Voilà, Flore, ce qui se passe lorsqu'on ne s'attaque pas immédiatement aux racines du mal. C'est ce qui arrive si on laisse les choses s'encrasser... On devient spectateur de son déclin, de sa propre mort.
Rémi l’imaginait mal en tailleur jupe, en train de décrasser des casseroles. Elle devait plutôt surfer sur le net et les réseaux sociaux, l’occupation favorite des femmes. Elle ne lui proposa ni bière, ni café, ni même un verre d’eau. Si elle voulait s’intégrer dans la région, il faudrait qu’elle comprenne vite que cela faisait partie des usages incontournables que d’offrir à boire à un visiteur. (Gwenola Kerjean)
Peut-être que tout être humain, pour être tout à fait équilibré, devait avoir des goûts populaires dans un domaine particulier. Comme ces grands philosophes qui refaisaient le monde avec leurs Socrate, Platon et compagnie, mais qui ne pouvaient pas rater un match de foot du Mundial.
Un, se lever. Deux, se laver. Trois, vite déjeuner. Quatre, des lèvres s’effleurant à peine pour se dire au revoir. Ils n’en étaient pas encore arrivés au stade « bise sur le front », mais n’en étaient plus très loin. Cinq, chacun dans sa voiture pour une course contre la montre. Six, le soir, rentrer. Sept, converser quelques instants presque par politesse, puis chacun retournait devant un écran, jusqu’au souper. Huit, se coucher, si possible, avant minuit. Parfois faire l’amour, au moins le vendredi ou le samedi. Même le sexe était devenu mécanisé, fonctionnel. Leurs journées étaient décomposées ainsi, en huit partitions monotones. (Rutger et Heike)
- As-tu déjà arrêté un ami, Jean-Marie ?
- Non, mais quand tu deviens policier, c’est difficile l’amitié. Flics, contrôleurs des impôts, psychiatres, on est un peu tous dans le même sac. On évite de vous inviter à votre domicile, par peur qu’on découvre je ne sais quoi…
La neige se faisait donc plus rare et un sentiment d’insécurité s’était installé dans le paysage condruzien, sensation inexistante vingt ans plus tôt. Deux phénomènes que les habitants mettaient sur le compte de la mondialisation, du réchauffement climatique, de l’élargissement de l’Union européenne et pour certains, de la perte de l’hégémonie du parti socialiste en Wallonie et de la fermeture des mines de charbon dans les provinces de Liège et du Hainaut…
« J’espère que les générations futures pourront un jour manger autre chose que des légumes imprégnés de pesticides ou du thon aux métaux lourds. » (Dixit Dimitri)
C’est une illusion de voter. J’y vais parce que c’est obligatoire, mais je place un bulletin blanc dans l’urne. On est gouverné de toute façon par des multinationales, la finance, les lobbys. Regarde ce qu’on subit avec le lait. On ne peut plus en vivre.
Il pensa à ces fermes usines de Hollande et d’Allemagne, robotisées à l’extrême, avec plus de mille têtes de bétail et où les vaches ne voyaient plus la lumière du jour, hiver comme été. Plus besoin de chien comme le sien pour les conduire jusqu’à la prairie.
Miles Davis, vraiment, il a créé une musique pour les flics. Quand j’entends ça, je suis dans la peau d’un détective privé, je rôde dans les rues de New York et je m’arrête dans un bar boire un whisky… (Jean-Marie)