Selma Kloster est peintre et est mariée à Henrik, un galeriste. Ils vivent à Oslo et Selma trouve fréquemment refuge dans son atelier près du musée Munch car leur vie de couple bat de l'aile.
Henrik ne semble pas réellement l'aimer et ils voient depuis deux ans une psychothérapeute et conseillère conjugale.
Quand Henrik est retrouvé mort, assassiné dans leur maison, c'est elle que l'on soupçonne en premier.
Pourtant tous les policiers ne sont pas du même avis, notamment Niels Olsen, le premier homme qui avait compté dans sa vie, quelque douze ans auparavant.
Une enquête sympathique, trop courte malgré tout, car l'enchainement très rapide dans les situations aboutit à un récit assez maladroit et peu réaliste.
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Henrik... mort... Quelque chose en elle se refusait encore à y croire. Il allait pourtant bien falloir qu’elle se rende à l’évidence. Ce qui la terrifiait surtout, c’est qu’elle n’éprouvait pas réellement de chagrin, juste une sorte de stupeur ou d’effarement dont elle ne savait trop que penser. Pas une larme ou presque... Avait-elle un cœur de pierre ? Ou bien Henrik l’avait-il déjà quittée depuis longtemps, d’une certaine manière ?
Elle était, songea Selma, comme le soleil, la lune ou les étoiles des vieilles légendes poétiques norvégiennes, qui ne « connaissaient pas leur demeure, ignoraient leur royaume, n’avaient pas trouvé leur palais »; en outre, l’atelier et sa vue magnifique sur le fjord d’Oslo lui avaient plus d’une fois servi de point de chute, au sens propre, entre deux expéditions au Canada ou en Alaska.
Pourtant, dormir à côté de Selma, là, dans le même lit, c’était si... imprévu ; si intimidant. C’était surtout revivre. Oui, revivre, le mot s’imposait à son esprit telle la clé d’une énigme dont, sans même s’en rendre compte, il avait désespéré de percer le mystère. À quand remontait leur dernière nuit ensemble ? Passé et présent tendaient à se confondre maintenant, et une seule chose lui apparaissait clairement : il avait été en errance toutes ces années. Selma était la femme qu’il n’aurait jamais dû quitter. L’avenir l’avait englouti pour lui voler son présent et le laisser sans passé. Oui, il avait mis sa vie intime entre parenthèses, il s’en rendait compte maintenant.
Elle était si jeune et romantique. Ils étaient si amoureux. « Ils » ? Henrik avait-il jamais été capable d’amour ? C’est la question que lui avait posée Grete Stavanger, la psychothérapeute et conseillère conjugale qu’ils voyaient chaque mercredi depuis deux ans, mais dont Henrik négligeait régulièrement les rendez-vous depuis six mois. « Diriez-vous que le sentiment d’amour vous est familier?» lui avait-elle demandé à la fin d’une séance, ne recueillant pour toute réponse qu’un silence embarrassé qui avait été à lui seul un aveu.
C’était plutôt drôle de penser qu’ils pouvaient avoir choisi de convoler dans le nord de l’Arctique. L’espace d’une seconde, il se représenta de folles étreintes amoureuses en combinaisons polaires, cagoules et moufles en peau de renne. Puis, plongeant son regard dans les yeux rieurs de Selma, il songea avec émotion qu’elle était la seule femme auprès de laquelle, au fond, il eût jamais envisagé pouvoir passer le reste de ses jours.