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Critique de Unhomosapiens


«On sait qu'Aphrodite fut d'abord une mince plaquette éditée en 1893 sous le titre de Chrysis. Pendant qu'il ébauchait ainsi son immortel roman, Pierre Louys préparait un recueil de sept nouvelles antiques, puisées à la même source limpide, glorifiant les mêmes voluptés, composées avec le même souci d'art et de perfection. En 1893, il publia Léda à cent-vingt-cinq exemplaires. Puis, avec une égale indifférence pour le public, il fit paraître à tirage limité, pour ses amis, Ariane, La Maison sur le Nil, Byblis. La cinquième de ces précieuses nouvelles, Danaé, ne fut même jamais éditée en librairie et ne parut que dans un numéro du Mercure de France. Dès 1894, Pierre Louÿs annonça les deux derniers inédits (La Sirène, l'Amour et la Mort d'Hermaphrodite) qui allaient clore cet éblouissant cortège de beautés nues ; ils ne furent jamais composés.
Le titre général devait en être tout d'abord l'Heptaméron d'Amarillys. L'auteur préféra un moment Les Sept Douleurs. Enfin, il s'arrêta à celui que nous avons pris aujourd'hui et qui résume avec tant de bonheur toute la grâce et la troublante mélancolie de ses héroïnes.
Pour la première fois, le Crépuscule des Nymphes présente au public, en édition collective, l'oeuvre la plus caractéristique d'un écrivain qui a toujours négligé la gloire et que la gloire ne cesse de poursuivre.»

C'est ce qu'on peut lire en présentation des éditions Montaigne en 1925, relayé par Agnès Vinas sur le site internet « Méditérannées » et dont j'ai copié la couverture.

C'est effectivement dans la droite lignée de Aphrodite ou Bilitis. On y retrouve tout ce qui fait le style de Pierre Louÿs. Sa ré-interprétation de l'antiquité grecque émaillée d'érotisme voluptueux continue de me ravir. Plus largement, il s'inscrit parfaitement dans l'esprit culturel « fin-de-siècle », à la suite de plusieurs écrivains, peintres, sculpteurs… Les connaissances qui suivent les découvertes archéologiques de cette époque permettent aux écrivains d'articuler des récits où se mêlent un regard sur les sociétés et mythologies antiques avec un érotisme de plus en plus débridé, que le public affectionne. On assiste au même courant dans les arts plastiques où, par exemple, les peintres orientalistes excellent. Les nus de Chasseriau ou de Delacroix s'inscrivent dans cette mouvance. Rodin n'est pas en reste.
De nos jours, encore, des esprits chagrins sont prompts à s'indigner de ces récits érotiques ou parfois pornographiques. C'est se priver d'un grand plaisir littéraire. A notre époque faussement puritaine, où l'on rend les clients des prostituées pénalement responsables mais où l'on ne compte plus les sites pornographiques, où une sexualité non conventionnelle est encore considérée comme déviante, il serait salutaire de faire le point sur la notion de morale. Dans un autre domaine, on accepte facilement que notre capitalisme exacerbé, octroie des dividendes indécents aux actionnaires de certaines entreprises, alors qu'on laisse plusieurs millions de français vivre sous le seuil de pauvreté. Vraiment, interrogeons-nous sur ce qui fonde notre morale !
Les sociétés antiques ne se posaient pas cette question. La liberté de moeurs y était acceptée voire encouragée. Je vous encourage à lire ou relire des auteurs comme Pierre Louÿs. Vous verrez, c'est très salutaire. Pour ceux qui aiment ce style, bien sûr.
J'oubliais de signaler que c'est sur la version Wikisource que j'ai lu ce texte. Dans cette version, en deuxième partie du "Crépuscule des nymphes", quelques courts récits regroupés sous le titre "Lectures antiques", reprennent plusieurs écrits pas toujours très connus. L'objectif de l'auteur était de faire connaitre ces textes et ces auteurs au grand public de l'époque. On retrouvera donc de courts récits oubliés de Procope, Nossis, Aristophane ou encore Pindare.
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