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Critique de EvlyneLeraut


Poignant, crucial, un choc et une urgence de lecture. Un outil nécessaire pour le monde éducatif, là où gravite la jeunesse.
Sociétal, il lève le voile sur le harcèlement scolaire et les conséquences dramatiques pour la personne harcelée.
Ici, c'est un témoignage à quatre mains. Louise : Agathe dans la vraie vie, la narratrice majeure de ce kaléidoscope. Liane : Diane, victime et soeur en vérité d'Agathe.
Sa voix sera tout au long du récit, de silence, de combat et de peur. Ce sont ses écrits véritables ( à peine déformés) qui vont nourrir la trame.
Un drame incommensurable, une famille en perdition, la culpabilité aux abois.
Louise habite avec son compagnon à Singapour, lorsqu'elle reçoit un appel insistant de son père, puis des messages. Elle va rappeler son père et apprendre que Liane vient de se suicider et que c'est trop tard. le tsunami est dévastateur. Une famille qui s'effondre tel un château de cartes. Louise aura de cesse de rassembler l'épars. Fusionnelle avec sa petite soeur, elle n'a pourtant rien pressenti, rien vu venir. Les écrits de Liane, tels des exutoires, vont bousculer les non-dits et la preuve que Liane était harcelée depuis sa jeune enfance à l'école. Au collège par deux élèves Céline et Valentin. N'oublions pas que l'homme est un loup pour l'homme et que les enfants sont cruels. On ressent comme une tarentule qui enferme Liane. le danger est vaste et la chute prévisible. Elle met des mots sur ses maux. S'enferme dans les murailles de sa chambre. L'écho est le néant, la solitude abyssale. Comment ses parents et ses soeurs pouvaient-ils se douter ? Elle n'était que pudeur et effacement, secrète sur ses tourments. Grandissante, paranoïaque, prise de délires, elle a peur de tout et pour cause. Les angoisses-gouffres, les bruits des portes, les ombres qui se profilent. Son coeur bat la chamade. Elle est si condamnée dans sa tour de violence, qu'elle pressent encore son harceleur devenu adulte, de l'agresser. Une victime prise en tenaille à la vie à la mort.
Le récit est doté de sources vraies. Documents officiels, tracés de la police, plaintes et plus encore.
C'est pour le lecteur, une mise en abîme impensable et pourtant vraie. L'impression aussi un peu malsaine d'un voyeurisme pour celui ou celle qui ne lit qu'au premier degré. Mais ce texte est engagé. Il a un but. Il apporte une pierre à l'édifice d'une fratrie qui s'écroule. Il appuie là où ça fait mal. Certes, « Le livre de Liane » est aussi romancé. Mais c'est judicieux et le champ journalistique s'efface. On peut alors comprendre combien le socle familial devra sa chance de survie au lien fort qui enveloppe cette famille pour toujours. Ce livre est un fait (non divers) tant sa gravité est le modèle à abolir. Il attise les vérités pour mieux nous bousculer. C'est une prise de conscience sur un fléau qui ne devrait plus exister. À quand les chantiers blancs sur ces drames ? Que le harcèlement devienne une question nationale !
Ce livre d'Agathe Lemaitre qui frôle parfois le thriller est un hommage à Liane (Diane) et aux victimes harcelées. Au-delà, c'est le macrocosme d'une famille soudée dans cette épreuve infinie qui mérite le respect. Ne jamais juger. Apprendre à toujours se méfier. Veiller sur les siens et les autres comme du lait sur le feu. C'est un cauchemar dont une famille ne s'éveillera jamais. Ce livre a une capacité d'amour d'une force terrible. L'intégrité de la parole.
Véritablement que la jeunesse lise ce livre et que cette question sur le harcèlement soit enfin une cause nationale.
Publié par les majeures Éditions Harper Collins.
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