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EAN : 9782360842094
96 pages
Inculte éditions (04/10/2023)
3.79/5   14 notes
Résumé :
" Le roman de Jérémie Lefebvre, Léa V., nous plonge dans la psyché d’un simple citoyen perturbé au plus haut point par une affiche publicitaire mettant en scène une actrice célèbre posant pour une marque de luxe. C’est moins l’industrie du luxe – et son recours aux stars – qui est ici abordé que notre rapport à ces images qui semblent venues d’un autre monde et nous renvoient à une fausse insignifiance.
Un roman irrévérencieux, drôle et singulier, qui pousse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un bel exercice de style, ce court roman de moins de cent pages. de la rhétorique poussée parfois à l'extrême, limite masturbation intellectuelle.
Le narrateur passe un beau jour devant une pub sur un abribus. Cette affiche met en valeur les produits Louis Vuitton, mais c'est le mannequin qui attire son attention.
Laissons notre homme vous raconter sa rencontre : « J'avais l'impression que, sur cette affiche, vous essayez de me dire quelque chose, alors je suis revenu sur mes pas. En effet, l'expressionde vos yeux était d'une intensité troublante, qui ressemblait à une injonction à peine inquiète, dont je n'arrivais pas à comprendre le sens, alors j'ai reculé un peu, pour appréhender l'mage dans son ensemble. Vous étiez assise sur un banc, au milieu d'une salle d'exposition d'art abstrait, les jambes croisées, l'avant-bras gauche posé sur la cuisse avec la main au bout qui pendait, l'autre main caressant votre cou ».
S'ensuivent diverses interrogations et hypothèses sur l'attitude de l'égérie et sur les raisons qui ont pu la pousser à accepter un tel contrat avec le groupe LVMH. le narrateur s'adresse directement au mannequin comme s'il le faisait par courrier. Pourquoi avez-vous choisi ce symbole du luxe extrême ? Il scrute son regard y voit tout à tour de l'inquiétude, du contentement, un air boudeur, contrit, ses motivations peuvent-elles être, la cupidité, la soumission, la provocation ? Dans une débauche de pistes et d'arguments, Léa (il s'agit de Léa Seydoux, ambassadrice de la marque Louis Vuitton depuis 2016), nous apparait tour à tour victime ou figure haïssable.
Quand, bientôt, une nouvelle campagne publicitaire mettant en scène la même actrice oblige notre homme à se remettre en question. Après tout, ses jugements ne reflètent que ses propres ressentis et il explique et redémonte, habilement, un à un tous les arguments préalablement élaborés.
Ce petit bouquin est en fait un réquisitoire contre l'industrie de luxe et sa gestion des stars. J'ai trouvé la deuxième partie beaucoup plus plaisante, dans la première partie à charge j'ai trouvé le style un brin pompeux. Mais cela reste, néanmoins, un bel effort d'éloquence.
Merci aux Editions Inculte de m'avoir permis cette lecture.

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Quel bonheur de rencontrer, surtout sous une plume masculine, exactement ce que l'on pense de cette affreuse mode Vuitton (« le look total connasse duty-free.. look vieille bourgeoise…ringardise guindée… »), et de Léa V. cette actrice dont on aime bien le travail,'mais dont, personnellement, la beauté ne vous a jamais bouleversée!
Et quelle étrange sensation que de se rappeler que, devant la même affiche publicitaire vous vous étiez posé à peu près les mêmes questions ( en moins élaborées), en tout cas aviez partagé le même profond étonnement….

Souvenir, aussi,'d'autres affiches qui vous avaient plongée elles aussi dans la perplexité : Laëtitia Casta posant nue, de dos, les fesses posées sur un énorme glaçon, pour les Galeries Lafayette…. La magnifique Jerry Hall renversée, pâmée, en train d'appliquer sur sa gorge une touche dOpium, de Saint-Laurent. Très belles photos, au demeurant, parfaitement à leur place dans un magazine ou dans un catalogue. Mais dans la rue, dans le métro : sur le quai, juste en face de vous, les fesses de la belle Laettitia flottant au-dessus d'un voyageur, dont la tête à cet instant précis dissimulait le tabouret-glaçon ?
Le génial publicitaire avait-il prévu ce genre d'effet, à la fois cocasse…. et dérangeant ?

