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Critique de Krout


Ooooh, la belle verte !
Et le bouquet final !
Les yeux encore pétillants de ces bulles de champagne du Nouvel An, et la tête qui me tourne légèrement après ce feu d'artifice, je me demande, devant mon écran, ce livre tendrement refermé : comment partager mon éblouissement ?

C'est le cadeau d'une personne rencontrée de longue date et devenue amie. Une personne comme celles qui peuplent le monde est mon langage, sauf qu'elle n'écrit pas. En général, nous parlons peu. Elle me connaît bien, sait mon aversion pour les mondanités, mon dédain pour les conversations qui se veulent brillantes. Elle joue du piano et du violoncelle, alors quand elle me souffle tout bas : "c'est parfois bien de lire quelque chose de différent" en m'offrant ce livre avec doigté le jour de l'an ...

Je lis rarement des autobiographies, je ne suis pas dans la recherche de phrases à placer, de noms à glisser en références. Lorsque je cherche ce livre sur Babelio, je tape de tête le monde est mon manège ;) quant au nom de l'auteur il me faut regarder sur la couverture : Mabanckou. Un casse tête. C'est vrai, je m'intéresse trop peu aux gens. C'est pourquoi ce livre et moi sommes vraiment aux antipodes. Il me faudra sortir de moi-même pour aller à sa rencontre.

Elle ne me l'a pas offert pour me changer ou pour que j'aime ce qu'elle aime. Juste le plaisir de me faire découvrir ce vers quoi il ne manquait que le petit coup de pouce d'une main amie et attentive. Des très nombreux écrivains cités par Alain Mabanckou, pour la plupart exilés, j'en connais moins que les doigts d'une main d'un menuisier.^^ Pour dire combien nous sommes opposés, j'ai eu, moi aussi, l'occasion de devenir un nomade du monde après une expatriation enrichissante de deux ans, j'ai fermé les portes à l'opportunité de la prolonger dans un autre endroit. C'est un choix déchirant entre verticalité et horizontalité. Tous deux autant honorables.

Ainsi alors que tous mes aprioris jouaient largement en sa défaveur et que j'avais déjà pris en note au tout début d'une impulsion "littérature archipelante vs. (in)continentale", voyez l'esprit, j'ai rapidement été emporté et me suis laissé bercer dans cette pirogue, malgré mon effroi premier en voyant défiler, paysages, personnages, situations inconnues. Car voici ce qui m'a ébloui, derrière les mots qui comptent peu, derrière les phrases qu'il faut savoir retourner, au-delà du texte, dans le souffle qui passe à travers les blancs et les interlignes, Alain Mabanckou m'a fait toucher la fraternité. C'est simplement, avec légèreté qu'il présente ses collègues, ses modèles et finalement ses amis. Sans chichis, ni tralalas.

Et donc je me réjouis de vous annoncer qu'en ce très célèbre jour de mon anniversaire, par ce livre, Alain Mabanckou, et tous les auteurs issus du "mouvement de la négritude" viennent rien moins que de positivement changer mon image de la France et de son rayonnement dans le monde par et à travers la littérature francophone. Jusqu'à présent elle se résumait par le "C'est ça la France ! suivi d'un cataclop, cataclop prononcé par de Funes dans Rabbi Jacob." Rien à voir non plus avec cet Etat-nation et ce replis sur soi dont d'aucune fait tant tapage. Une France ouverte, phare pour le monde. Il a tellement besoin que vive ce slogan en trois mots qui pour l'instant prennent l'eau de toutes parts aux frontons de vos mairies et dont les deux premiers n'existent que par la force du troisième.

FRATERNITÉ en filigrane et en lettres de feu voilà ce que j'ai lu, voilà ce m'a chauffé le coeur, voilà ce qui me rend l'espoir en l'intelligence humaine. Voilà l'idée de la France. Voilà l'espérance. Outre les magnifiques extraits et les découvertes littéraires, voilà donc ce qui m'a ému au point que sans raison j'entre en totale résonance car comme dit si bien l'auteur dans son post-scriptum : "le livre le plus réussi est celui qui plonge au coeur même de la fragilité de l'écrivain en tant qu'être humain." p.301
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