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Critique de Christian_Attard


Deux petits conseils :

- Ne pas lire ce livre si l'on est déprimé ou que l'on aime déjà fortement boire !

- Pour les possesseurs de l'édition Folio : lire la préface de Lowry et la postface avant de commencer sa lecture.



Je lis : « alcoolisme », « déchéance et suicide ».
Avez-vous lu ou vu « Les mains d'Orlac » dont il est tant question tout au long de ce roman ?

Orlac, victime d'un accident se voit greffer des mains d'assassins et dès lors, il est victime d'hallucinations alors que son épouse tente de la sauver.

Ce livre est avant tout une grande histoire de culpabilités. De culpabilités qui collent à des mains que l'on tentent de laver.
 Geoffrey qui porte en lui la mort de prisonniers allemands précipités par d'autres dans la chaudière de son navire. Geoffrey qui sait qu'il a aussi précipité sa femme dans d'autres lits que le leur. Hugh qui erre de conflits en conflits, misérable aventurier et qui désire la femme de son propre demi-frère. Yvonne cette femme qui ne sait jamais relevé de la mort de son père, qui l'a retrouvé en Geoffrey et qui ne sait comment oublier son passé et vivre avec cet homme qu'elle aime et admire.
 Toutes ces culpabilités se confrontent et ces mains tentent de laver leurs souillures.


Tout cela au Mexique où vie et mort perdent tout sens.


Mais ce livre, c'est aussi une grande histoire autour de la thématique essentielle de l'action/inertie. Faire ou laisser faire. Live and let die.
Traumatisé par son inertie Geoffrey boit et n'agit plus, Hugh lui intervient sans cesse.
Voilà (à mon sens, et je comprends pourquoi l'on peut tant discuter de ce livre) ce que la lecture "exotérique" du livre m'a donné.



Reste sa lecture "ésotérique". Et là, nous ne sommes pas sortis de la cantina !


Kabbale, alchimie, astrologie… Geoffrey, le consul a étudié toutes ces sciences interdites et sécrètes.
 Il y fait subtilement référence, laissant de petites allusions qu'il faut « décrypter ».
 Max-Pol Fouchet, aussi rédacteur du « Mexique que j'aime », ne s'y est pas trompé dans sa postface. Cependant lorsqu'il relève la phrase du consul :
« Où me découvres-tu entre miséricorde et compréhension, entre Chesed et Binah ../.. » (page 92-93)
Il dit bien qu'il s'agit là de Kabbale mais il faut encore préciser que sur l'arbre des Sephiroths, entre Chesed et Binah ne figure pas la séphira cachée Daath. Daath est la clef de Geoffrey et de ce roman.


Le talent de Lowry nous emporte, nous transporte, nous bringuebale comme dans ce sublime passage du voyage en autocar. Son écriture est une immersion dans ce malêtre visqueux, dans l'alcool, dans la chaleur, la poussière et la mort.
 Le personnage de Geoffrey Firmin, pathétique, incroyablement érudit, est aussi lucide qu'il est lâche, est pitoyable, est inoubliable, immortel. Le Mexique, amoureusement retranscrit.

Certes ce n'est sûrement pas un livre facile mais un ouvrage d'une immense richesse émotionnelle et intellectuelle.
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