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EAN : 9782915228663
70 pages
Editinter (11/01/2005)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Lêda ou la louange des bienheureuses ténèbres (1894) : "ON n'y voyait presque plus. Une invisible Artémis chassait sous le croissant penché, derrière les branches noires qui pullulaient d'étoiles. Les quatre Corinthiennes restaient couchées dans l'herbe près des trois jeunes hommes ; et l'on ne savait plus très bien si la dernière oserait parler après les autres tant l'heure était au silence..."

Ariane ou Le chemin de la paix éternelle (1894) : "OR, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
«On sait qu'Aphrodite fut d'abord une mince plaquette éditée en 1893 sous le titre de Chrysis. Pendant qu'il ébauchait ainsi son immortel roman, Pierre Louys préparait un recueil de sept nouvelles antiques, puisées à la même source limpide, glorifiant les mêmes voluptés, composées avec le même souci d'art et de perfection. En 1893, il publia Léda à cent-vingt-cinq exemplaires. Puis, avec une égale indifférence pour le public, il fit paraître à tirage limité, pour ses amis, Ariane, La Maison sur le Nil, Byblis. La cinquième de ces précieuses nouvelles, Danaé, ne fut même jamais éditée en librairie et ne parut que dans un numéro du Mercure de France. Dès 1894, Pierre Louÿs annonça les deux derniers inédits (La Sirène, l'Amour et la Mort d'Hermaphrodite) qui allaient clore cet éblouissant cortège de beautés nues ; ils ne furent jamais composés.
Le titre général devait en être tout d'abord l'Heptaméron d'Amarillys. L'auteur préféra un moment Les Sept Douleurs. Enfin, il s'arrêta à celui que nous avons pris aujourd'hui et qui résume avec tant de bonheur toute la grâce et la troublante mélancolie de ses héroïnes.
Pour la première fois, le Crépuscule des Nymphes présente au public, en édition collective, l'oeuvre la plus caractéristique d'un écrivain qui a toujours négligé la gloire et que la gloire ne cesse de poursuivre.»

C'est ce qu'on peut lire en présentation des éditions Montaigne en 1925, relayé par Agnès Vinas sur le site internet « Méditérannées » et dont j'ai copié la couverture.

