituré, a interrogé son indignation jusqu'à en faire ce petit livre d'une exquise insolence, aussi drôle que percutant.

Car enfin, à quoi peuvent bien rimer ce regard hautain, cette posture tournant résolument le dos à une oeuvre d'art ainsi ravalée au rang de papier peint et ce matraquage sur des arrêts de bus que les clients potentiels de la marque ne doivent pourtant pas beaucoup fréquenter ?

Qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Léa Seydoux, se demande l'auteur, pour accepter ce contrat « d'un montant strictement confidentiel » ? La star, en outre héritière de l'une des plus grosses fortunes de France, aurait-elle connu une petite difficulté passagère ? Après tout, les imprévus financiers ne sont pas réservés aux seuls revenus modestes : des travaux importants à effectuer ou une petite tracasserie ayant trait au système fiscal français ont vite fait de vous tomber sur le coin de la figure… A moins que la signature de ce contrat n'ait fait suite à un pari perdu lors d'une soirée bien arrosée avec ses copines actrices : la première qui se vautrait devenait l'égérie d'une marque « vraiment atroce », à définir selon leurs propres critères... Ou alors, suivant un penchant personnel, Léa Seydoux avait-elle simplement eu envie de remettre au goût du jour « le look vieille bourgeoise ». Ou bien encore, contre toute attente, Léa était-elle dans le fond une virulente gauchiste ayant pour objectif de susciter chez ses concitoyens un sentiment de dégoût si vif que le spectacle humiliant d'un mépris de classe exhibé au nez du peuple allait exciter sa colère au point que celui-ci allait enfin se soulever pour renverser le système qui l'opprimait…

Avec une fausse ingénuité et surtout une bonne dose d'ironie, Jérémie Lefebvre imagine ainsi une litanie de motifs qui auraient pu conduire l'actrice à incarner la célèbre marque, afin de souligner l'obscénité de cette campagne publicitaire, mais plus encore l'arrogance d'une classe animée par une insatiable et dévastatrice soif de profit.

Si le procédé et le propos ne sont pas neufs, ce pamphlet présenté sous la forme d'une lettre adressée à l'intéressée est un bijou de causticité, d'autant plus opérant que l'auteur interroge dans un deuxième temps la validité de son propre texte à travers le dialogue engagé avec son éditeur. Si j'ai beaucoup ri à la lecture de ce bref opus, j'en ai surtout apprécié la pertinence. J'imagine que certains trouveront le propos outrancier, mais une chose est sûre, il décrypte parfaitement les images dont nous sommes matraqués. Pour moi, c'est tout simplement une oeuvre de salut public.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}