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Critique de CasusBelli


Une lecture que j'estime utile et indispensable, et pourtant le sujet est tout sauf joyeux puisqu'il nous parle de la souffrance et de la négation de l'être humain par d'autres êtres humains.
Primo Levi trouve les mots justes pour nous parler de son histoire, le ton employé est pénétrant, il ne cherche pas à nous horrifier ou nous apitoyer, il évoque sa vie au lager de façon chronologique et ce faisant il imprime en nous une compréhension lente et précise de ce qu'est une déshumanisation orchestrée.
La grande efficacité du récit tient pour beaucoup dans sa progression subtile, dans la succession des événements qui sont autant de prises de conscience successives, un cauchemar éveillé dans un enfer sur terre, c'est le récit d'une lutte pour la survie qui ne pourra se faire qu'au détriment des plus faibles et au prix de sa propre humanité.
Le ton employé m'a interrogé, pudique et fataliste, triste aussi mais jamais haineux et rarement révolté. Se dire que tout nouvel arrivant, ignorant les us et coutumes du lager, est une source de profit potentiel qu'il ne faut surtout pas aider ou instruire afin de mieux lui voler le peu qu'il possède, quitte à le condamner, illustre bien la transformation qu'il faut accepter de soi pour survivre, juste survivre...
Cette classification entre détenus politiques, détenus de droit commun ou juifs, entre polonais, grecs ou italiens, entre anciens et nouveaux qui déterminera en grande partie les chances de vivre plus longtemps.
Les mots pour décrire le froid, la faim, la fatigue et le manque de sommeil ainsi que l'affaiblissement inéluctable qui en découle sont d'une force d'évocation incroyable.
Ce qui est le plus effroyable cependant est bien la perte d'humanité, pas d'amis, juste des rivaux dans la lutte pour la survie, pas de solidarité, même entre coreligionnaires c'est chacun pour soi et tant pis pour les plus faibles à qui on ne tendra la main en aucun cas.
Je crois que ce qui m'aura le plus impressionné dans ce témoignage est la lucidité de Primo Levi à évaluer en permanence son propre degré d'humanité, à admettre sa défaite à survivre au prix de la perte d'une partie de celle-ci.
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