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Critique de motspourmots


Il y a un peu de Laura Kasischke chez Fiona McFarlane, cette façon de faire monter la sauce et de créer le malaise à partir d'une situation banale. En tout cas, ma curiosité, éveillée par de nombreux articles élogieux sur ce premier roman australien, n'a pas été déçue. Même si les premières pages peuvent surprendre, la progression narrative est efficace et l'auteure installe peu à peu les ingrédients d'un final glaçant.

Lorsque nous faisons la connaissance de Ruth Fields, elle a soixante-quinze ans et vit seule avec ses chats dans une maison un peu isolée sur la côte australienne, depuis la mort soudaine de son mari, peu de temps après qu'il ait pris sa retraite. Ruth passe beaucoup de temps à laisser son esprit vagabonder, de souvenirs d'enfance aux îles Fidji au baiser donné par le beau Richard à l'adolescente qu'elle était, en passant par sa longue vie de couple. C'est un véritable tour de force auquel se livre l'auteure : nous faire pénétrer dans l'esprit de Ruth secoué par les effets du grand âge. Depuis peu, Ruth croit percevoir la présence d'un tigre dans la maison. L'animal s'invite à la nuit tombée et Ruth l'identifie par l'odeur de jungle qui le suit autant que par l'air qu'il déplace. Rêve ? Souvenirs d'enfance ? Ruth serait-elle en train de perdre la tête ? L'arrivée de Frida, une aide-ménagère envoyée par le gouvernement pour l'aider quelques heures par jour ne peut que rassurer les fils de Ruth, soucieux de la savoir isolée alors qu'ils vivent à des milliers de kilomètres. Mais qui est exactement cette Frida, dont l'apparence semble changer chaque jour et qui, peu à peu s'installe dans la maison et prend un ascendant autant sur les choses que sur la vie de Ruth ?S'ensuit alors un véritable huis-clos pendant lequel le lecteur tremble pour Ruth, sent bien que quelque chose ne va pas, que l'attitude de Frida est inquiétante. Mais le lecteur ne peut que tourner les pages, au fil des idées de plus en plus embrumées de Ruth et assister, impuissant, à l'accomplissement final. Il y a aussi du Hitchckock dans tout ça...

Fiona McFarlane trouve surtout le moyen de creuser le sujet de la vulnérabilité à une période de la vie où les mécanismes mystérieux du cerveau peuvent générer des sensations et des perceptions totalement altérées, sans pour autant que l'on puisse dire que le sujet "perd la tête". Elle parvient à montrer comment les informations accumulées tout au long de la vie et pour certaines occultées ou refoulées contribuent au brouillage des idées, laissant ainsi les individus à la merci de n'importe quelle influence.

Efficace et terrifiant dans la perspective du vieillissement qui nous attend tous.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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