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Critique de Luniver


Si les romans sur les camps de concentration sont nombreux, les autobiographies parmi eux sont rares, et paradoxalement, souvent les moins biens vendus. le récit de Primo Levi a toutefois échappé à la règle, bien que tardivement.

Sa manière d'aborder les camps ne peut que surprendre : avec un ton détaché, il raconte ce qu'il a vécu, à la manière d'un sociologue. La première phrase du livre « j'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944 » interpelle déjà : on a bien du mal à voir de la chance pour tout ce qui peut concerner les camps.

Comment survivre au camp ? Il faut d'abord réussir à préserver une parcelle de son humanité, mise en pièce par les règlements absurdes, les traitements réservés d'habitude au bétail, les milles et une petites cruautés (« Le travail rend libre » affiché à la porte du camp, le départ pour la journée de travail accompagné par la fanfare, les rations de soupe supplémentaires données à ceux qui vont être gazés dans les prochains jours). Il est aussi nécessaire de se débarrasser de ses bonnes vieilles idées, qui veulent que si on obéit aux ordres et qu'on fait le travail demandé, on sera forcément récompensé. Au contraire, seuls ceux qui se lancent dans des petites combines : vol de matériel, échanges avec les civils à l'extérieur, parviennent à gagner le tiers de ration de pain qui leur permet de tenir encore un petit peu. La solidarité n'est pas de mise, pour survivre, il ne faut compter que sur soi.

Dans l'appendice, Primo Levi répond aux questions qui lui sont fréquemment posées, et qui me sont d'ailleurs venues à l'esprit aussi pendant ma lecture. L'appendice permet aussi de connaître un peu mieux les sentiments de l'auteur : le manque d'émotion dans le texte (et particulièrement le manque de ressentiment envers ses bourreaux) m'avait interpellé.

Primo Levi est l'un des rares auteurs que j'aurais bien voulu rencontrer. le nombre de victimes écrasant ne nous permet pas d'appréhender facilement la vie d'un seul individu dans ces camps de la mort. Grâce à son précieux témoignage, on partage leur vie, l'espace d'un instant.
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