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Critique de colimasson


« Ce qui est vrai, c'est que l'amour n'a pas été pour moi une distraction ou un plaisir, un passe-temps comme pour quelques-uns. Il a été ma vie même. Si je supprimais de mon souvenir les pensées et les actions qui ont eu la femme pour but, il n'y resterait plus rien, que le vide. »


Peu importe la personne tant que l'état de déliquescence intérieur, qui porte à chercher du combustible ailleurs qu'en soi-même, se prête à l'élection de n'importe qui – cristallisation d'une nécessité intérieure et d'une contingence extérieure.


« Vous voyez, Monsieur, combien cette première rencontre est insignifiante et vague. Ce n'est pas un début de roman : le décor y tient plus de place que l'héroïne, et j'aurais pu n'en pas tenir compte ; mais quoi de plus irrégulier qu'une aventure de la vie réelle ? Cela commence vraiment ainsi. »


L'héroïne en question ne prend sans cesse plus d'importance qu'à la mesure de ce que le narrateur veut bien lui en accorder. Et il y tient, à lui donner de l'importance, puisqu'il n'a rien d'autre pour s'amuser à donner sens à sa vie. Quel est le signe qui se développe progressivement et qui attache inéluctablement le narrateur à cette fillette croisée un jour dans un train ? Il n'en saura jamais rien et nous non plus mais sa vie en sera définitivement gâchée parce que la garce – qui n'avait d'ailleurs rien demandé – n'avait pas vu en lui sa propre nécessité intérieure. Les années passent et l'obsession reste à la mesure de l'insatisfaction. Rien d'autre ne semble désormais avoir d'importance. La vie du mec se résume à ses rencontres fortuites avec la conchita. Chaque rencontre provoque une rechute.


Ce court roman n'a rien de palpitant, comme il en est de chaque histoire d'amour lorsqu'on ne la vit pas de l'intérieur. C'est donc pour cela que des vies peuvent être perdues, en attente de cet élément extérieur qui, croit-on sans s'interroger, pourra l'élancer vers les sommets de la fusion et de l'harmonie.


L'écriture, d'une perfection littéraire propre à son temps, renvoie aux nouvelles fantastiques et romantiques d'un Théophile Gautier, bien que l'élément fantastique n'y soit ici pas présent sinon dans l'irrationalité de cet élément inconscient qui nous envoûte et nous fait courir à notre déperdition dans l'amour.
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