le portrait de Lucia d'Este, tout à la fois de profil et sur fond de feuillage, fusionne les deux choses sans que l'on sache si Pisanello est l'initiateur de cette synthèse.
Dans l'histoire du portrait de profil autonome, la formule apparaît, en définitive, singulière. Il y a bien avant Pisanello des portraits de profil aux lignes souples et dédiées mais ce sont, comme le portrait de femme franco flamand des années 1410-1415 conservé à Washington ou le portrait de jeune homme de Gentile da Fabriano, ce sont là donc des profils sur fond neutre et sombre, encore tributaire si l'on veut du mythe de Ditutade et de Polemon, c'est à dire des théories picturales de Pline l'ancien, de Quintilien et d'Isidore de Séville qui considèrent le portrait comme le contour d'une ombre portée sur le mur.
Dans cette fresque, Pisanello a également utilisé l'effet du profil candide se découpant sur un fond de verdure, un artifice qui type puissamment le portrait du Louvre et qu'il faut examiner pour conclure.
Quant à l'ancolie, Pisanello en a dessiné des études dans l'un de ses livres de modèles aujourd'hui démembré mais dont quatre feuilles sont parvenues jusqu'à nous.
les œillets et les ancolies s'y mêlent de façon trop remarquable pour ne pas inviter à l'interprétation. l'œillet en fleur est en effet souvent donné dans la peinture ancienne -notamment septentrionale - pour l'un des attributs du portrait de fiançailles ou de mariage.
il faut donc s'y résoudre: de même que le genévrier n'appartient pas en propre à Ginevra d'Este, le droit au blanc, au vert et au rouge n'est pas réservé aux Gonzague. ces couleurs étaient celles de la foi, de l'espérance et de la charité et tout prince chrétien soucieux de son salut pouvait aspirer à les porter.
le fait que Pisanello, contemporain des maitres de la perspective géométrique en Toscane, n'ai pas adopté le un système raisonné de définition de l'espace dans ses compositions a beaucoup contribué à entretenir cette compréhension réductrice de l'artiste. Mais sa perception intuitive des volumes, le rendu empirique qu'il en donne allait en finesse bien au delà de tout système.
ses qualités d'animalier et de portraitiste, son sens extrême de la variété et de la profusion dans ses compositions ont fait apprécié son art des humanistes qui voyaient dans ses œuvres l'occasion de composer des descriptions littéraires riches et pleines de vie.
Dans le domaine de la représentation animalière, ses dessins sont particulièrement novateurs en regard des bestiaires lombards antérieurs. Leur sens du mouvement et de la variation dynamique du motif n'ont pas d'antécédent.
ses médailles fondues et non frappées associent le plus souvent les deux aspects les plus loués de son art, le portrait et la représentation animalière.