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Critique de KrisPy


Macadam luisant, poisseux de désespoir, les douleurs lancinantes d'une sciatique, la pluie froide d'avril, les petits matins blêmes, les nuits glauques et ... des cadavres sans-tête.
Bienvenue à Nécropolis, la grande morgue de New-York, sise sur les bords d'un grand fleuve, l'East River, comme toute bonne antichambre de la mort qui se respecte.
Paul Konig, grand manitou de cette succursale de l'enfer au sommet de sa carrière, se bat contre ses propres démons entre deux autopsies bien corsées ; sa fille chérie a disparu, pour le fuir.
Pour nous, simples lecteurs du commun des mortels, entrer dans ce temple de la Mort aux côtés de Konig, maitre ès anatomie, c'est comme être aux premières loges d'un amphithéâtre de dissection, l'odeur en moins. Faut avoir les tripes bien accrochées, ou être familier de la chose pour pouvoir profiter du spectacle...
Nécropolis, où une lente plongée en enfer.
Plusieurs enquêtes se côtoient, toutes plus glauques les unes que les autres - des cadavres sans têtes, des vols de cadavres à la morgue, un suicide ambigüe en prison, la fille de Konig, disparue - et en sus, Konig va devoir gérer un scandale au sein de son équipe, un scandale qui va faire grand bruit auprès de la Mairie, dont la crédibilité déjà mise à mal par la violence urbaine grandissante, ne laissera pas passer cette sombre histoire de cadavres volés et de complaisance policière, surtout pas quand les élections approchent...
Nécropolis, comme dans un cauchemar où l'on se débat, comme un horrible accident que l'on se force à regarder, Nécropolis, une lecture "sang pour sang" noire, Herbert Lieberman a mis en place une implacable mécanique d'orfèvre bien huilée, destinée à nous embarquer inéluctablement dans cette noirceur, avec notre permission, mais contre notre volonté...
Je n'émettrais que quelques bémols devant cette oeuvre, témoignage d'un New-York sans doute pas si éloigné que ça de celui de maintenant : quelques redondances dans l'histoire (les trop nombreux passages sur la solitude désespérée de Konig), et quelques tournures stylistiques un peu trop récurrentes (le fameux décroché de téléphone à suspens : "Un silence, embarrassé et sinistre ; chacun des deux hommes guette la respiration de l'autre." Lieberman semble bien aimer la respiration au bout du fil... il en use et abuse.)
Mais Nécropolis reste un roman noir culte, que tout amateur du genre se doit d'avoir lu.

Challenge pavés 2015-16
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