Citations sur Les routes de la vodka (20)
Au village, quand on invitait quelqu’un chez soi, si on offrait pas de vodka, c’était foutu, les invités étaient mécontents. Le critère, c’était le nombre de bouteilles de vodka vides à la fin du repas. La nourriture, ça venait après. Parce que la vodka n’était pas à la portée de tout le monde. L’invité devait être bourré, sinon on avait manqué d’hospitalité.
Boire est une joie pour les Russes et nous ne pouvons vivre sans boire.
Zourat a-t-il passé le balai depuis la chute de l’URSS ? Si l’on se réfère aux standards occidentaux, mon hôte vit dans un taudis. Si l’on prend comme étalons les standards ex-soviétiques, il s’agit aussi d’un taudis.
La dureté de leurs traits témoigne de leur condition : ce sont des paysans. Et les paysans, où que se trouve leur terre, qu'ils soient riches ou miséreux, gallois, texans ou kirghises, ont cela de commun : le labeur les façonne. Il imprime un palimpseste par-dessus leur faciès. Je le sais car je suis fils de paysans, parce que j'ai observé le visage de mon père lorsque les foins ou la moisson l'accablaient de stress et d'effort, et parce que je ne me lasse pas d'observer, depuis lors, les visages paysans.
Il y a 100 ans, on était des éleveurs, on vivait dans des yourtes… Les Russes nous ont donné des universités, de l’éducation, un programme nucléaire, des villes, des routes… L’Europe a mis mille ans pour devenir moderne. La Russie nous a foutu ce coup de pied au cul en 200 ans.
- Tu as des problèmes de santé à cause des radiations?
- En Ukraine, à l'époque, le médecin m'a dit: "Bois de la vodka tous les jours ou tous les deux jours. C'est bon contre les radiations."
Cela parait grotesque. Une farce! C'est tellement absurde que je ris, pensant qu'Hidayat va m'emboiter le pas. J'ai tort. Il ne rit pas. Il est très sérieux.
L'apparition de la vodka, l'ouverture des tavernes et l'organisation par l'Etat d'une "ébriété rentable" ont tout changé .Il devenait possible de boire seul, dans des établissements dédiés, à n'importe quel moment de l'année, et de s'enivrer jusqu'à dilapider son dernier kopeck. A la tradition de l'alcoolisation festive s'ajoutait désormais un savoir-faire en matière de "biture" qui deviendrait la marque de fabrique de toute une nation... ainsi, qu'un des éléments exportés dans son empire, jusque dans les montagnes d'Azerbaïdjan.
J'aime d'ailleurs la Russie parce que j'y trouve l'opposé de ce qui me déplaît en Occident - le matérialisme érigé en religion, la "normalisation" rampante des relations humaines, la foi aveugle dans la technique. J'aime l'existentialisme russe, l'irrationalité et le mysticisme slaves." (p295)
La vie ne dure que sept jours, ajoute t il. Quand t'es vieux, c'est le week-end, tu te relaxes. Ça ne laisse que cinq jours pour prendre du plaisir.
Les mœurs russes ont trop infusé pour que l'islam détourné définitivement le peuple des plaisirs de l'ivresse.