C'est effectivement dans la droite lignée de Aphrodite ou Bilitis. On y retrouve tout ce qui fait le style de Pierre Louÿs. Sa ré-interprétation de l'antiquité grecque émaillée d'érotisme voluptueux continue de me ravir. Plus largement, il s'inscrit parfaitement dans l'esprit culturel « fin-de-siècle », à la suite de plusieurs écrivains, peintres, sculpteurs… Les connaissances qui suivent les découvertes archéologiques de cette époque permettent aux écrivains d'articuler des récits où se mêlent un regard sur les sociétés et mythologies antiques avec un érotisme de plus en plus débridé, que le public affectionne. On assiste au même courant dans les arts plastiques où, par exemple, les peintres orientalistes excellent. Les nus de Chasseriau ou de Delacroix s'inscrivent dans cette mouvance. Rodin n'est pas en reste.
De nos jours, encore, des esprits chagrins sont prompts à s'indigner de ces récits érotiques ou parfois pornographiques. C'est se priver d'un grand plaisir littéraire. A notre époque faussement puritaine, où l'on rend les clients des prostituées pénalement responsables mais où l'on ne compte plus les sites pornographiques, où une sexualité non conventionnelle est encore considérée comme déviante, il serait salutaire de faire le point sur la notion de morale. Dans un autre domaine, on accepte facilement que notre capitalisme exacerbé, octroie des dividendes indécents aux actionnaires de certaines entreprises, alors qu'on laisse plusieurs millions de français vivre sous le seuil de pauvreté. Vraiment, interrogeons-nous sur ce qui fonde notre morale !
Les sociétés antiques ne se posaient pas cette question. La liberté de moeurs y était acceptée voire encouragée. Je vous encourage à lire ou relire des auteurs comme Pierre Louÿs. Vous verrez, c'est très salutaire. Pour ceux qui aiment ce style, bien sûr.
J'oubliais de signaler que c'est sur la version Wikisource que j'ai lu ce texte. Dans cette version, en deuxième partie du "Crépuscule des nymphes", quelques courts récits regroupés sous le titre "Lectures antiques", reprennent plusieurs écrits pas toujours très connus. L'objectif de l'auteur était de faire connaitre ces textes et ces auteurs au grand public de l'époque. On retrouvera donc de courts récits oubliés de Procope, Nossis, Aristophane ou encore Pindare.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La sirène :
À travers les branches horizontales ornées de grandes feuilles vertes que le vent ne remuait pas, les sept personnages regardaient la mer.
Et comme les montagnes de Corinthe sont fort élevées au-dessus des eaux, l’horizon marin semblait tendre derrière les arbres une draperie bleue et brillante où les îles jaunes comme des fruits au soleil s’accrochaient splendides aux rameaux.
« Que la mer est belle ! s’écria Philina.
— Ah ! voyez là-bas, dit Amaryllis. Certes oui, voici passer Amphitrite et le cortège des dieux dans l’écume.
— Où donc ? » demanda Rhéa
Et Amaryllis sourit.
« Mélandryon, reprit-elle, dites-nous une histoire de la mer, et comment Poseïdôn mit à mort Ephialtès, ou la métamorphose de Glaukos en triton. »
Mélandryon tourna les yeux vers elle, et la regardant singulièrement :
« Je te parlerai de la Sirène.
Rhéa toujours inquiète : « Quelle sirène ? dit-elle.
« Il n’y a jamais eu qu’une Sirène, comme il n’y a jamais eu qu’une femme, répondit le Corinthien ; et il est à penser que ce fut le même être. Vous êtes les reflets légers de cette immobile apparence, de même que les images de la lune sont innombrables sur la mer, alors qu’elle est seule dans la nuit ; ou de même que toutes les étoiles sont des miroirs de la lumière, toujours éclairées du soleil, quand il est descendu de l’autre côté du monde.
« Ainsi fut la Sirène : semblable à vous, femmes, mais combien plus simple. Et quand j’aurai dit cette histoire, je ne sais pas si je parlerai encore, à moins que je ne trouve un plaisir à redire autrement ce que je vais vous conter. »,
Alors Mélandryon, s’étant recueilli, commença ; et sa voix n’était plus la même.
Dans les profondeurs de la mer où la nuit perpétuellement noire s’augmente de toute la pesanteur de l’eau, c’était là que pour dormir séjournait la grande Sirène.
De mystérieuses mousses et d’invisibles fleurs s’offraient au repos de son corps. À tâtons près de son visage, elle les sentait douces, mais elle ne les voyait pas, tant l’ombre était impénétrable. Une fois elle avait cueilli les plus grandes, de vastes corolles élargies qu’elle imaginait merveilleuses ; mais à mesure qu’elle remonta vers la claire surface de l’eau, le bouquet sembla se mêler dans sa main et elle ne mit au jour qu’une gelée tremblante, incolore et sans forme.
Souvent ainsi elle nageait à travers les forêts sous-marines, vers la grandissante lumière et elle s’attardait à des amusements. Son long corps souple et rapide, bête onduleuse, apparaissait ; et déjà dans le lointain des eaux, d’un coup de queue elle avait fui.
Sur les prodigieuses végétations hantées…
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Procope
La jeunesse et le mariage de Théodora

Elle ne savait jouer ni de la flûte ni du psaltérion et jamais elle ne s’était sérieusement exercée à la danse. Elle se contentait de livrer sa jeunesse aux premiers venus et travaillait de toutes les parties de son corps. Ainsi elle se donna à tous les mimes du théâtre et partagea leur genre de vie, aidant à leurs farces et à leurs bouffonneries, car elle était spirituelle et futée d’une façon très originale et on la remarquait tout de suite quand elle arrivait en scène.
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Byblis ou l'enchantement des larmes.

- Reste avec nous, jeune fille, reste. Pourquoi songes-tu encore à celui qui n'est plus là ? Nous avons en trésor pour toi, l'infini des joies présentes. Il n'y a pas de bonheur futur qui vaille la peine d'être poursuivi.
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Vidéo de Pierre Louÿs
Pierre LOUŸS – Le prince irrésolu : Relecture de l'œuvre poétique (France Culture, 1978) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 3 février 1978 sur France Culture. Présence : Robert Fleury, Paul Dumont, Alain Kahn Sriber et Jean Louis Meunier.
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