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Critique de Tricape


Cet essai d'Amin Maalouf, académicien, n'est pas euphorisant. Il s'agit d'une sérieuse réflexion, bien argumentée. L'autorité que lui donnent son parcours et son âge contribue à conforter l'analyse de l'auteur.
le titre pourrait faire croire à un regard porté sur une très large palette de civilisations, de Sumer à nos jours (c'est précisément pour cela qu'il m'a immédiatement attiré). Non. Amin Maalouf examine la période contemporaine, des années soixante à nos jours. Il le fait en tant que Libanais ayant vécu enfant en Égypte, journaliste ayant suivi pendant des décennies les grandes secousses que notre monde a subies et en tant que résident en France depuis une quarantaine d'années,
le point de départ de cet essai est la terrible désillusion de la guerre de 1967 (dite des "Six Jours") qui, un demi-siècle plus tard, continue de maintenir le monde arabo-musulman dans un sentiment profond de frustration sous le joug du syndrome de l'éternel perdant. L'auteur prétend que cette crise au Levant a, par contagion, entraîné toute une série de conséquences pour l'ensemble de la planète, dont les chocs pétroliers et le terrorisme.
Il met en relief la conjonction, non fortuite selon lui, d'évènements à la fin des années soixante-dix (Révolution iranienne, avènement de Deng Xiaoping, de Mme Tatcher, de Reagan, et de Jean-Paul II et invasion de l'Afghanistan), ce qui conduira à l'effondrement de l'URSS, à la victoire du capitalisme (célébrée par Deng Xiaoping, lequel, "arbitre sur le ring, lève le bras du vainqueur !..".).
Amin Maalouf met en relief les occasions ratées, notamment quand la Syrie a dépassé la ligne rouge et que les USA d'Obama n'ont pas bougé. Il fait remarquer qu'un pays qui propulse à l'extérieur ou élimine ses minorités (ou son colonisateur), s'affaiblit et qu'un vainqueur qui ne tend pas la main au vaincu (cas des USA avec Gorbatchev) finit par y perdre lui aussi. Quand, au contraire, Mandela recompose l'État sud-africain en évitant le départ les Blancs, il permet le passage sans violence d'un régime à un autre.
Finalement, avec pas mal d'arguments, Amin Maalouf prétend que l'homogénéité d'un État est une faiblesse, un facteur de division et qu'au contraire, la cohabitation de minorités est source de richesse. Il pense au Liban , bien sûr, mais pas seulement....
Les pessimistes conforteront leur vision du monde futur à cette lecture, mais tous les lecteurs doivent faire la part des choses entre les faits objectifs et leur interprétation.
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