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Critique de LeDivanLitteraire


C'est l'histoire d'un flic new-yorkais assezclassique, blasé de tout qui claque son fric aux courses pour se distraire et baise de jeunes putes hispaniques pour se détendre.
Imaginez également un ancien pilote devenu un mythomane hypocondriaque qui ne se plaît qu'à absorber du Demerol grâce à de fausses ordonnances et dont le seul vrai plaisir n'est que de réussir à se faire interner dans un hôpital pour se faire bichonner par le personnel médical.
Et imaginez finalement un quidam, quelqu'un comme vous et moi - plutôt quand même comme moi - qui, depuis cinq ans déjà, attend la nuit du solstice d'été pour aller sur le toit d'un immeuble de New-York regarder la foule à ses pieds et qui balance des parpaings de 20 kilos sur ces minuscules fourmis pour en tuer quelques-unes.
Si vous pouvez imaginer cela, vous êtes dans l'univers du grand Herbert Lieberman.
Mooney, parfait prototype de gros flic, dur et débonnaire, absolument rebelle à la hiérarchie, mène l'enquête, dans une ville à l'aspect de bocal putride, parmi les obsédés de la pire espèce, les déchets les plus asociaux qui hantent les bas-fonds de la mégalopole.
Très vite, l'enquête va se fondre dans cette atmosphère lourde, insidieuse, rapidement terrifiante, à l'égal de l'extra-ordinaire Nécropolis qui avait fait la gloire d'Herbert Lieberman . On fera connaissance avec deux des plus étonnants personnages que le roman policier américain ait inventés : Watford, l'éternel assisté, vaincu par l'abjection urbaine, qui s'injecte des saloperies, des excréments, toutes sortes de rebuts, sous sa propre peau, perdu dans une manière d'extase rédemptrice ; et le richissime Peter Quintius, fleur du gratin, comme l'autre est une fleur de la fange. Quintius élève des cactus dans une serre, des nightbloomers, ainsi appelés parce qu'ils fleurissent la nuit : le maléfice répondant ainsi, page après page, à l'immondice et à l'horreur, comme autant de variations nocturnes et ténébreuses, jusqu'à la nausée.
Rarement suspense aura été plus violent et plus maîtrisé, les personnages plus fascinants, la vision d'un auteur de romans noirs plus précise, à l'instar des maîtres de l'après-guerre, de Goodis à McBain, mais sans doute dans une dimension plus foisonnante, qui permet une plongée mémorable dans un univers en proie aux démons, au sang et à l'ignominie.
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