Kenza n'était pas le genre de fille à tomber amoureuse. Ses émotions, elle les contrôlait, et les hommes, c'est elle qui les menait à la baguette. Il y a longtemps déjà, elle s'était promis qu'aucun homme n'aurait d'emprise sur sa vie. Jamais.
Et pourtant. Le venin que lui avait inoculé Jones commençait à faire son effet et rongeait progressivement ses pensées. Comme si une lame de fond insidieuse lui ôtait tout moyen de réflexion, et lui coupait les jambes, lui arrachant toute chance de s'échapper. Une émotion inconnue.
Chaque être humain est responsable de ses actes.Il choisit de les commettre,ou pas,en toute conscience-et je ne te parle pas ici des cas de folie avérée.
Le système carcéral n'était'-il pas censé contribuer à la réhabilitation des incarcérés?Certains de retrouvaient libres de réintégrer la société-celle-là même qu'il faillait protéger.Mais qui sortait réellement de cette bouche de l'enfer? Des êtres traumatisés,désincarnés qui ont appris à leurs dépens que la violence fait loi.
L'éternel ballet reprit son cours, chacun y tenant son rôle avec application. Les voyeurs et les amateurs de sensations jouèrent des coudes pour faire partie de l'assistance. Coupable ou Innocent? Les paris étaient déjà lancés. Une fois installé, tout ce petit monde n'avait plus qu'à attendre l'entrée de Patrick Jones, puis du jury.
Kenza détestait ce type de comportement. Certains hommes pensaient que les femmes étaient à leur disposition, qu'il suffisait de se servir et d'un regard concupiscent pour qu'elles se trémoussent. Personne n'avait aucun droit sur son corps. Plus maintenant. Jamais. Elle n'hésitait plus à s'habiller comme elle l'entendait. Cela ne faisait pas pour autant d'elle un morceau de viande sur l'étal du boucher du coin
Elle semblait fatiguée mais pas par manque de sommeil. Plutôt par le poids du monde qu'elle portait sur elle. Lasse et désabusée serait plus juste. Cette femme forçait son respect et il consentit à rendre les armes, du moins en apparence. Il baissa les yeux.
La particularité de la procédure pénale tenait à une vertu essentielle: connaître les moindres failles pour pouvoir échapper à la justice, en toutes circonstances, ce qui suppose un apprentissage long et fastidieux. Le droit pénal est binaire. Un fait, une peine. L'apprentissage consistait à démonter le mécanisme reposant sur l'analyse des faits ou leur déguisement. Objectivement, Kenza se posait souvent la question. Y avait-il plus savoureux que de jouer avec la vie d'autrui? Le pantin tenu au bout des fils du marionnettiste se dandinait au gré des humeurs des avocats, du procureur et parfois du bras de la justice. Ces pantins n'étaient que des inconnus, finalement. Quels étaient les risques à se tromper? Pouvait-on vraiment perdre son âme à défendre une ordure?
J-4 et elle serait avocate. Kenza Longford, cheveux blondis et yeux verts, avait toujours voulu faire partie du barreau. Un mètre soixante de détermination et de volonté. Par idéalisme ? Pas le moins du monde. Par souci de vérité ? Encore moins. Elle aimait, depuis toujours, avoir le contrôle sur les hommes. Et sur sa vie.
Objectivement, Kenza se posait souvent la question. Y avait-il plus savoureux que de jouer avec la vie d’autrui ? Le pantin tenu au bout des fils du marionnettiste se dandinait au gré des humeurs des avocats, du procureur et parfois du bras de la justice. Ces pantins n’étaient que des inconnus, finalement. Quels étaient les risques à se tromper ? Pouvait-on perdre son âme à défendre une ordure ?
Mark se leva. Il ne se souvenait plus de l’auteur de la citation qu’il avait adoptée et portait en devise : « Trois filles et la mère sont quatre diables pour le père. »