- Je… Il me faut encore du temps. Je t’en prie, ne me presse pas. Sois patient avec moi et je finirai par trouver une solution, je te le promets.
Je me suis reconstruit quatre fois dans ma vie. C’est une sensation particulière. Immanquable.
La sensation très nette d’être démoli puis rebâti pour devenir quelque chose de nouveau, un autre individu. Cela peut être bien ou mauvais, utile ou dangereux, mais surtout, c’est inexorable.
Je me suis reconstruit quand mes parents sont morts ; j’ai quitté une enfance heureuse et dû me frayer un chemin dans un monde très sombre, avec des responsabilités infinies, environné d’ennemis et effroyablement seul.
C’est de nouveau arrivé à cause d’un lâche prédateur. C’est lui qui m’a rendu plus révolté et plus cynique, et cela a indubitablement fait de moi le pervers que je suis aujourd’hui.
La troisième fois, c’est arrivé à toute vitesse. Un beau jour, j’ai croisé le regard bleu pâle de mon âme sœur. Échec et mat.
Je suis passé d’une existence totalement maîtrisée, une vie où je prenais chaque décision avec une froideur calculatrice, à celle d’un homme submergé par des sentiments et des émotions qui lui étaient étrangères, mais merveilleuses.
Et, bien trop vite après cette métamorphose radicale, il y a eu cette quatrième fois, celle où j’ai prié un Dieu auquel je n’ai jamais cru d’épargner l’existence d’une femme sans laquelle je ne pouvais vivre.
Prologue : Ma reconstitution :
Aujourd'hui : James :
" Je me suis reconstruit quatre fois dans ma vie.
C'est une sensation particulière. Immanquable. La sensation très nette d'être démoli puis rebâti pour devenir quelque chose de nouveau, un autre individu.
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Et, bien trop vite après cette métamorphose radicale, il y a eu cette quatrième fois, celle où j'ai prié un Dieu auquel je n'ai jamais cru d'épargner l'existence d'une femme sans laquelle je ne pouvais vivre."
Un frisson de soulagement me parcourt tout entier.
La revoici, mon amour est revenu, telle que je la désirais. Se laissant toucher.
Le voyage de noces est conçu sur-mesure pour correspondre à mon idée du paradis.
Pendant la réception, Bianca prononce le discours du témoin. Il est succinct.
Elle déteste parler en public, mais elle n’hésite pas à le faire pour moi.
A vrai dire, nous parlons à peine, mais quand nous sommes au bord du sommeil, que nous avons épuisé toute notre énergie à force de sangloter, je l’entends chantonner : « Je vais bien, tu vas bien, tout va bien. »
Il s’approche, lève vers moi un regard qui me tue littéralement, et chuchote :
- Tu étais le seul mec que j’aie aimé et qui m’a donné l’impression que je valais quelque chose. Je me suis bien fait avoir, hein ?
Vous croyez en cet amour parfait, vous savez depuis toujours que ce n’est pas pour vous, que c’est fondamentalement impossible parce que la vie vous a façonné ainsi. Et puis, un beau jour, vous ouvrez les yeux et vous l’avez devant vous, cet être si parfaitement modelé pour être l’exacte réponse à vos complexes envies.
La troisième fois, c’est arrivé à toute vitesse. Un beau jour, j’ai croisé le regard bleu pâle de mon âme sœur. Echec et mat.