Mais voilà que je me mets au diapason de Jérémie Lefebvre, et me mets à mon tour à vaticiner sur l'impact que certaines campagnes publicitaires peuvent avoir dans nos vies, dans nos imaginaires!
Dans ce roman, pour faire bref: une première partie constituée comme une lettre adressée à Léa V. pour lui demander quels pouvaient être ses motifs pour participer à cette campagne d'affichage pour cette (hum hum hum, moi non plus je ne veux pas de procès)…. cette marque. de la plus anecdotique à la plus personnelle, pour déboucher sur les explications politiques, voire révolutionnaires, voire planétaires, toutes les options, méthodiquement, sont envisagées - pour ainsi dire « bûcheronnées ».

Ensuite, un bref petit retour nombriliste, affligé, doloriste, puis avec la même précision paranoïaque, les déploiement et contre-déploiement des argumentaires que pourraient développer aussi bien la partie adverse (les avocats de Léa, ou de la société V. , si elles décidaient d'engager des poursuites ), que les avocats de son éditeur, s'il se décidait à publier…. Ou lui-même, pour le dissuader de publier…

Franchement, et bien sûr il faut aimer les complications intellectuelles labyrinthiques, mais cela m'a paru époustouflant. Je crois que je n'ai jamais rien lu de tel!
J'ai envie de lui appliquer ce qu'il dit/écrit de son éditeur :
« il est fatigué. Il a passé trop d'années à défendre ce genre de littérature qui prétend -sans jamais l'avouer- inventer une langue et créer de l'inconfort en cassant les codes de la narration ».

Alors moi pour ma part je vous le dis comme je le pense : Jérémie L., chapeau bas!
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Peut-être vous êtes-vous déjà arrêté devant l'une des affiches publicitaires sur lesquelles Léa Seydoux promeut les produits Louis Vuitton. En tout cas, moi oui. Jérémie Lefebvre aussi. La différence entre lui et moi, c'est que je me suis contentée de ruminer le sentiment de colère que cette image suscitait confusément en moi avant de passer mon chemin, quand lui l'a creusé, l'a trituré, a interrogé son indignation jusqu'à en faire ce petit livre d'une exquise insolence, aussi drôle que percutant.

Car enfin, à quoi peuvent bien rimer ce regard hautain, cette posture tournant résolument le dos à une oeuvre d'art ainsi ravalée au rang de papier peint et ce matraquage sur des arrêts de bus que les clients potentiels de la marque ne doivent pourtant pas beaucoup fréquenter ?

Qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Léa Seydoux, se demande l'auteur, pour accepter ce contrat « d'un montant strictement confidentiel » ? La star, en outre héritière de l'une des plus grosses fortunes de France, aurait-elle connu une petite difficulté passagère ? Après tout, les imprévus financiers ne sont pas réservés aux seuls revenus modestes : des travaux importants à effectuer ou une petite tracasserie ayant trait au système fiscal français ont vite fait de vous tomber sur le coin de la figure… A moins que la signature de ce contrat n'ait fait suite à un pari perdu lors d'une soirée bien arrosée avec ses copines actrices : la première qui se vautrait devenait l'égérie d'une marque « vraiment atroce », à définir selon leurs propres critères... Ou alors, suivant un penchant personnel, Léa Seydoux avait-elle simplement eu envie de remettre au goût du jour « le look vieille bourgeoise ». Ou bien encore, contre toute attente, Léa était-elle dans le fond une virulente gauchiste ayant pour objectif de susciter chez ses concitoyens un sentiment de dégoût si vif que le spectacle humiliant d'un mépris de classe exhibé au nez du peuple allait exciter sa colère au point que celui-ci allait enfin se soulever pour renverser le système qui l'opprimait…

Avec une fausse ingénuité et surtout une bonne dose d'ironie, Jérémie Lefebvre imagine ainsi une litanie de motifs qui auraient pu conduire l'actrice à incarner la célèbre marque, afin de souligner l'obscénité de cette campagne publicitaire, mais plus encore l'arrogance d'une classe animée par une insatiable et dévastatrice soif de profit.

