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Citations sur Le naufrage des civilisations (67)

Je n’ai pas connu le Levant de la grande époque, je suis venu trop tard, il ne restait plus du théâtre qu’un décor en lambeaux, il ne restait plus du festin que des miettes. Mais j’ai constamment espéré que la fête pourrait recommencer un jour, je ne voulais pas croire que le destin m’avait fait naître dans une maison déjà promise à la démolition.

Des maisons, les miens en avaient bâti quelques-unes, entre l’Anatolie, le Mont-Liban, les cités côtières et la vallée du Nil, qu’ils allaient toutes abandonner, l’une après l’autre. J’en ai gardé de la nostalgie, forcément, et aussi un brin de résignation stoïque face à la vanité des choses. Ne s’attacher à rien qu’on puisse regretter le jour où il faudra partir !
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Il est clair, en tout cas, que nous sommes entrés dans une zone tumultueuse, imprévisible, hasardeuse, et qui semble destinée à se prolonger. La plupart de nos contemporains ont cessé de croire en un avenir de progrès et de prospérité. Où qu'ils vivent, ils sont désemparés, rageurs, amers, déboussolés. Ils se méfient du monde bouillonnant qui les entoure, et sont tentés de prêter l'oreille à d'étranges fabulateurs.
Tous les dérapages sont désormais possibles, et aucun pays, aucune institution, aucun système de valeurs ni aucune civilisation ne semble capable de traverser ces turbulences en demeurant indemne.
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Je reviendrai plus longuement sur ce rendez-vous manqué, mais je dois en dire un mot dès à présent afin de préciser ma pensée : si les ressortissants des diverses nations et les adeptes des religions monothéistes avaient continué à vivre ensemble dans cette région du monde et réussi à accorder leurs destins, l’humanité entière aurait eu devant elle, pour l’inspirer et éclairer sa route, un modèle éloquent de coexistence harmonieuse et de prospérité. C’est malheureusement l’inverse qui s’est produit, c’est la détestation qui a prévalu, c’est l’incapacité de vivre ensemble qui est devenue la règle.
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L'ideal Levantin, tel que les miens l'ont vécu, et tel que j'ai toujours voulu le vivre, exige de chacun qu'il assume l'ensemble de ses appartenances, et un peu aussi celles des autres. Comme tout idéal, on y aspire sans jamais l'atteindre complètement, mais l'aspiration elle-même est salutaire, elle indique la voie à suivre, la voix de la raison, la voix de l'avenir; j'irai même jusqu'à dire que c'est cette aspiration qui marque, pour une société humaine, le passage de la barbarie à la civilisation.
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Tandis que l'utopie communiste sombre dans les abysses, le triomphe du capitalisme s'accompagne d'un déchainement obscène des inégalités. Ce qui a peut-être, économiquement, sa raison d'être ; mais sur le plan humain, sur le plan éthique, et sans doute aussi sur le plan politique, c'est indéniablement un naufrage.
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Je ne suis pas de ceux qui aiment à croire que "c'était mieux avant". Les découvertes scientifiques me fascinent, la libéralisation des esprits et des corps m'enchante, et je considère comme un privilège de vivre à une époque aussi inventive et aussi débridée que la nôtre. Cependant j'observe, depuis quelques années, des dérives de plus en plus inquiétantes qui menacent d'anéantir tout ce que notre espèce a bâti jusqu'ici, tout ce dont nous sommes légitimement fiers, tout ce que nous avons coutume d'appeler "civilisation".

Ai-je besoin d’ajouter que ce n’est pas en simple spectateur que j’observe sa trajectoire ? Je suis à bord, avec tous mes contemporains. Avec ceux que j’aime le plus, et ceux que j’aime moins. Avec tout ce que j’ai bâti, ou crois avoir bâti. Sans doute m’efforcerai-je, tout au long de ce livre, de garder le ton le plus posé possible. Mais c’est avec frayeur que je vois approcher les montagnes de glace qui se profilent devant nous. Et c’est avec ferveur que je prie le Ciel, à ma manière, pour que nous réussissions à les éviter.
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La marche du temps nous fait toujours pénétrer dans des zones nouvelles, mal explorées, peu balisées, et qui ne ressemblent qu'en apparence à celles qu'ont traversées les générations précédentes.
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On s'attache, inévitablement. Puis, inévitablement, on s'en va. Sans même refermer la porte derrière soi, puisqu'il n'y a plus ni portes ni murs.
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Les lumières du Levant se sont éteintes. Puis les ténèbres se sont propagées à travers la planète.
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Mais c'est là, justement, le désolant paradoxe de ce siècle : pour la première fois dans l'Histoire, nous avons les moyens de débarrasser l'espèce humaine de tous les fléaux qui l'assaillent, pour la conduire sereinement vers une ère de liberté, de progrès sans tâche, de solidarité planétaire et d'opulence partagée ; et nous voilà pourtant lancés, à toute allure, sur la voie opposée.
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