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Critique de DETHYREPatricia


Dans le tome 1 de cette saga familiale qui en compte trois, nous découvrons Félicia Degnelly, dix-huit ans, fille de bonne famille de la haute bourgeoisie allemande. Une jeune fille dont la famille vit à Berlin mais qui dispose d'une grande et belle propriété familiale à Lulinn (en Prusse-Orientale) dont il sera largement question dans les trois tomes.

L'action débute en 1914, au seuil de la Première Guerre mondiale. Très vite, les temps heureux et insouciants de l'enfance et de l'adolescence de Félicia, entourée de sa famille et de ses amis dont l'énigmatique Maksim qu'elle aime en secret, s'effacent pour laisser place au désarroi et à la peur liés au sentiment d'insécurité, au départ des hommes de la famille sur différents théâtres d'opération, à la nécessité de travailler pour survivre, et à la découverte sensible d'une vie dont, protégée, elle ignorait tout.

Bon an, mal an, elle doit faire face. Alors que Maskim exprime son choix d'aller vers la Russie pour participer à la prochaine révolution d'Octobre, alors que la perspective de l'arrivée des Russes est de plus en plus pressante, elle doit fuir Lulinn et retourner à Berlin. Là, elle fait la rencontre d'un énigmatique dilettante en butte avec son paternel, Alex Lombard qui, très rapidement, lui demande de l'épouser. Par dépit d'être rejetée par Maksim mais aussi sans doute par loyauté de classe, elle l'épouse. Mais, très vite, ce mariage tournera au fiasco.
Son mari étant parti au front, et n'en pouvant plus d'attendre à ne rien faire, Félicia décide de devenir infirmière et de rejoindre son père, médecin, sur le front de l'Est. Elle est accompagnée de Kat sa belle-soeur et de Sara son amie. Ce sera une piètre infirmière, puisqu'elle ne supporte pas la vue du sang, mais elle sera à de très nombreuses reprises la seule belle image que verront les blessés avant de mourir.

Face à la guerre, à la mort, aux deuils successifs, elle fait le choix intempestif de rejoindre une partie de sa famille très aisée en Russie en 1917. Mais c'était sans compter, là encore, sur les aléas d'une Histoire en marche... En effet, très vite, il lui faudra fuir avec sa tante, sa cousine et sa belle-soeur et grâce à la présence d'un Maksim très opportunément retrouvé, tenter de passer entre les mailles du filet tendu par le peuple russe misérable et affamé autour des familles nobles et bourgeoises, symboles de leur oppression.
Une occasion pour nous, lecteurs, de mieux découvrir certains aspects de cette Révolution d'Octobre de l'intérieur, puisque Maskim et un autre personnage féminin Macha en sont des acteurs assidus.

Mais si le destin parvient à réunir deux personnes, il amène aussi à les séparer. Pour sa sauvegarde, Félicia devra quitter Maskim qui retournera à ses combats, et elle, en Allemagne. Là, alors qu'elle est devenue mère, sa destinée de femme entreprenante sera comblée quand elle reprendra, en partie, les rênes de l'entreprise familiale de son beau-père décédé et de son mari dont elle a divorcé, et qui est parti s'expatrier aux Etats-Unis.
Elle se remariera avec Benjamin Lavergne et aura de lui un autre enfant, mais là encore, l'amour ne sera pas au rendez-vous, tant elle est partagée entre sa fidélité à Maksim et à son attachement à son rôle de femme active et de dirigeante d'entreprise.

Ce tome 1 se termine au seuil des années 30, alors que déjà les menaces d'une nouvelle guerre commencent à se faire entendre.

Cet opus permet de découvrir la vie de la bourgeoisie allemande au cours de ces années de guerre et les années folles, d'en savoir plus sur la Révolution d'Octobre, de mesurer l'impact de la crise boursière de 1929 tant aux Etats-Unis qu'en Europe et laisse entrevoir les prémices de ce qu'on appellera l'émancipation de la femme. Toutefois, et il ne faut pas perdre cela de vue : pour Félicia, les choses ont été largement facilitées par son positionnement dans la hiérarchie sociale, par les ressources disponibles via sa famille ou via ses maris. D'emblée, le parti pris de l'auteure est de démontrer que la femme peut être l'égale de l'homme, notamment en mettant l'accent sur les figures matriarcales que sont Laetitia (la grand-mère) et Félicia (sa petite-fille).

J'avais déjà lu le tome 2 de cette saga. Ici comme dans le second, Charlotte Link nous transporte à la fois dans le temps et dans l'espace, avec force descriptions de paysages, de situations, de psychologies. L'écriture est fluide, romanesque ou didactique si nécessaire. Très visuelle aussi (en tant que lecteur, on a vraiment l'impression d'être un acteur à part entière dans les événements qui sont décrits. Un vrai souffle épique traverse tout le roman. Et, lisant beaucoup de livres sur les guerres mondiales, du point de vue Français, il n'est pas inintéressant de comprendre qu'en Allemagne aussi le peuple a souffert (même si bien sûr cela a été atténué chez les tenants de la bourgeoisie qui, eux, disposaient toujours de moyens pour s'en sortir).



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