La stratégie de la sardine

Je crois que dans la vie, tout le bonheur qu'on a vient de celui qu'on donne.
Je pourrais prendre l'image d'une bougie. Une flamme qui ne brille que pour elle, c'est comme un être humain abandonné au doute. Sitôt sue quelqu'un approche, la flamme de la chandelle se transforme. Elle ne se consume pas en vain: elle éclaire. Éclairer les autres, c'est la plus belle chose que l'on puisse tenter de faire, la plus gratifiante aussi. Par ailleurs, je crois beaucoup en l'importance de l'éducation, en la chance donnée à toutes et à tous de s'en sortir, de s'épanouir, de croire en soi. Au sein de mon propre parcours de vie, et malgré toute ma volonté et ma détermination, je n'aurais pas réussi seul tout ce que j'ai entrepris. Rencontrer des personnes qui m'ont donné confiance, à différents moments, a été décisif. L'éducation fait partie de ces clés qui peuvent sauver. A l'adolescence, cela paraît souvent impossible de surmonter les épreuves, de trouver les ressources pour faire face aux doutes, surtout quand on traverse des moments difficiles. Si l'on est bien accompagné, si l'on rencontre les bonnes personnes, celles qui vous donnent confiance, et croient en vous, on peut se relever de bien des choses et des faires de ses fragilités une force. La résilience est parfois une aventure collective.

Je trouve que les jolis mots sont comme les chocolats Les Pyrénéens. Ils fondent doucement sous la langue. Chacun avec un goût unique… Certains sont sucrés comme des bonbons bouteilles de cola, d’autres, poivrés comme la soupe au cresson, acides comme un quartier de pamplemousse, croquants comme des noisettes, rafraîchissants comme des pastèques, délicieusement sucrés comme du sirop d’érable… Chaque vocable est un déluge de saveurs en bouche. La vie est une fête, lorsqu’on est un gourmand du dictionnaire.

Rien ne peut m'arriver derrière un écran, protégé de la vie par une mince pellicule de fabuleux et d'irréel.
(...)
Les écrans m'ouvrent un monde loin d'une réalité insupportable.

J'aneantis mes émotions dans la satisfaction du gras. Solution provisoire, mais solution quand même.
Mon corps ne ment pas, il traduit mes traumatismes et son état exprime mes turbulences intérieures. Évidemment cela n'arrange rien car c'est terriblement dévastateur pour l'estime de soi, et notamment l'estime physique de soi. Mais je n'ai à l'époque aucun autre refuge...
(...)
La boulimie n'arrange évidemment rien au sentiment de rage, mais elle permet d'avaler ses émotions. Une façon de retourner le mal contre soi-même. Toujours la même façon de le renier ou de me faire du mal.

Je ne sais pas encore que ce que je commence à faire, c'est me détruire moi-même, pendant de longues années, jusqu'au bac.
(...)
Ruiner mon potentiel est une stratégie de survie! C'est la première étape d'un gigantesque sabordement.

Toute cette scène a duré à peine cinq secondes. Elle est gravée dans ma mémoire. J'ai mis plusieurs années à comprendre tous les enjeux qui étaient dans ces mots, à mesurer la portée de cette phrase. A la mettre en pratique. Mais je ne l'ai jamais oubliée. C'est la parole la plus intelligente que j'aie entendue dans ma scolarité au collège et je suis éternellement reconnaissant à cette femme discrète avec qui je n'ai jamais échangé autre chose que ces mots.

On pourrait essayer d'oublier. Bien sûr. Mais la façon dont les autres vous font comprendre votre différence, ça vous marque dans le corps. Ça s'inscrit au plus profond de soi. J'ai la mémoire dans mes tripes de la dissemblance qu'on m'a apprise, qu'on a tatouée dans ma chair.

J’en ai marre d’être vu comme un singe savant!

Avec les années, bien au-delà des mots d'amour qui n'ont pas été prononcés ou des silences, j'ai toujours gardé en mémoire de ces frites bien grasses que nous partagions sans dire un mot, pendant qu'à la radio, un chanteur parlait de la foule sentimentale, et qu'un autre voulait qu'on le laisse déjeuner en paix

Peut-être qu'aucun apprentissage ne peut se faire sans lien affectif et réciproque ?