AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gerardmuller


Trois filles de leur mère / Pierre Louÿs
le jeune narrateur de cette chaude histoire, « vraie » ( !) selon l'auteur, retient captive une des filles de sa belle voisine de palier, qu'il a rencontrée devant sa porte. La petite a l'âge des rêves d'adolescentes. Elle s'appelle Mauricette. Elle porte des cheveux très noirs noués en catogan, une chemisette agitée, une jupe de son âge et une ceinture de cuir. Elle est svelte et brune, frémissante comme un cabri, les sens précoces, la chair prompte et l'instinct du vice, en un mot désirable. Pour tout faire mais, elle le veut absolument, en conservant sa virginité.
le jeune homme de vingt ans se confie : « Provocante et gaie comme une enfant, d'emblée elle toucha, elle empoigna l'étoffe de mon pantalon avec ce qu'elle sut y trouver, avant de fuir au fond de sa chambre où elle retira sa robe, ses bas, ses bottines… »
Mauricette également se confie : « Jusqu'à treize ans je suis restée en pension avec des jeunes filles du monde… » Visiblement, ces dernières ont abusé de sa candeur et lui ont fait boire de force le poison du vice, jusqu'à ce qu'une grande aux moeurs sardanapalesques lui enseigne en dix leçons le saphisme, matière dans laquelle elle s'avéra être bien meilleure qu'en histoire sainte et en géographie. Quant aux langues vivantes, c'est une autre histoire…
La mère, une splendide pierreuse italienne de 36 ans, à quelques temps de là, s'enquiert de sa fille et entre chez le jeune homme. Très belle, elle s'appelle Teresa. La conversation vogue sur les occupations des deux autres filles de Teresa, Lili qui n'a que dix ans est déjà experte, et Charlotte l'aînée est la plus jolie des trois. Tout cela promet !
Teresa souhaitant hâter le dénouement ne perd pas un instant pour offrir son caprice avec une habileté d'organe et de posture qui tient de la jonglerie.
Lui succède dans la chambre du jeune homme la petite Lili, des bras et des jambes comme des échalas, un petit corps fluet, un menu bien compris qui réunit les mets les plus verts et les plus dissemblables. le service de Lili après celui de Teresa vaut une trouvaille de chef par son originalité.
Charlotte est la plus belle des filles de Teresa, la plus docile et enfantine, la plus ardente, la plus loquace, parlant sans cesse avec une molle tendresse obscène. Cherchant toujours le regard du jeune homme durant leurs ébats, ses yeux félins étirés semblent lui accorder d'avance le pardon des pires tyrannies qu'il pourrait lui infliger. Et elle en redemande toujours plus… Et puis chemin faisant Charlotte choisit de conter sa vie : alors elle devient gaie et change de visage comme si le jeune homme était son ami le plus intime et avec franchise et abandon elle se confie. Et son inénarrable parcours fut des plus chaotique ! À la fin, elle est prête à satisfaire tous les caprices du jeune homme et même le défie de trouver quelque chose qu'elle ne puisse faire avec lui : « Ordonne et j'obéirai ! » déclare-t-elle. Nymphomane et onaniste, Charlotte en odalisque aux aires candides est aussi masochiste. Un programme chargé attend notre jeune homme !
Les excès amoureux donnent plus d'entraînement que de lassitude et sont moins difficiles à recommencer le lendemain que la semaine suivante. Telle est la saine devise du garçon. En pleine forme en ce matin triomphant, il décide d'aller retrouver une amie intime au Quartier Latin pour des ébats d'un genre plus classiques, avant de retrouver dès son retour Teresa à la croupe si fougueuse qu'il craint que ne se rompe un membre plus précieux que n'est la jambe.
Et quand revient la délicieuse Mauricette jolie et timide telle une biche au bois pour quelques découvertes lubriques, ce n'est qu'un préambule à de nouvelles extases expérimentées par Sacher Masoch.
le mouvement final se déroule sous la forme d'un quintette d'un genre très spécial. « Je les embrassai toutes avec divers attouchements que la morale chrétienne réprouve mais que les femmes nues accueillent assez bien… » Ainsi s'exprime le jeune homme qui a fort à faire avant de passer à l'action lorsque les jeunes filles et la mère apparaissent déguisées, Lili en écolière, Charlotte en pierreuse et Mauricette en arlequin.
Faisant souvent référence aux grands auteurs latins de textes érotiques comme Tibulle ou Catulle, Pierre Louÿs cisèle ici dans un style admirable un texte publié seulement en 1926 à titre posthume, dans lequel s'illustrent maints fantasmes notamment incestueux en un délire érotique échevelé qui ravira les amateurs. Pour moi, un texte transgressif un peu daté aux situations par trop redondantes.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}