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Critique de JML38


La jeune Pucci, de son vrai nom Leonora Agnela Immocalata, fait partie des pensionnaires du couvent des ursulines de Vicence qui, ne connaissant rien des géniteurs qui les ont confiées à cette institution, peuvent s'abandonner « aux plus flatteuses supputations ».
Mais pour Pucci, la révélation pourrait bien faire suite à la visite d'un abbé, venu la chercher à la demande de sa mère pour la ramener à Venise encore synonyme de splendeur en cette année 1762.

Le changement est d'importance pour la jeune femme qui, à défaut d'une mère, se découvre un père appartenant à la noblesse de la Sérénissime, et dont l'ambition est tout simplement de se faire élire doge à la place de celui qui se meurt.
Elle apprend rapidement qu'elle est destinée à un mariage dont le but est de sceller une alliance avec la famille Monecigo, dont l'appui est indispensable à Cesare Dalla Frascada, son père, pour réaliser son rêve.

À peine organisé, le mariage tombe à l'eau – à Venise elle était facile –, Dala Frascada se retrouvant invité à s'installer dans une chambre des « plombs » – les célèbres prisons situées sous les toits du palais ducal –, victime d'une dénonciation concernant quelques activités illicites.
Il faut dire qu'à Venise tout se fait et se défait à une rapidité qui défie l'entendement. L'un des intérêts majeurs de ce roman est de nous faire pénétrer avec un certain humour au coeur d'une cité ne connaissant aucun équivalent. L'auteur décrit avec une précision diabolique les mécanismes d'une complexité impressionnante qui régissent la vie de Venise – il suffit pour en avoir une bonne idée d'essayer de suivre les explications sur la désignation des électeurs du futur doge –, qui ont pour vocation de protéger la cité du despotisme en privilégiant l'accès aux postes clés par scrutin, tout en maintenant tout de même la préséance des grandes familles de la noblesse historique – même ruinées – dans la conduite des affaires de la cité.

Pour venir en aide à son père, Leonora se trouve confrontée à un système qui la dépasse, d'autant plus qu'elle doit respecter les règles qui dictent la conduite d'une jeune femme de sa condition, que lui enseigne un savoureux M. de Rofiniac. Mais il en faut plus pour décourager Leonora, qui a déjà prouvé chez les ursulines de grandes capacités de déduction. Avec l'aide de Flaminio dell'Oio, un aristocrate désargenté qui subsiste en monnayant ses prédispositions à franchir toutes les portes quelle que soit l'institution qui se trouve derrière, elle n'hésite pas à affronter d'éminentes personnes, quitte à remonter jusqu'aux instances les plus élevées de la Sérénissime.

Même si je n'ai pas retrouvé toute la verve dont fait preuve Frédéric Lenormand dans ses « enquêtes De Voltaire », j'ai apprécié ce premier opus des aventures vénitiennes de Leonora. Les mystères et le romanesque de la Cité des Doges sont bien rendus, et l'intrigue, malgré un démarrage laborieux fort logique pour un épisode qui se doit de présenter les personnages, réserve quelques surprises qui sont bien à l'image du cadre particulier dans lequel l'histoire se déroule.
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