Une seule longue phrase, une litanie de navrances, désillusions, refus, explications, articulée sur des groupes de mots repris comme des refrains, comme des appuis qui permettent au verbe de prendre appui, de rebondir, de continuer, en s'infléchissant le cas échéant, d'introduire un nouveau thème. Un (je ne sais, je crois que cette impression n'est pas partagée mais elle fût chez moi instinctive, et s'est installée – et cela faisait partie du plaisir, comme une compagnie, une presque familiarité)
Thomas Bernhard qui aurait renoncé presque définitivement aux points, qui rebondirait sans pause – cependant à quelques reprises les propositions s'enchainent ex-abrupto sans cet appui du refrain ou d'une subordonnée et le point est peut être là, invisible mais sensible furtivement. Je me demande s'il serait audible dans la belle expérience que serait une lecture à haute voix, comme un fleuve dont il faudrait rendre évident la façon qu'a le déroulement de la phrase de jamais perdre de vue le sens, de faire récit. de l'amener jusqu'à cela : que cette phrase, ce discours, c'était façon d'accompagner la désespérance.
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