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Critique de migdal


Pénalisé par sa jaquette à l'apparence de pierre tombale et une quatrième de couverture illisible le dernier ouvrage de BHL n'arrive pas à trouver son lectorat et c'est regrettable car la série de reportages réalisés sur huit théâtres de conflits ignorés des médias révèle de belles figures de témoins, de héros et de martyrs.
Suivons l'auteur « Sur la route des hommes sans nom » et observons ce qu'il a vu :
• Au Nigéria, et dans les pays limitrophes, Boko Haram éradique les chrétiens et les mécréants, réduit en esclavage femmes et enfants, et bâtit l'état islamique.
• Au Kurdistan, hier contre Daesh, aujourd'hui contre la Turquie d'Erdogan, un peuple d'Antigones, lutte pour son indépendance, pour sa culture laïque et sa liberté.
• En Ukraine, à Marioupol, et sur un front de 500 kilomètres, se joue l'avenir de l'Europe, dans l'indifférence la plus totale des occidentaux.
• En Somalie, à Mogadiscio, l'ordre chebab étend son ombre dans le prolongement de vingt années de guerre.
• Au Bengladesh, les Rohingyas et les bengalis sont menacés par le réchauffement climatique, les pollutions et l'islamisme.
• A Lesbos, capitale européenne de la douleur, et dans les iles grecques voisines, échouent une partie de la misère du monde et des persécutés orientaux.
• En Lybie, le futur de la Méditerranée et de l'Europe se joue dans un conflit qui s'internationalise avec l'entrée de la Russie et de la Turquie sur une scène désertée par les occidentaux et où des charniers sont découverts chaque jour.
• En Afghanistan, BHL rencontre le dernier chef de la famille Massoud et conclut « Se pourrait-il que, dans ce dernier affrontement où se joue notre destin, il y ait là un protagoniste, au moins un, pour dire non à l'obscurantisme, à la loi des massacres et à l'esprit de démission ? Je l'espère. »

Bernard-Henri Levy introduit ses reportages (commandés par Paris Match et des grands titres internationaux) en rappelant les convictions qui l'animent depuis son enfance sous l'ombre tutélaire d'un père admirable et ses études à l'Ecole Normale Supérieure et qui le distinguent d'un journaliste. « Je ne suis pas journaliste puisque … je ne pars jamais en reportage sans avoir la ferme intention d'intervenir dans ce que je verrai et de toucher à ce que je montrerai. »

Cette volonté d'ingérence découle de sa foi « je suis assez juif pour savoir que, même si le coeur des rois est entre les mains de Dieu, l'homme est dit associé dans l'oeuvre de la Création et que cette dimension de participation fait qu'un Juif ne se sent jamais délesté du monde, mais au contraire, investi de lui. »

Quelque soit l'opinion que l'on puisse avoir de l'auteur (qui a un talent certain pour exaspérer les lecteurs du Point et les auditeurs de débats télévisés par une supériorité méprisante), les huit reportages qu'il réalise sont à lire car ces barils de poudre sont autant de menaces pour l'avenir de notre civilisation.

Lord Byron intervenant à Missolonghi au XIX siècle, ou Malraux combattant en Espagne au XX siècle, ont aussi provoqué à leur époque "La Grande Peur des bien-pensants" et joué leur rôle de lanceurs d'alertes.
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