Si le procédé et le propos ne sont pas neufs, ce pamphlet présenté sous la forme d'une lettre adressée à l'intéressée est un bijou de causticité, d'autant plus opérant que l'auteur interroge dans un deuxième temps la validité de son propre texte à travers le dialogue engagé avec son éditeur. Si j'ai beaucoup ri à la lecture de ce bref opus, j'en ai surtout apprécié la pertinence. J'imagine que certains trouveront le propos outrancier, mais une chose est sûre, il décrypte parfaitement les images dont nous sommes matraqués. Pour moi, c'est tout simplement une oeuvre de salut public.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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C'est un « post » de l'écrivain (et bibliothécaire) Cyrille Martinez qui m'a appâté. ou plutôt séduit. Intrigué du moins. J'ai acheté sur son conseil, indirect (et non-intéressé), ce Léa V. qui s'est avéré être un livre à la croisée du génial "Charlot déprime" de Grégoire Bouillier, de "Aux voleurs" de Bruno Gibert aussi, et de "La Société de provocation" de l'admirable Dahlia Namian. L'ouvrage de Jérémie Lefebvre tient à la fois du pamphlet qui dénonce une certaine obscénité des riches – ici une publicité pour une grande marque (Vuitton) portée par (l'image d') une actrice bien connue, petite-fille de la 39ème fortune de France – et du livre performance à la Perec (voir le petit livre intitulé "L'Art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation"). L'auteur ne choisit pas la facilité et retourne continuellement la critique contre elle-même en trois situations menées tambour battant (la grande force du roman : le rythme est soutenu jusqu'à la dernière ligne !) : la première fois lorsqu'il découvre la publicité de Vuitton et se demande si Léa a accepté d'être l'égérie de la marque par effronterie, par provocation, par obligation, etc. ; la seconde fois lorsqu'il retombe sur une deuxième pub et recommence sa rumination ; la troisième lorsqu'il émet des doutes à ce que son éditeur accepte de publier cette lettre, puis hésite lui-même. Ça part dans tous les sens, c'est drôle, très intelligent, et permet aux lectrices et lecteurs de se poser mille et une question sur la société de consommation comme celle du spectacle. Prodigieux.
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J'ai lu ce roman d'une traite un dimanche matin, il est réellement composé de 2 parties et je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à la tournure qu'allait prendre la seconde. Je trouve le style fluide et facile à lire. On l'impression d'être dans la tête du protagoniste principal et d'aller aussi vite que ses pensées. Je recommande cette lecture qui, malgré quelques côtés donneurs de leçons sur le capitalisme et ses effets, était assez convaincante dans le ton. Je pense qu'il faut le prendre comme ce que c'est ; c est à dire une pérégrination d'un passant et les dérives des pensées comme on peut tout.es en connaître.
J'ai bien aimé découvrir un peu "l'autre côté" de la vie d'un écrivain, un peu à la façon de la série 10%, soit son rapport (ou supposé) avec son éditeur et sa maison d'édition.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Et j’ai eu honte. D’un seul coup je me suis vu, planté là, sous la pluie, à scruter depuis une demi-heure, à vouloir pénétrer vos motivations, trouver absolument une explication à votre présence sur cette affiche, et pour ce faire n’hésitant pas à convoquer la théorie critique, l’économie, la psychologie et – surtout – la morale, tout plutôt que de m’interroger sur moi-même. »
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Videos de Jérémie Lefebvre (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérémie Lefebvre
Bande annonce du roman "L'Italienne qui ne voulait pas fêter Noël" de Jérémie Lefebvre aux éditions Buchet Chastel, en librairie le 24 octobre 2019.
Francesca a quitté Palerme pour étudier la littérature à la Sorbonne. Suite à un défi amoureux, elle relève le pari d'annoncer à sa famille qu'elle ne réveillonnera pas avec eux : en quoi cela poserait-il problème dans sa famille athée, de gauche, respectueuse de la liberté de chacun ? Mais c'était oublier l'importance de Noël dans la Péninsule…
Comme au début d'un film d'horreur, Francesca débarque à Palerme sans se douter un instant des catastrophes qui s'apprêtent à déferler sur elle. Sa mère, son père, son frère et sa soeur vont, tout en prétendant accepter ses choix, s'employer à la faire changer d'avis, et recourir aux moyens les plus loufoques et les moins loyaux… Cette plongée cocasse dans une famille sicilienne d'aujourd'hui ne serait-elle pas aussi une exploration de nos propres névroses, de notre rapport à la tradition, à l'appartenance – et à la gastronomie ?
Une subtile comédie à l'italienne qui joue avec les clichés des névroses familiales, de la France et de l'Italie.
Né en 1972 à Rouen, Jérémie Lefebvre est écrivain, auteur-compositeur et comédien. Il vit à Paris. Dans la chanson, il collabore notamment avec Pascale Borel. Il est également compositeur de musiques de films. Jérémie Lefebvre est l'auteur de quatre autres romans : "La Société de consolation" (Sens&Tonka, 2000), "Danse avec Jésus" (Lunatique, 2011), "Le Collège de Buchy" (Lunatique, 2015) et "Avril" (Buchet/Chastel, 2016).
Crédits de la vidéo Voix : Roberta Guttadauro et Pascale Borel Modèle: Prune Reynaert, photographiée par Michel Amet Réalisation : Jérémie Lefebvre
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