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Critique de paulmaugendre


A la Ferté-Bernard, dans la Sarthe, il existe en bas de l'immeuble où vit Amaury, le narrateur, un jeune étudiant, une boutique intitulée La Bibliothèque de l'ombre. Un établissement original qui propose de se restaurer tout en compulsant, ou achetant, les milliers d'ouvrages anciens et d'occasion qui garnissent les étagères, lesquelles pourraient remplacer les murs.

Dans cette échoppe achalandée, tout autant de vieux messieurs que d'étudiants, siège derrière un bureau une vieille dame handicapée à la suite d'un accident vasculaire cérébral. Et tous les vendredis, Amaury retrouve Georges-Louise, la Bibliothécaire et logeuse, afin de prendre leur repas, sucré ou salé selon leur convenance, préparé par Tita, la serveuse cuisinière au visage de fée noire.

Ce vendredi-là, avant de rejoindre Georges-Louise, Amaury a joué à la marelle avec un gamin surnommé petit Nemo. Amaury avait trouvé une pierre plate dans le limon de la Même, et il a eu l'honneur de commencer. Cette marelle est dessinée à l'envers, et le départ s'effectue du ciel.

Georges-Louise, attablée comme d'habitude à son bureau en bois d'acajou, est avide de connaître les derniers rêves d'Amaury et elle consigne dans un petit carnet rouge ce qu'il lui narre. Mais ce ne sont pas les seules confidences qu'elle écrit, car elle n'a cesse de rédiger, elle seule sait quoi.

Amaury lui raconte comment il a eu un rêve prémonitoire, lequel lui a permis de découvrir la pierre de marelle, ayant avant de s'endormir la veille inscrit sur un bout de papier Amaury, trouve la pierre !, une injonction qui s'est révélée efficace.

Georges-Louise lui apprend incidemment qu'elle vient de louer à une jeune fille un studio au même étage que le sien, le numéro 22, tandis que lui est au 21. Et lorsqu'il rencontre cette jeune fille, prénommée Danielle, une jolie rousse, il en tombe inconsciemment amoureux. Mais ses conversations avec Georges-Louise ne restent pas lettre morte.

Il entrevoit Danielle dans le couloir de son étage et la belle rousse lui remet une enveloppe qu'elle a découverte sous sa porte. A l'intérieur une lame de tarot et inscrit au dos : Je t'attends.

Pour la Bibliothécaire, sa conception du rêve est en contradiction avec les théories de Descartes, et cela va amener Amaury à connaître des épisodes entrecoupés, entre rêve et réalité, au cours desquels il distingue La Velue, sorte de serpent aquatique, sortant de l'Huisne, puis à se retrouver dans la nef de l'église de Notre-Dame des Marais, allongé devant un autel, alors qu'une inondation s'étend dans les rues de la cité et dans les caves.

Il va également, au cours de ses pérégrinations, découvrir qu'entre Georges-Louise et son père, avec lequel il est fâché, il y eut une histoire d'amour. Il extrapole, la Bibliothécaire pouvant être sa mère, mais ce ne sont pas les seules révélations qui lui sont faites, révélations puisées dans la réalité ou dans ses rêves.



Tout, dans ce court roman, oscille entre rêve et réalité, comme un passage à travers le miroir, l'onirisme étant toujours présent. Une promenade dans la cité sarthoise en même temps qu'une flânerie dans les divagations mentales du jeune narrateur fomentées par ce qu'il sait, ou croit savoir, ce qu'il apprend, ce qu'il ressent, ce qu'il songe, ce qu'il imagine dans une projection entre hier et aujourd'hui.

La lame de tarot, dit tarot de Marseille, remise par Danielle à Amaury, constitue le pivot central du récit. C'est le symbole de l'art divinatoire à rapprocher des prémonitions d'Amaury. Tout tourne autour de la représentation des différents emblèmes de l'histoire locale et de ce qui gravite dans l'esprit d'Amaury. Personnage central, cette femme rousse, nimbée, vêtue de vert, encadrée par deux chiens surnommés dans le récit Ombre et Lumière, La Velue qui s'entortillonne aux jambes du personnage figurant Danielle dans l'esprit d'Amaury, le nombre XXII, et autres éléments dont la signification se dévoile peu à peu.

Dès les premières lignes, le lecteur se trouve happé, empoigné par cette intrigue qui est tout autant une enquête qu'un conte philosophique, avec en arrière-plan la figure de José-Luis Borges.



Sommaire :

Introduction, p.7
Notre-Dame de Minuit, p.13
«Borges et la Velue», Emmanuel Levilain-Clément, p.141
«La Velue, légende de la Sarthe», p.145

Remerciements, p.149
Bibliographie et suggestions de lecture, p.151
À propos de l'illustration de couverture, p.153



Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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