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Critique de Litteraflure


Les artistes français ont raison de se plaindre. Dès qu'ils sortent de leur périmètre, on les massacre. Isabelle Carré ne serait que comédienne. Olivia Ruiz ne saurait que chanter. Moi je suis curieuse, et je choisis Alex Lutz pour me faire une opinion. Il me fait rire, et son film « Guy » est une petite merveille.
J'ai lu « le radiateur d'appoint » sans me préoccuper de la personnalité de l'auteur. Je juge ici « le livre ». Alors tuons le suspens, je suis très mitigée.
Le sujet est léger (le monde vu d'un radiateur), la construction du récit hasardeuse (Anouck ne sert à rien) et le style, est souvent très lourd.
Alex Lutz abuse des « il y a », des « c'est », des insultes (souvent gratuites) et des adverbes (inutiles). C'est dommage parce qu'il a un vrai talent (ce n'est pas une surprise) pour brosser le portrait des gens du coin de la rue, jusque dans leurs manies, leur fragilité, leur absurdité - avec malice et tendresse (beaux exemples pages 15, 26, 30,164). J'ai eu parfois l'impression qu'il retenait son humour comme si le roman était une chose trop sérieuse pour l'accueillir. Et pourtant, son humour grinçant est de haute volée (p56, p100), fait d'un décalage entre l'énormité d'une situation et la réflexion anodine qui la conclue.
Lutz excelle dans le tic et le toc, les tracas du quotidien, les mesquineries anonymes, les travers du voisin, la déprime d'un supermarché en bord de rocade… Mais ça ne suffit pas à faire un roman. J'ai eu l'impression d'une succession de petits sketchs mal ficelés entre eux, sans vraie intrigue pour les porter. En rodage sur des dizaines de page, Alex Lutz décolle un peu sur la fin, quand on vire au drame. Normal, Alex est un clown triste, le désarroi se cache derrière ses blagues. Un sujet léger, disais-je ? En (grande) surface, seulement. Un radiateur est défectueux. Son commerce, entre complaisance et négligence, tue la petite vieille, comme un symbole de ce grand capitalisme qui nous étouffe. Un premier essai inabouti donc, mais pas inintéressant.
Bilan : 🌹🔪
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