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Critique de jovidalens


Un homme se tourne vers son passé : il a été un des quelques roturiers qui a réussi à intégrer l'Ecole d'Artillerie de Metz . sauf qu'à la sortie de sa formation, au lieu de coiffer le tricorne comme ses condisciples de souche noble, c'est le "bonnet d'ours" auquel il a eu droit. Comme il en avait rêvé, il a embarqué sur un beau navire. Son père n'aurait pas apprécié, mais il est mort. Ne pouvant reprendre le commerce de son père, il a fait vendre l'immeuble ; les nouveaux propriétaires l'ont démoli et l'enseigne du commerce "L'ancre de Miséricorde" fut "enfouie avec "les décombres de sa jeunesse"
C'était de janvier à octobre 1777. Il avait seize ans, était bon élève et grâce à la nouvelle réglementation, il pourrait intéger l'Ecole d'Artillerie de Metz qui acceptait maintenant quelques roturiers comme lui parmi ses élèves.
Son père était un shiplander , notable de Brest. Son meilleur ami, de son âge, un excellent peintre qui rêvait d'aller à Paris pour y apprendre la peinture et égaler peut être un certain Boucher. Ils allaient tous les deux au Cabaret boire des bolées de cidre et essayer de séduire la servante. Il collectionnait des statuettes de bois, exactes reproduction des différents régiments qui sillonnaient Brest, oeuvres délicates et précises d'un bagnard en qui il avait confiance. Jusqu'au jour où celui-ci lui demanda de s'informer sur le retour d'un pirate qui avait mis à sac toute la côte.
Et puis un charismatique médecin de navire est venu s'installer à Brest, est devenu un habitué de la table paternelle, lui a enseigné et la philosophie et les mathématiques et a su acquérir son amitié indéfectible. Il avait deux "héros" et son père et cet homme.
Sauf que cet été là, Brest s'est investit à la chasse au pirate, l'a débusqué, condamné et exécuté.
Et cet été là, avec toute la fougue de ses 16ans il a côtoyé la canaille de plus ou moins près, sans bien s'en rendre compte. Il voyait la vie comme Brest, par la fenêtre de sa chambre. Mais, il l'a enjambé cette fenêtre pour se fondre et dans l'ombre des ruelles du bas quartier et dans la lumière de l'échafaud. Cet été là, avec l'aide de son père, il aura appris à regarder la réalité comme un homme et ne plus la rêver comme un enfant. C'était une entrée dans une autre dimension où les possibles de l'adolescence deviennent les confrontations aux réalités d'un monde en transformation.
L'écriture de MacOrlan m'a transportée dans ce Brest de 1777, avec la magnificence des uniformes des régiments, celle des batailles navales quand le brouillard se lève et qu'en plein soleil se révèlent les avaries des belles frégates et que des soldats-marins se débattent dans l'eau glacée et échouent avec un peu de chance sur une plage où ils seront nourris et réchauffés.
C'est une aventure palpitante qui nous est contée mais quand le masque tombe, il ne reste que l'amertume.
Richesse du vocabulaire, composition sans faille et chute qui nous ramène à une problématique de tous les temps : affronter la distorsion entre la vie que l'on se rêve et celle que l'ont vit.
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