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Critique de Zephirine


Membre d'un réseau de partisans antifascistes, Primo Levi, jeune ingénieur de 25 ans, est arrêté et déporté à Auschwitz. C'est le début de l'année 1944 et la plongée dans l'enfer sur terre. Primo Levi figurera parmi les quelques survivants. Son passage et sa survie dans les camps nazis vont modifier son destin : il sera écrivain pour témoigner de son expérience.
Ce recueil regroupe dix de ses nouvelles ainsi que deux poèmes. On y retrouve des récits mettant en scène des hommes que Primo Levi a côtoyé durant ses années de camp. D'autres textes sont plutôt dans le registre de l'anticipation comme « La belle endormie dans le frigo » histoire de Patricia, conservée dans le froid et que ses propriétaires décongèlent deux trois fois l'an dont le jour de son anniversaire. Les invités admirent la jolie carnation de la jeune et jolie blonde qui a traversé les siècles sans une ride et dont Baldur tombe éperdument amoureux. Dans « Papillon angélique » les troupes d'occupation découvrent d'étranges restes dans une maison encore debout dans les ruines de Berlin. Son locataire, le professeur Leeb a disparu, emportant son secret. Une voisine témoigne, elle a vu des hommes emprisonnés, puis d'étranges créatures les remplacer.
L'auteur nous raconte l'enfer qui peut ressembler pour certains à un petit paradis comme dans « Auschwitz, une petite ville tranquille » où un jeune chimiste allemand accepte d'aller travailler aux usines Buna d'Auschwitz où travaillent les prisonniers des camps. Il espère que sa jeune épouse et lui y trouveront la tranquillité et y seront plus en sécurité qu'en Allemagne où les bombardements font rage.
On croise aussi d'étranges personnages comme ce Rappoport dans « Capaneo », un homme « rusé et violent, avec une trempe de braconnier et de corsaire ». Amoureux de l'Italie depuis ses études de médecine à Pise, il recherche l'amitié des italiens.
C'est en observant des fourmis que l'auteur écrit le poème « cortège brun » qui évoque la difficulté d'écrire pour témoigner. Un second poème clôt ce livre, il s'agit de « Chants des morts en vain » et la boucle est bouclée avec ces mots qui résonnent lugubrement en ces temps de tragédie :
« Nous sommes invulnérables parce que déjà tués.
Nous nous rions de vos missiles.
Asseyez-vous et négociez
Jusqu'à ce que votre langue se dessèche :
Si jamais perduraient la ruine et la honte
Vous seriez tous noyés dans votre pourriture. »
Bien qu'elles évoquent, de près ou de loin, l'univers des camps où ce qui a suivi, ces dix nouvelles sont parfois très différentes les unes des autres. Alors que je suis entrée facilement dans certaines d'entre elles, j'ai eu plus de mal à en décrypter d'autres. Heureusement, la préface de René de Ceccatty et la postface de Fabio Levi et Domenico Scarpa nous donnent les clés pour mieux en comprendre la genèse et le contexte.
Des histoires fortes qui sont autant de témoignages sur la tragédie des camps et la vie d'après.
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