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Critique de ODP31


ODP31
07 février 2020
Fin de la trilogie de l'entre-deux-guerres. Appréciation entre deux chaises, ce qui, entre nous, n'est jamais très confortable.
Pourtant, Pierre Lemaitre porte bien son nom tant on se sent esclave de ses romans. Un maître qui ne torture ni ses sujets, ni son sujet. Pas de coup de martinet, le lecteur est trop douillet, pas de paragraphes à rallonge qui égarent l'attention, juste un écrivain qui excelle dans l'action, héritier des auteurs de feuilletons populaires du 19 ème siècle.
De mon côté, le troisième tome des Enfants du désastre disposait depuis deux ans d'une place réservée dans le carré VIP de ma bibliothèque, pourtant bondée comme un RER aux heures de pointe.
Le premier contact avec l'objet tant attendu, après pas mal d'impatience car je n'ai pas osé resquiller la file de clients de ma librairie, ligne Maginot de la bienséance, me déçoit un peu. Je trouve le titre, Miroir de nos peines, un peu meringué. Pourquoi pas Reflet de nos ombres, Eclats de tristesse ou Larmichettes dans le rétroviseur tant qu'on y est ?
Peu importe, je ne m'arrête pas à la couverture, j'aime bien regarder ce qui se passe sous les draps chiffonnés de l'histoire.
Trait d'union du premier roman, Louise est une institutrice qui assure aussi le service dans un troquet parisien. Un vieil habitué propose de la payer 10 000 francs pour la voir nue. Cet épisode va la conduire à partir à la recherche de son passé.
Elle ne va pas être seule sur la route. En ce printemps 40, pour les bouchons, c'est pire que le chassé-croisé du 15 août. Elle se mêle à la transhumance d'une population désorientée sur les routes pour fuir l'invasion de l'armée allemande. A l'époque, ni bison futé, ni Info trafic, juste de la propagande où excelle Désiré, un génial usurpateur d'identité, caméléon mythomane.
Le roman suit aussi deux militaires peu désireux de léguer leurs corps à la mitraille, Gabriel et Raoul, clones moins réussis des héros d'"Au revoir là-haut". le vieux problème des copies de copies.
Si j'ai été charmé de faire la connaissance de ces personnages, conquis par la reconstitution de l'exode et par la verve rocambolesque de l'auteur, mon enthousiasme s'est effiloché au fil des coïncidences alambiquées qui conduisent les héros à se retrouver un peu par miracle malgré le désordre ambiant. Nous dirons que le destin est un merveilleux GPS…
Reste cette capacité indéniable à imprimer certaines scènes mémorables dans la mémoire de ses lecteurs (Ici la destruction d'un pont ou l'exode pénitentiaire). Pierre Lemaitre est plus tatoueur qu'auteur.
Finalement, le meilleur titre pour clore cette trilogie et ces retrouvailles, n'aurait-il pas été, écho d'"Au revoir là-haut", "A bientôt, ici-bas" ?

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