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Critique de Beatrice64


Les éditions Gallmeister se sont lancées dans la réédition des romans de Ross Macdonald (impitoyablement massacré par la traduction initiale comme nombre de ses compatriotes). Une nouvelle édition intégrale à ne pas rater pour les amateurs de polar. Moins connu que son contemporain Chandler, Macdonald (que je découvre) est un auteur et un styliste de tout premier plan. En créant le personnage de Lew Archer (incarné à l'écran par Paul Newman, ça me va), il ajoute de la profondeur psychologique au privé « hard-boiled », qui devient plus attentif aux sentiments et motivations des protagonistes.

Crumley et Ellroy seront fortement marqués par son oeuvre (La Trilogie Lloyd Hopkins lui est dédiée), excusez du peu.

« La guerre et l'inflation engendrent toujours leur vaste lot de salauds, et un beau paquet d'entre eux a choisi de vivre en Californie ». C'est donc dans les environs de Los Angeles que se rend Lew Archer dans Cible mouvante (le premier de la série où l'auteur crée le personnage), appelé par une milliardaire paralytique qui lui demande de retrouver son milliardaire de mari.

- Asseyez-vous, monsieur Archer. Vous devez vous demander pourquoi je vous ai fait venir. A moins que non ?
Je pris place sur une chaise longue à côté de son bain de soleil.
– Je m'interroge. Je conjecture, même. Je fais surtout dans le divorce. Je suis un chacal, vous savez.
– Vous vous diffamez, monsieur Archer. Et vous ne parlez pas comme un détective, je me trompe ? Je suis contente que vous ayez mentionné la question du divorce. Je veux qu'il soit d'emblée très clair que ce n'est pas mon objectif. Je veux que mon mariage tienne. J'ai l'intention de survivre à mon mari, voyez vous.Paul_Newman_Harper

L'intrigue, complexe, peuplée de personnages ambigus et secrets, pleine de rebondissements, est menée tambour battant. L'ambiance, noire, décadente et moite, mêle secrets de famille de la haute société milliardaire, où on se fait servir le café par un Philippin aussi stylé que mystérieux, et bars interlopes, où la pianiste cocaïnomane joue un jazz inventif dans une ambiance saturée de fumée de cigarettes, tandis que la femme fatale de l'histoire, enivrée au whisky, titube sur ses talons hauts. L'enquête du privé ressemble à un jeu de piste, les coups pleuvent, et les poursuites en voiture se font à 80 km/h. Bref, on est sur la Côte Ouest des Etats-Unis dans les années 40, on aime ou pas. Ajoutez à cela la vivacité des dialogues, l'humour discret et la beauté du style, alliant concision, vigueur, sens aigu du détail, et lyrisme retenu des descriptions : un régal
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